Le top des meilleurs albums de Booba

5. D.U.C. (avr.2015)

Sortant d’une année 2014 plutôt calme, après un rush effréné découlant de la sortie de Futur et Futur 2.0, Booba revient au printemps 2015 avec un album fleuve, intitulé D.U.C. Faisant de ce dernier le projet le plus long en termes de titres, hors bonus tracks, dans sa discographie. Au départ, les critiques sont plutôt corsées envers ce septième album solo. Certains pointant notamment une utilisation abusive de l’autotune. Mais avec du recul, D.U.C. semble avoir clos tout débat à son sujet. Quel album ! Le Boulonnais, installé à Miami depuis la fin des années 2000, maîtrise sa partition à la perfection. Les hits s’enchaînent à n’en plus finir. De LVMH à OKLM en passant par Tony Sosa ou 3G, Kopp cisaille les prods plus trap que jamais. Les featurings, eux aussi, font de cet album une pièce maîtresse de sa discographie. Gato & Bridjahting grimpent sur le navire sur la neuvième piste, Mové Lang, et bâtissent ainsi l’hymne favori des pirates lors de chaque concert.

Future rejoint ce casting 5 étoiles sur Bellucci et fait honneur à son statut. Que dire de Temps mort 2.0. Le titre annonce un vent de fraîcheur sur le premier album solo de B2o, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mise à jour est réussie. Lino vient challenger le Duc dans un featuring purement rap et la confrontation fait mouche. Le couplet de Booba est une déflagration qui, encore aujourd’hui, reste dans les mémoires des fans de rap. Ce qui fait la réussite de D.U.C. c’est son aspect complet, blockbuster, sans pour autant comporter trop de morceaux dont on aurait pu se passer. Le clin d’œil historique à Temps mort est également appréciable et des morceaux plus ensoleillés à l’instar de G-Love permettent de souffler entre deux titres kickés.

Les incontournables : 3G, La mort leur va si bien, Temps mort 2.0.

4. Lunatic (2010)

En parlant de blockbuster, voici le premier de sa carrière. Lunatic. Un nom évocateur, hommage à ses débuts avec son acolyte d’antan, Ali. Dix-neuf titres pour un projet d’un peu plus d’une heure dans lequel Booba fait la part belle à des invités de marque. Akon nous offre un refrain chanté dont lui seul a le secret sur Lunatic, piste éponyme de l’album. P.Diddy, boss de Bad Boy Records, figure sur le premier single, Caesar Palace, révélé le 15 septembre de la même année. Kopp souhaitait marquer le coup et remettre les pendules à l’heure après un album qui a reçu un accueil plus que mitigé. 0.9 est le projet qui l’a vu prendre le virage le plus serré de sa carrière. L’apparition de l’autotune n’a pas été du goût de tout le monde et cela s’en est ressenti dans les bacs. 19 000 ventes en première semaine et une aura contestée. Pourtant, 0.9 aura contribué, en partie, à introduire cet outil qui, aujourd’hui, est plébiscité par ces mêmes fans. Lunatic ressemble en des points phares à D.U.C., sorti quatre ans et demi plus tard. Une pléthore de hits figure dans ce projet qui ouvre la décennie 2010. Paradis, Jour de Paye, Ma Couleur, ou encore le précurseur Comme une étoile. Un piano-voix annonciateur d’un exercice que Booba affectionnera dans la suite de sa carrière. On pense à Petite fille, Arc-en-ciel…

Les leçons de rap sont aussi bien présentes dans cet opus. Boss du rap game met en lumière un Booba habile, technique, incisif et en phase avec son époque. Saddam-hauts-de-Seine embraye sur un style qu’on le verra adopter sur Futur deux ans plus tard. En somme, un album dans l’air du temps qui voit Booba distiller des titres majeurs de sa discographie, des featurings de gala et un retour à ce qui avait fait sa force au début des années 2000, le kickage. Si Lunatic est placé aussi haut dans le classement, c’est pour cela, et aussi car il a bercé toute une génération qui a grandi avec.

Les incontournables : Paradis, Comme une étoile, Jour de paye.

3. Nero Nemesis (déc.2015)

Le rap français a connu 1998, ce qui était sûrement la plus belle année de son histoire jusqu’à 2015. Cette année-là, les albums sont plus divers les uns que les autres (Le Monde Chico, Feu, My World, D.U.C.) et nous offrent également un niveau global peut-être jamais vu. Comme pour marquer un peu plus son empreinte et son territoire, Booba décide de conclure 2015 en beauté avec Nero Nemesis, le 4 décembre pour être précis. Un album guerrier, condensé en treize titres, qui peut aisément vous sortir de votre lit même en plein hiver sous un manteau neigeux. Le premier morceau, Walabok, annonce la couleur d’entrée de jeu. Si D.U.C. a essuyé certaines critiques au sujet de titres trop autotunés, pas assez rappés, Booba veut balayer d’un pied ferme celles qui émergeaient encore à l’époque. Pari réussi. Avançant vers ses 39 ans, le leader du 92i rédige alors l’hymne de sa carrière. Placé entre deux feats avec ses poulains de l’époque (Zer, ft. Gato et Siboy et Validée ft. Benash), 92i veyron va marquer toute une génération qui se voit rassemblée derrière une mélodie et un refrain fédérateur. Certains fans s’amusent même à la comparer à la Marseillaise. Témoin de l’ampleur prise par ce titre qui instantanément, a été perçu comme LE single phare de l’album.

Et pourtant, Nero Nemesis parvient largement à exister même au-delà de cette quatrième piste. Génération assassin frappe un grand coup et offre là encore un clin d’œil au passé, Rockin’ Squat fait même son apparition dans le clip. 4G, deuxième single de la trilogie téléphonique, conclut de fort belle manière un album énergique, mature et abouti dans son ensemble. Là où certains projets étaient difficilement écoutables d’une traite pour certains auditeurs, Nero Nemesis ne laisse aucune place au débat. On se délecte de chacune des 48 minutes de ce projet.

Les incontournables : 92i veyron, Génération assassin, Comme les autres.

2. Ouest Side (2006)

À la deuxième place de ce classement siège Ouest Side. Le troisième album studio de Kopp sort au beau milieu des années 2000, à l’hiver 2006, une semaine tout pile après Dans ma Bulle de Diam’s, un autre mastodonte du rap français qui marqua les foyers hexagonaux de son empreinte. Au sortir de Panthéon, dévoilé un peu moins de deux ans plus tôt, Booba se place comme l’une des deux têtes d’affiches du rap en France avec son grand rival, Rohff. Si Panthéon frustre une partie de ses fans de la première heure en raison de son éloignement progressif, il contribue à familiariser un public moins à même d’être confronté à ses lyrics d’ordinaire. Alors, Ouest Side débarque en étant plus attendu que jamais, et comme souvent dans ce cas de figure, Booba répond présent. Seize titres resserrés en 58 minutes. Un single se distingue et marque le retour du rap français dans les clubs les plus selects de la capitale, Boulbi. Encore aujourd’hui, ce morceau détonnant fait bouncer la jeunesse française, quand bien même elle n’était pas née à sa sortie. Au-delà de ce hit, Ouest Side ébahit les auditeurs de par sa pluralité. On passe du reggae sur Au bout de mes rêves à une guitare rock très saturée sur le très osé Couleur ébène. Un morceau qui dénote complètement dans sa discographie et témoigne de ses prises de risques assumées qui ont fait ce qu’il est aujourd’hui.

Ouest Side remet aussi les pendules à l’heure avec des titres rap qui boxent largement dans la même catégorie que les meilleurs morceaux de Temps mort ou bien Mauvais Oeil. On pense au déroutant Boîte vocale ou encore au royal Le Duc de Boulogne. Enfin, impossible d’évoquer ce classique du rap français sans en placer une pour Pitbull. Un sample d’une chanson française iconique, Mistral gagnant de Renaud, entrée dans la culture collective. Booba a amplement fait honneur à ce morceau en se l’appropriant à sa manière à travers des punchlines plus aiguisées et tranchantes que jamais. Si 92i veyron était l’hymne d’une génération de pirates, Pitbull était sans doute celui de la précédente. Auréolé de son premier disque de diamant, Booba signe avec Ouest side son plus grand succès de l’époque. Son album le plus riche, varié et complet. Celui de la maturité.

Les incontournables : Pitbull, Garde la pêche, Au bout des rêves.

1. Temps mort (2002)

Le meilleur album de la carrière de Booba est donc Temps mort. Un game changer qui débarque avec fureur dans les bacs le 22 janvier 2002. L’attente fut si longue pour les fans de rap, et pour cause. Dès 1996, le hip-hop français se familiarise avec ce MC venu de Boulogne. Avec Ali, ils forment Lunatic. Le duo marque les esprits sur Le Crime Paie, ou encore Les Vrais Savent. De par leur proximité grâce à Time Bomb, Oxmo Puccino et Booba s’associent peu après pour livrer un story-telling d’anthologie sur Pucc fiction. Si Kopp rappe moins qu’Oxmo, il n’en reste pas moins percutant. Le public remarque une fois de plus la verve du jeune boulonnais, tout juste âgé de vingt ans à l’époque. Les mois passent, Lunatic poursuit l’élaboration de leur premier album mais Booba est incarcéré, et ce durant plus de deux ans. La sortie est repoussée à 2000.

Mauvais Oeil, réalisé en indépendant, est sacré disque d’or, une première dans la jeune histoire du rap hexagonal. Sur ce disque, Booba a fait étalage de tout son mordant et de son audace. Une formidable promesse pour une carrière solo que l’on imagine imminente. Deux ans plus tard, le duo se scinde et Kopp se fraye un chemin dans un rap français où les têtes d’affiche se font plus rares. NTM et IAM, entre autres, ont laissé un vide à exploiter. Temps mort déboule donc en janvier 2002, quasiment en même temps que l’euro. Comme si le changement d’époque était voué à s’appliquer dans toutes les sphères. Car oui, ce premier album solo de Booba marque une mutation dans le rap français. Là où le rap français s’était codifié, reproduisant les mêmes schémas de rimes scolaires et prévisibles, Booba prend sans cesse l’auditeur à contrepied. Les punchlines amarrent en masse et ne laissent aucun répit. Temps mort donne également une idée de la composition traditionnelle d’un album du Duc de Boulogne. Des featurings avec ses frères historiques du 92i (100-8 Zoo, Nouvelle école), avec des rookies aux dents longues (Sans ratures ft.Nessbeal) et un single plus mainstream (Destinée ft. Kayna Samet).

Une recette gagnante qui deviendra légion dans sa carrière. Temps mort est un tremblement de terre. Il fait partie des albums qui marquent un avant et un après dans l’histoire du rap français. Un cercle fermé, exclusif. Temps mort est un passage obligatoire pour tout aficionados de ce genre musical. Il est de la trempe de ces œuvres respectées, qui font partie du package d’entrée dans le rap français pour tout nouvel auditeur.

Les incontournables : Ma définition, Repose en paix, Le bitume avec une plume.