Sélection

Christine and the Queens en dix chansons

05 juin 2023
Par Mathieu M.
Christine and the Queens en dix chansons

Arrivé comme un petit miracle de pop française il y a dix ans, le projet Christine and the Queens, porté par l’artiste Héloïse Letissier, s’en revient cette année avec l’album Paranoïa, Angels, True Love. L’occasion de revenir sur dix titres emblématiques de son répertoire, sous son nom ou les alias Redcar et Chris tout court.

Nuit 17 à 52

Il est parfois étonnant de voir comment les premières chansons peuvent porter en elles tout ce qui fera le charme d’une œuvre à venir. Avec Nuit 17 à 52, extrait de l’E.P. du même nom paru en 2013, l’ex-normalienne et étudiante en comédie Héloïse Letissier posait bien des bases de son ambitieux projet conceptuel, Christine and the Queens dont le nom provient de la fréquentation de Drag Queen à Londres. Paroles cryptiques/sibyllines, abstraction, voix retenue secouée de montées dans les aigus, emprunts à la langue anglaise… Ce joli morceau, appartenant encore à la pop traditionnelle, constitue la première carte de visite de l’artiste… et un symbole de l’œuvre à venir.

Christine

Reprenant en Français un titre initialement composé en anglais, et interprété tel quel lorsque l’artiste se produisait à Londres, Christine apparaît en 2014 comme un tube. Pour autant, dans un registre qui mélange Michael Jackson et Mylène Farmer, Christine and the Queens y chante des paroles particulièrement poétiques et hermétiques sur une rythmique rappelant l’ère Billie Jean. Entre mélodie, contrechant, passage « parlé », la chanson intègre de nombreuses tendances de la pop pour mieux créer l’identité à découvrir sur tout l’album Chaleur Humaine, son premier grand succès.

Saint-Claude

Largement influencée par la chanteuse américaine Janelle Monae, Christine and the Queens évolue dans un monde musical où se croise à maintes reprises des idées hip-hop et des chansons pop. Saint-Claude en fait partie. Single de Chaleur humaine, le titre a été écrit à partir d’une anecdote personnelle : voyant des passagers se moquer du tatouage d’un homme dans le bus, Héloïse Letissier est descendu à l’arrêt Saint-Claude sans protester contre ces ricaneurs. De là est né un tube en forme de message universel sur l’altérité et la solitude, preuve de la portée philosophique des écrits de l’artiste.

Tilted

Un an après la version française, Christine retrouvait sa langue d’origine, à l’occasion de la sortie en single de sa déclinaison anglaise, Tilted. Porte d’entrée réussie vers une audience internationale, cette adaptation aura connu un joli destin dans les charts britanniques, et permis au public indé américain de découvrir l’univers d’un artiste européen se tournant plus que jamais outre-Atlantique pour se renouveler.

Here (avec Booba)

En 2016, Christine and the Queens provoquait un beau séisme dans le landerneau médiatique. Catalogué alors « interprète féministe », l’artiste partageait une nouvelle version de son titre Here avec le rappeur Booba. Un choc des contraires, en apparence, qui appelait à voir au-delà des a priori. Pari réussi, puisqu’il s’agit d’une des meilleures collaborations rap/pop des années 2010 en France.

Damn, dis-moi

Cap sur les grands mythes culturels américains pour le deuxième album de Christine and the Queens, alors rebaptisé Chris. L’opus est d’abord défendu par un single en collaboration avec Dam-Funk, producteur et musicien funk californien : Damn, dis-moi nous présente un personnage renouvelé, avec un clip à l’androgynie revendiquée et moult références à des figures pop comme Marlon Brando.

La Vita Nuova (avec Caroline Polachek)

En 2020, avec l’E.P. La Vita Nuova, Chris se transforme à nouveau, avec un personnage queer et latin, défendu par un court-métrage accompagnant les chansons. L’une d’entre elles, voit Christine and the Queens partager le micro avec Caroline Polachek, alors nouvelle venue de la scène hyperpop. Ensemble, elles collaboreront à nouveau : deux ans après un duo Héloïse Letissier/Charli XCX (Gone), cette dernière invitait Caroline Polachek et son amie française à se joindre à elle sur le tube New Shapes.

Indochine – 3SEX (avec Christine & The Queens)

En 2020, à l’occasion de la sortie des plus grands tubes d’Indochine en compilation avec Singles Collection (1981-2001), Nicola Sirkis invite Christine and the Queens à réinterpréter l’hymne non-binaire Troisième Sexe. Rebaptisée 3SEX, cette version apparaît très pertinente avec les prises de position d’Héloïse Letissier, qui se revendique pansexuelle et se genre au masculin depuis 2021.

Rien dire

Avec son avant-dernier concept, « Redcar », Christine & The Queens relie carrière musicale et interprétation dramatique : le disque Les Adorables Étoiles et les clips de la période 2022 voient l’artiste se muer en différents avatars. Musicalement, une chanson comme Rien dires’inspire de manière très à propos des mots et de la diction du regretté Christophe. Preuve de la capacité de l’artiste de se renouveler en réinventant les figures du passé.

Tears Can Be So Soft

Le prochain album de Christine and the Queens, Paranoïa, Angels, True Love, s’annonce comme un grand pas en avant pour l’artiste : c’est le premier de ses opus à être conçu en anglais dès le départ. Sur un titre comme Tears Can Be So Soft, la mue en diva trip-hop mélancolique s’avère parfaitement amenée. Preuve d’un nouvel univers à découvrir auprès de cet interprète caméléon.

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Article rédigé par
Mathieu M.
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