Stars du metal des années 1990, les frères Cavalera ont notamment formé l’ossature de Sepultura. Max et Igor, aujourd’hui réunis au sein du groupe « Cavalera », ont décidé de réenregistrer cette année Morbid Visions, le tout premier album de leur groupe d’origine. L’occasion de revenir sur leur parcours éclairant, entre death, thrash, nü-metal et indus.
Sepultura – Arise – 1991
Créé en 1984 au Brésil, Sepultura naît à une époque où tout reste à faire dans le metal. Pratiquant au départ une sorte de fusion entre le courant Black (à l’époque symbolisé par les productions de Venom) et le style Death, alors en plein balbutiement, et caractérisé par des changements de tempo. La jeune formation latino-américaine réussit à se faire un petit nom, en particulier grâce au charisme de son guitariste/chanteur, Max Cavalera, frontman surdoué et frère du batteur, Igor. À la fin des années 1980, Sepultura devient un nom connu des festivals internationaux de metal, puis atteint une popularité paroxystique avec l’inclusion d’éléments thrash dans leur son.
Sur l’album Arise, leur premier enregistré aux États-Unis, la formation se démarque, grâce à des rythmes différents d’Igor, et de nouvelles influences, dont les percussions brésiliennes, qui deviennent rapidement une signature sonore. Sur le single Arise, véritable tube, les quatre Brésiliens imposent un véritable brulot sonore, avec rythmique martiale, paroles morbides et brusques changements d’harmonie et de grooves, autant de symboles de leur ADN.
Sepultura – Refuse/Resist – 1993
Enregistré sous la houlette du producteur et mixeur Andy Wallace (futur architecte sonore de toute la scène nü-metal), Chaos A.D. demeure un grand disque, à la fois avant-gardiste et accessible. Le titre qui ouvre l’album, Refuse/Resist, symbolise bien l’évolution du groupe, avec ses percus venus de la world music, son riff aigu, son accélération finale et son solo. Classique du metal des années 1990, le titre doit aussi beaucoup aux franches attaques de Max Cavalera, alors au sommet de son talent.
Nailbomb – Wasting Away – 1994
Comme une récréation, Max Cavalera rejoint en 1994 le musicien Alex Newport pour un side-project, Nailbomb, sur lequel intervient, naturellement, son frère Igor à la batterie. Légèrement plus indus que Sepultura, le projet aboutit notamment à un album, Point Blank, et à un single, Wasting Away, utilisé dans la bande originale de Prête à tout, et qui voit Igor Cavalera accoucher d’une prestation d’une parfaite brutalité d’un point de vue rythmique.
Sepultura – Roots Bloody Roots – 1996
Sepultura sait parfaitement introduire un disque, et le prouve en 1996 avec Roots Bloody Roots, ouverture ahurissante de l’album Roots. Débuté avec un riff de guitare traversé d’un écho aigu, le titre enchaîne sur un cri primal de Max Cavalera, maître ès chant guttural. Multipliant sur le morceau les breaks, Igor n’est pas en reste sur ce chant du cygne, dernier grand single avant le départ de Max Cavalera, au cours de la tournée qui suit la parution d’un disque devenu culte chez tous les amateurs de metal à consonance latine.
Soulfly – Bleed – 1998
Alors que Sepultura perd en popularité, Max Cavalera dévoile sa nouvelle formation, Soulfy, avec un album du même nom. La scène des musiques extrêmes a alors changé rapidement, et le chanteur brésilien a l’intelligence d’intégrer les sonorités et les personnalités du nü-metal à ce projet. Raison pour laquelle on retrouve quelques grands noms de l’époque sur ce disque, dont les membres de Fear Factory ou encore le chanteur/rappeur Fred Durst, frontman de Limp Bizkit, invité sur le duo Bleed, parfaite fusion des grooves de la nouvelle génération et de la rage propre à Max Cavalera.
Soulfly – Back to the Primitive – 2000
Pour le deuxième album de Soulfly, Primitive, le discours du groupe se fait plus politique, sans perdre en efficacité musicale. Cette intention se mesure avec le single Back to the Primitive, dans lequel la voix de Max Cavalera se fait imprécatrice à l’encontre du système politique, de la colonisation… De quoi faire de cette chanson un tube altermondialiste !
Cavalera Conspiracy – Sanctuary – 2008
Dix ans après son frère Max, Igor Cavalera quitte Sepultura pour se consacrer à de nouveaux projets. L’un en particulier va beaucoup mobiliser le batteur : Cavalera Conspiracy. Rabibochés, les deux frangins décident en effet de profiter d’une pause de Soulfly pour refaire de la musique ensemble. Pour leur premier album, Inflikted, ils vont chercher un guitariste, Marc Rizzo, membre de Soulfly, et le chanteur de Gojira, Joe Duplantier, engagé comme bassiste. Avec le titre Sanctuary, Cavalera Conspiracy renoue avec la rage des débuts de Sepultura, mais avec un son ample et moderne, fruit de l’expérience accumulée par l’ensemble du line-up au sommet de la scène metal international.
Cavalera Conspiracy – Insane – 2017
La belle osmose de Cavalera Conspiracy, projet mené par les frères Cavalera en marge d’autres aventures musicales, se déploie encore une fois avec Insane, en 2017, extrait de leur quatrième album Psychosis. Le single, court et intense, fait montre de la permanence de la fratrie à nourrir les musiques extrêmes de leur empreinte si reconnaissable, entre rythmes étonnants et chant guttural phénoménal.
Absent in Body – Rise From Ruins – 2022
Sommité du metal, Igor Cavalera a lui aussi participé à des projets parallèles ces dernières décennies. Le dernier en date, Absent in Body, se veut un super-groupe de metal industriel, impulsé par Scott Kelly de Neurosis. Accompagné de membres d’Amenra, le batteur brésilien donne une touche groovy à Rise From Ruins, un titre sombre et glacial (extrait de l’album Plague God) qui tranche avec les délires ethno-metal habituel des frères Cavalera.
Cavalera – Morbid Visions – 2023
Comme un retour à leurs racines, Igor et Max Cavalera ont choisi un beau projet revivaliste pour marquer leur presque quarante ans de scènes. Sous le nom de Cavalera, ils viennent de réenregistrer le premier E.P. et le premier album de Sepultura, Bestial Devastation et Morbid Visions, avec un son plus moderne. De quoi redécouvrir dans des arrangements plus amples des titres cultes comme Morbid Visions, choisi comme extrait de cette initiative rétro inédite dans le metal.