Mythique label indépendant originaire de Londres, et tout aussi mythique disquaire, le nom Rough Trade met des étoiles dans les yeux à tout mélomane. Alors que ces drôles de zèbres de Black Midi sortent leur troisième opus, on vous propose un tour d’horizon des artistes qui ont marqué cette maison de disques. Des Smiths à Parquet Courts en passant par les Libertines, retour sur dix noms majeurs.
Rough Trade : label à contre-courant
En 1976, le Londonien Goeff Travis lance son petit disquaire Rough Trade dans le quartier de Notting Hill. Deux ans plus tard, alors que le punk et la lassitude des jeunes artistes envers les majors explosent, Travis fonde le label indépendant, du même nom que son disquaire. Très vite, Rough Trade devient une référence sur la scène punk et post-punk. Malheureusement, en 1991, criblé de dettes, le label est contraint de disparaître… avant de renaître de ses cendres en 2000, avec un lot d’artistes bourrés de talent.
The Fall
Groupe phare du punk et du post-punk à Manchester et articulé autour du singulier Mark E. Smith, The Fall signe chez Rough Trade en 1980. A la clé, un single, un album puis un EP de légende, respectivement Totally Wired, Grotesque (After the Gramme) et Slates, qui marqueront les esprits par leur caractère novateur. Smith et sa bande (dont la composition change très régulièrement) poursuivront leur carrière dans d’autres labels.
The Smiths
Eux aussi viennent de Manchester et se tournent vers le label londonien. Groupe mythique du rock indépendant des années 80, il signe ses quatre albums chez Rough Trade. En cinq petites années d’existence, cette pop mâtinée d’influences post-punk conquit le cœur des Britanniques. La combinaison des mélodies imparables de Johnny Marr avec les textes corrosifs de Morrissey fait des Smiths l’un des groupes les plus influents de l’histoire du rock anglais. En témoigne The Queen Is Dead et sa constellation de tubes.
Aztec Camera
Partons maintenant en Ecosse pour un groupe qui ravit tout amateur de pop British. Aztec Camera, emmené par Roddy Frame ne signe que son premier album chez Rough Trade, mais quel album ! High Land, High Rain, porté par les imparables Oblivious et Walk Out to Winter, se glisse en tête des charts indie britanniques, mêlant new wave et influences folk/pop sixties.
The Sundays
Retour en Angleterre avec The Sundays, éclairés par la voix caractéristique de la chanteuse Harriett Wheeler. Le groupe signe d’entrée de jeu chez Rough Trade et leur premier album Reading, Writing and Arithmetic, sorti en 1990, fait quelques émules au Royaume-Uni, notamment dans la presse spécialisée. Oscillant entre pop mélancolique et ballades rock plus lumineuses, ce premier disque est une pépite. Malheureusement, la maison de disque met la clé sous la porte l’année suivante et le groupe va devoir se réfugier ailleurs.
The Libertines
En 2000, Rough Trade revient sur le marché et peut compter sur un groupe local pour se refaire une santé. Les Londoniens des Libertines, et leur musique aussi impertinente que romanesque, font partie des instigateurs ce grand renouveau du rock à l’aube du XXIe siècle. La relation « je t’aime, moi non plus » entre Pete Doherty et Carl Barât est prolifique en compositions étincelantes et leurs deux premiers disques, Up The Bracket et The Libertines, cartonnent. Le crade n’a jamais sonné aussi propre.
Adam Green / The Moldy Peaches
Partons maintenant aux Etats-Unis, à la rencontre d’un sacré olibrius. Adam Green, armé de sa folk désinvolte, ne pouvait pas trouver meilleur label que Rough Trade. Que ce soit en duo avec Kimya Dawson pour The Moldy Peaches ou en carrière solo, nous voilà happés par un joyeux délire. Un son rugueux, des textes baignants dans l’ironie et l’absurdité, une voix à la limite de la justesse : l’esprit crafty de la maison de disques flotte sur tous ses titres.
Pantha du Prince
Si Rough Trade est surtout réputé pour ses productions rock, le label ne s’impose pas de barrières. La preuve avec l’artiste électro allemand Pantha du Prince. Ce dernier, déjà auteur de deux albums de minimal, frappe à la porte de la maison de disques anglaise pour un opus cristallin, sorti en 2010. Black Noise, dont certains morceaux ont été enregistrés dans un chalet en Suisse, nous propose un son aussi dansant que reposant. Surprenant, n’est-ce pas ?
Warpaint
Les quatre Américaines de Warpaint font également partie des grands noms du label londonien. Avant un départ chez Virgin pour leur dernier album, elles en ont signé trois chez Rough Trade. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les frissons sont au rendez-vous. Les voix d’Emily Kokal et de Theresa Wayman viennent éclairer un brouillard de sonorités aussi aériennes que puissantes. Un clair-obscur que nos tympans se délectent avec allégresse.
Parquet Courts
Après une poignée d’albums signés chez What’s Your Rupture?, Parkey Quarts changent de nom en franchissant le pas de la porte de Rough Trade pour s’appeler Parquet Courts. Progressivement, ils deviennent la pépite dont raffole tout féru d’indie rock. Ils incorporent à leurs multiples influences (art rock, dance rock, rock expérimental…) la folle énergie du punk et le résultat emporte tout sur son passage. Wide Awake! et Sympathy for Life, leurs deux derniers opus en date, sont accueillis à bras ouverts par la critique et le public indie.
Black Midi
Accrochez-vous bien, la dernière coqueluche made in Rough Trade a un son unique. A la croisée des chemins entre post-punk, rock progressif et jazz, Black Midi ne se refuse rien pour s’exprimer. Ces petits génies touche-à-tout ont déjà trois albums à leur actif, dont Hellfire, sorti en juillet 2022. Tous ont fait l’effet d’une bombe dans la planète indie et ont fait des Londoniens l’une des étoiles montantes de la nouvelle scène rock.
