Si au départ le reggae et ses multiples variantes et sous-genres (mento, ska, rocksteady, reggay, dub, ragga…) était une musique réservée aux initiés, il est devenu grâce à qui vous savez (un certain Bob Marley) ce genre populaire que la planète a embrassé sans retenue. Profitons d’une actualité foisonnante et mondialisée pour se plonger dans les meilleures vibrations qui accompagneront votre été.
C’est depuis cette petite île des caraïbes (la Jamaïque) qu’est né l’un des genres musicaux qui aura au fil des ans le mieux traversé les frontières, à l’image du hip-hop aujourd’hui peut-être. Popularisé depuis les années 60/70 par quelques emblématiques chanteurs ayant fait carrière sur tous les continents, nourri par des pop stars de tous bords, prédominant dans la programmation de festivals, le reggae dans la pluralité des styles apparentés est encore en 2023 d’une incroyable vivacité. L’actualité est d’ailleurs là pour l’illustrer.
Honneur aux anciens !
Tiken Jah Fakoly / Braquage De Pouvoir
Un album sorti fin 2022 mais qui ressort ces jours-ci pour cause de succès et de titres bonus qui n’avaient pas été présentés initialement. Si vous ne connaissez pas ce chanteur ivoirien qui, dès le début de sa carrière dans les années 90 a trouvé refuge au Mali voisin pour s’éviter des problèmes avec les politiques de son pays d’origine, ce nouvel opus pourrait faire le job. Vous aurez bien sûr deviné que Mr. Fakoly n’a pas sa langue dans la poche quand il s’agit de dénoncer corruption, inégalités, injustices et autres bassesses des puissants. Une approche rebelle, contestataire et militante que le reggae à toujours porté. Chanté en français, en anglais et en bambara, arrangé avec des instruments typiques de l’Afrique de l’Ouest, Tiken Jah Fakoly est devenu en deux décennies l’une des figures principales du reggae africain, fédérant un public intergénérationnel et éclectique, à l’image de sa musique.
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Inna De Yard / Familly Affair
Joyeuse et heureuse nouvelle de savoir le collectif Inna De Yard toujours d’attaque malgré l’âge avancé de certains de ses membres. Quelques années après un premier opus, c’est Family Affair qui arrive dans les bacs. Un répertoire qui se concentre sur l’âge d’or des années 60/70. Des arrangements “live” puisque le principe de ce projet est de proposer un enregistrement proche de ce qui pourrait être fait spontanément lors d’une jam session à la maison (Inna De Yard en bon patois jamaïcain). Quelques nouvelles voix pour épauler des vétérans jamaïcains qui malgré les années, sont encore bien en forme (Cedric Myton, Johnny Osbourne, Keith & Tex, Winston Mc Annuff) et des dates de concerts à gogo qu’on vous invite à scruter de près, car comme vous le savez : La famille, c’est sacré !
Johnny Osbourne / Right Right Time
Rappelez-vous Truth & Right, un hymne roots et fédérateur sorti initialement en 1979 des fourneaux du label Studio One et devenu tout aussi légendaire que Get Up/Stand Up ou War Inna Babylon. Derrière cet emblématique refrain se cachait Johnny Osbourne qui n’a jamais vraiment eu l’aura méritée, mais n’a jamais non plus raccroché les gants. Il signe son retour avec Right Right Time, un album qui respecte les codes du genre et où l’ami Johnny n’a rien perdu de sa verve et de ses qualités de chanteur de reggae roots.
L’internationale reggae à l’attaque !
Une sélection non exhaustive de sorties par des groupes et artistes venus des 4 coins de la planète et qui font la vivacité de la scène actuelle.
Le retour de l’une des meilleures équipes européennes, et il ne s’agit pas de la Champions League, bien que les Écossais de Mungo’s Hi-Fi soient dans leur genre, des vrais champions. Leur album est à l’image de leurs live et de leurs soundsystems : Des invités à gogo, une maitrise irréprochable des riddims d’hier et d’aujourd’hui, l’efficacité de leur « son » gonflé pour le dancefloor des dancehalls. En un mot : Wickeeeeed !
Pour fêter en grande pompe l’anniversaire du 1er opus avec lequel nous avions découvert le reggae singulier de Groundation, c’est le groupe français Brain Damage qui se prend au jeu d’un reggae-clash et de la relecture. Groundation vient de Californie et il va sans dire qu’ils ont su amener un truc particulier à une période pas si lointaine où ragga et dancehall étaient prédominants. Hebron Gate reste un album de référence, souhaitons à cette nouvelle version le même destin.
En Italie il n’y a pas que les pastas et les pizzas. Il y a aussi l’une des meilleures voix de ce reggae contemporain qui résonne dans la planète reggae. Alborosie est de celles-ci, il enregistre avec les meilleurs producteurs jamaïcains, publie ses disques sur le mythique label Greensleeves et enflamme festival et public avec un son grain de voix éraillé qui nous rappelle à chaque refrain que le bonhomme ne peut pas être autre chose qu’italien.
On avait un peu oublié ce temps où le guadeloupéen Tiwony partageait le micro avec son voisin martiniquais Féfé Typical. Un duo de choc établi dans les années 2000 en mode raggamuffin sur le modèle de quelques paires de toasters jamaïcains de renom (Michigan & Smiley, Clint Eastwood & General Saint, Chaka Demus & Pliers…). Desormais solo, Tiwony nous offre un truc beaucoup plus posé que dans sa jeunesse mais toujours plein de bonnes vibes dans un français et créole assumés.
Direction Genève et les vibrations du rocksteady et du ska pour ce petit combo sans prétentions qui nous livre un sympathique deuxième album. Si Cosmic Shuffling n’a pas d’autres ambitions que de suivre les traces des combos cuivrés jamaicains des années 60 (The Skatalites en tête), ils le font très bien et avec ce swing qui leur va bien et qu’on n’aurait pas vraiment soupçonné venant des montagnes suisses.
Ah bah enfin, on a failli attendre !!! 9 ans d’attente avant que cette formation spécialisée dans la relecture REGGAE d’albums mythiques de la pop et du rock décide de s’attaquer à l’iconique David Bowie et son célèbre Ziggy Stardust. Easy Star All Star nous avaient régalés avec leur réinterprétation très réussie des légendaires Sergent Peppers, Dark Side Of The Moon…Un peu moins convaincu pour Ok Computer et Thriller mais l’idée est là, et ce collectif new yorkais sait généralement très bien y faire.
Retro-reggae : Et je remets le son !
Je me souviens d’une époque où le vinyle n’intéressait plus grand monde et où les usines remisaient leurs presses au grenier. Si il y a un secteur qui n’a jamais abandonné ce support, c’est bien l’univers/l’industrie du reggae…Et en 2023, ça continue avec quelques belles pièces rééditées dans leurs habits d’origine. Roots, Rockers, Reggay, Rocksteady, Ska…Des rééditions de vieux sillons qui font rudement envie non ?
The Congos / Heart Of The Congos
Au coeur du reggae roots avec ce classique des Congos produit par un certain Lee « scratch » Perry.
Jackie Mittoo / Keyboard King at Studio one
L’organiste le plus groovy de Jamaique, cheville ouvrière des productions sortis de chez Studio One. Titres rares et addictifs.
Alton Ellis / Mr Soul Of Jamaica
À Détroit ils avaient Marvin Gaye, et pendant ce temps là à Kingston il y avait Alton Ellis.
Symarip / Skinhead Moonstomp
La bande-son sixties des « original rudeboy’s » avant que le mouvement skinhead ne soit récupéré par des individus toujours sans cheveux, mais aussi sans grand chose en dessous.
Gregory Issacs/ Mr Issacs
L’une des plus belles voix, si ce n’est la plus belle, du reggae qu’on qualifie de lover publié à la fin des seventies. La B.O de votre prochaine Saint-Valentin si vous voulez que ça marche cette fois !