Le plot-twist ou renversement de situation représente l’art de finir un film en beauté. Ce n’est pas à la portée de tous les réalisateurs et scénaristes de savoir conclure leur création en prenant le spectateur à contre-pied. Certains ont fait de cet aspect la marque de fabrique de leur film. Nous avons passé au crible plusieurs d’entre eux.
Usual Suspects (1995)
1995. Une année riche pour le cinéma qui voit des futurs classiques jaillir de toutes parts. De La Haine à Casino en passant par Seven, le 7ème art en cette année à mi-chemin de la décennie 90 se révèle être un grand cru. Parmi ces films d’exception, Usual Suspects. Une équipe de cinq malfrats qui monte un coup qui finalement tourne au vinaigre. Le seul survivant de l’équipe, Verbal Kint, conte sa version des faits à un inspecteur de police captivé par sa narration. À mesure que l’histoire avance, on saisit qu’un personnage émerge et sème la terreur dans les esprits de chacun : Keyser Söze. Personne ne l’a jamais vu de ses propres yeux mais son ombre plane à chaque instant. La force de ce film est justement son retournement de situation spectaculaire. On peut même prendre position en affirmant sans trop de souci qu’il est certainement le film référence en matière de plot-twist. Usual Suspects réalise un très joli score en matière d’entrées puisque 1 345 534 se rendirent en salles en France durant l’été 1995. Kevin Spacey obtient l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Une année très riche pour lui…
Seven (1995)
…en effet, quelques mois plus tard, le cultissime Seven fait son apparition. Casting haut de gamme puisque l’on retrouve Morgan Freeman et surtout Brad Pitt pour jouer les premiers rôles. Leur mission en qualité d’inspecteurs de police est d’enquêter sur un meurtrier guidé par les sept péchés capitaux de la religion chrétienne et qui planifie et met en application sept assassinats en conséquence. L’atmosphère glauque de ce film ne fait que croître le suspens et notre envie de découvrir jusqu’où la folie mentale de John Doe, interprété donc par Kevin Spacey, va mener l’issue de cette intrigue. Seven ne tarde pas à acquérir la reconnaissance qu’il mérite, bien au contraire. Jouissant d’un budget de production de 33 millions d’euros, il va rapporter 327 millions de dollars au total et attire plus de quatre millions de spectateurs en France. Une œuvre qui va lancer un peu plus la carrière d’un Brad Pitt majestueux de bout en bout.
Shutter Island (2010)
Leonardo DiCaprio est coutumier des films à suspense. Dans Shutter Island, nous le retrouvons derrière la caméra de Martin Scorsese pour la quatrième fois en huit ans après Gangs of New York, Aviator et Les Infiltrés. Une nouvelle performance prodigieuse de DiCaprio qui interprète Edward Daniels, un marshals qui doit enquêter sur la disparition mystérieuse d’une interne à l’hôpital psychiatrique de la Shutter Island. Peu à peu, Daniels dévoile un esprit torturé par cette enquête, mais pas que…Le décès de sa femme dû à un incendie deux ans auparavant le peine et le hante à la fois. Bon nombre d’éléments qu’il perçoit au cours de son investigation le mènent sur une voie sans issue véritable et le twist final va nous montrer pour quelle raison. Adapté du roman du même nom de Dennis Lehane, Shutter Island est un thriller de renom qui mérite grandement le détour.
À couteaux tirés (2019)
Un film à énigmes sous couche de querelles familiales pour s’accaparer l’héritage d’un grand-père richissime et en fin de vie. Sur le papier, À couteaux tirés est une belle promesse. Le moins que l’on puisse dire est que l’on est loin d’être déçu après le visionnage de ce thriller policier. Daniel Craig interprète le rôle de Benoît Blanc, détective privé missionné par on ne sait trop qui. Sa présence est due à la mort soudaine de Harlan Thrombrey, patriarche de la famille pour qui on convoite les richesses. Son infirmière, du fait de son statut et de sa proximité avec Harlan, est immédiatement soupçonnée. Mais l’enquête se relève bien plus complexe que cela pour Benoit Blanc qui doit composer avec les egos de chacuns ainsi qu’avec des tensions palpables. Une bien belle réalisation qui connut un succès d’estime flatteur après sa sortie en salles.
Get out (2017)
Sortie en 2017, cette réalisation de Jordan Peele a fait fureur à bien des égards. D’abord, ce dernier est le premier afro-américain à se voir titré de l’Oscar du meilleur scénario original. Ce film d’horreur traite de la relation entre un noir américain et sa belle-famille blanche, qui peut s’avérer paralysante, gênante voire tumultueuse. Chris Washington, interprété par le talentueux Daniel Kaluuya, s’éprend pour Rose Armitage, une jeune femme de son âge dont les parents sont psychiatre et neurochirurgien. Chris s’apprête à les rencontrer au cours d’un week-end dans la maison familiale, située en pleine nature où les employés de couleur noire adoptent un comportement plutôt stupéfiant. Seulement, sa petite amie a préféré ne pas prendre le soin de notifier à sa famille que l’élu de son coeur était lui aussi noir de peau. Un week-end qui de prime abord devait intégrer Washington à la famille va finalement virer à quelque chose de tout à fait nauséabond. Chris va vite saisir qu’il a plongé dans un bourbier les deux pieds joints. Get Out est une référence en matière de film d’horreur moderne.
Sixième sens (1999)
Paru en 1999, ce film de M.Night Shyamalan, âgé de 29 ans à l’époque, met en scène un Bruce Willis alors dans la force de l’âge. Le germano-américain sort notamment du Cinquième Elément de Luc Besson deux ans auparavant. Sixième Sens narre l’histoire du Dr Malcolm Crowe, un psychologue pour enfants qui, un beau jour en rentrant à son domicile perçoit l’un de ses anciens patients l’accuser de l’avoir délaissé et se suicide sous ses yeux. Un événement déclencheur qui va hanter Crowe tout le reste du film. Peu de temps après, il fait la connaissance d’un enfant, Cole, qui par sa chétivité attire la haine gratuite de ses camarades de l’école. Cole voit des morts dans son sommeil. Crowe s’enfonce alors dans une voie sans issue et désespère face à ce cas on ne peut plus complexe. Film étranger le plus plébiscité en France en 2000, il ne chiffre pas moins de 7 799 130 entrées, non loin du deuxième opus de la saga Taxi.
The Game (1997)
David Fincher place trois films dans cette sélection. C’est vous dire à quel point ce réalisateur maitrise l’art de conclure ses réalisations. Deux ans après le saisissant Seven, Fincher érige The Game. Sean Penn et Michael Douglas sont deux frères, respectivement Conrad et Nicholas Van Orton. Le premier dilapide tout son capital financier tandis que le second est un homme d’affaires exemplaire et qui souffle ses 48 bougies. En cette occasion, Conrad lui offre une carte de visite d’une société organisatrice de spectacle. Dès lors, il se prend au jeu mais se retrouve englué dans un jeu dont il ne connait pas les règles et dont les enjeux sont considérables. Un thriller à suspens de très bonne facture qui atteste une nouvelle fois du savoir-faire en la matière de David Fincher.
Inception (2010)
Un des nombreux chefs-d’œuvre de Christopher Nolan. Inception sort en 2010 et réunit alors un casting de choix. Leonardo DiCaprio, Marion Cotillard, Tom Hardy, Cillian Murphy ou encore Joseph Gordon-Levitt. Vous vous êtes déjà surpris à rêver consciemment ? Tout en dormant, vous réussissez à saisir que vous n’êtes pas dans le monde réel. Inception met cette particularité de notre subconscient mais de manière partagée. En effet, plusieurs personnes étrangères peuvent s’immiscer dans votre esprit. Une équipe de cinq spécialistes est missionnée par un homme d’affaires japonais pour extraire des informations du cerveau d’ennemis. Un film qui voit Leonardo DiCaprio au sommet de son art livrer une performance de très haut niveau. Inception a depuis acquis un succès d’estime rare pour les films de la décennie passée. Un classique !
Fight Club (1999)
Enfin, l’un des films les plus cultes des années 1990. L’avènement de Brad Pitt quatre ans après le remarquable Seven, là aussi de David Fincher. Fight Club est l’adaptation du roman paru en 1996 sous le même nom. Ce film traite de la monotonie de la vie d’un simple employé célibataire joué par Edward Norton qui au coeur de la trentaine mène un train de vie on ne peut plus banal commun à nombre de citoyens du monde entier. Un beau jour, sa rencontre avec Tyler Durden va chambouler ce quotidien morose. Dès lors, il intègre un groupe secret dont très peu voire pas d’informations ne filtre. On peut le dire, cette organisation dispose de ses propres règles et vit en vase clos. Dans ce groupe, l’affrontement physique entre hommes est central. On s’échappe du quotidien dans lequel on est contrôlé sans cesse et des actions ciblées sont menées. Si à sa sortie il peine à convaincre le public, Fight Club récoltera un jugement tout autre lors de sa sortie en DVD.