Chaque mois, l’équipe de Radio Metal partage pour la Fnac ses cinq coups de cœur dans le cadre d’une sélection aux petits oignons sidérurgiques ! Au menu de cette sélection des albums sortis en juin : la transition de Saor, la combinaison False Light, la résurrection de Porcupine Tree, la dystopie de White Ward et les hymnes de Kreator…
Kreator – Hate Über Alles
Du haut de ses quinze albums, le mastodonte Kreator fait mentir ceux qui affirment que, tel un circle pit géant et continu, le thrash metal tourne en rond. Sans relâche, le groupe poursuit sa route depuis les années 80 sans prendre une ride et surtout sans perdre sa rage ! Hate Über Alles se veut comme le reflet de la communication du XXIe siècle que le groupe juge comme « bruyante et agressive », mais au-delà de cette évidente férocité qui coule dans les veines du combo, c’est la facilité à produire des hits en puissance et des refrains ultra-fédérateurs qui impressionne chez les Allemands. Depuis Violent Revolution de 2001, tous les albums comportent des hymnes repris par les fans et ce nouveau méfait n’en fait pas exception avec Hate Über Alles, « Killer Of Jesus » ou « Crush The Tyrants ». Le groupe flirte à nouveau avec le heavy, mais aussi avec les musiques plus extrêmes et même avec son passé tumultueux, parfois incompris des fans, vers la musique gothique avec la voix de Sofia Portanet sur « Midnight Sun », première chanteuse à intervenir dans le groupe ! C’est donc entre des innovations légères et surtout une confirmation des bases très solides de Kreator que s’inscrit ce nouvel opus qui à coup sûr va encore fracturer des côtes lorsqu’il sera défendu sur scène lors de la tournée prochaine…
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Saor – Origins
Depuis plusieurs années maintenant, le black metal folk et atmosphérique ratisse un public large, même bien au-delà des amateurs de metal extrême ! Les écossais de Saor qui en sont devenus une figure de proue ont même préféré le terme de metal calédonien, peut-être pour signifier que l’importance de leur musique réside avant tout dans l’Histoire et l’héritage qu’elle contient et qui se dessinent à travers de nombreux riffs et des inspirations pagan. Pourtant avec Origins, Saor respecte une tradition que bien d’autres groupes du style appliquent depuis de nombreuses lunes… Celle de ne pas faire strictement du black atmo comme nous avions l’habitude de l’entendre de leur part. En effet, le compositeur Andy Marshal profite de ce cinquième album pour mettre de côté les riffs purement éthérés et lumineux pour faire une autre proposition : des compositions plus mélodico-épiques, plus progressives et plus structurées. Nouvelle approche donc pour cette bande son mythologique qui nécessitera l’acceptation du public, qui sera sans doute moins immédiate que par le passé, le poussant à le réécouter attentivement pour percevoir les images d’une Ecosse lointaine digérée et interprétée par le maître à penser du projet… Une fois ces codes acceptés, cette immersion se révèle passionnante et vous accompagnera pour vos longues randonnées en montage de cet été !
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Final Light – Final Light
L’histoire commence par un clin d’œil artistique, une démonstration d’admiration, lorsque James Kent de Perturbator reprend à sa sauce le titre « Cygnus » de Cult Of Luna. Elle se poursuit au Roadburn Festival, comme bien souvent, lorsque le directeur artistique propose une collaboration de James avec un artiste ou un groupe de son choix… Ainsi est donc né Final Light, que nous pourrions renommer « Cult Of Perturbator », tant la combinaison entre Kent et Johannes Persson est une évidence. Final Light vous fera revivre le désarroi face aux grands monolithes urbains que les amateurs de Cult Of Luna ont pu vivre lors de la sortie de l’impressionnant Vertikal en 2013, les contours synthwave et industriels en plus. Massif et oppressif, le fruit de cette union maléfique entre ces peintres d’une ville à la Metropolis réussi amplement son défi, celui de vous faire sentir profondément seul dans une vaste friche inconnue… Froid, tranchant, puissant : les adjectifs sont bien nombreux pour décrire cette œuvre qui se passe néanmoins de toutes les étiquettes stylistiques que nous pourrions lui accoler. Un conseil, si vous avez envie de respirer au grand air et vous décharger des angoisses qui perturbent vos nuits, alors n’écoutez surtout pas cet album ! (Ceci est bel est bien la conclusion de notre recommandation musicale.)
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Porcupine Tree – Closure / Continuation
Voici le groupe le plus sadique de l’histoire du rock progressif, le bien nommé Porcupine Tree ! Avec les multiples sorties des protagonistes pendant les interviews qui semblaient enterrer le projet de retour de la formation depuis 2010, complétées des emplois du temps de plus en plus chargés pour Wilson, Barbieri et Harrison, les fans endeuillés s’étaient fait une raison… Puis en 2021 survient l’annonce inespérée du grand retour, qui de l’aveu de Steven Wilson est comme « une sorte de plaisir pervers à revenir quand les gens s’y attendaient le moins » ! Alors après toute cette mascarade qui a rendu fou plus d’un progueux dans ce bas monde, l’album se devait d’être au minimum excellent ! En vérité, Closure / Continuation ne pouvait pas mieux porter son nom, puisqu’une décennie d’inactivité est balayée avec ce nouvel opus qui reprend exactement là où le groupe s’était arrêté. Du groove, des mélodies entrainantes, des riffs percutants, du psychédélisme latent… Tous les ingrédients seront familiers dans ce nouvel opus rafraichissant. Trop familiers ? Peut-être… Certains auditeurs exigeants reprocheront aux musiciens de ce trio de ne pas avoir injecté quelques expériences individuelles de ces dernières années et de manquer parfois de surprise. Mais qu’en diront les autres ? Nom de non, Porcupine Tree est bel et bien de retour avec un bon album, il n’y a que ça qui compte !
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White Ward – False Light
Le nom de White Ward ne vous dit probablement rien si vous n’êtes pas un adepte de metal expérimental. Pourtant, dès le premier album Futility Report de 2017, le groupe Ukrainien est acclamé dans le sombre milieu de la scène underground. Son mélange viscéral entre black metal et dark-jazz a forcément attiré de nombreux curieux, tant il est rare que le saxophone prenne une place aussi importante que la guitare et le chant hurlé dans les compositions métalliques. Ce troisième album False Light renforcera à coup sûr la notoriété du groupe qui affine son univers dystopique évoquant des meurtres commandités par les gouvernements, les catastrophes environnementales, les violences policières et domestiques ou encore la surconsommation… Bien des thèmes qui ne transparaissent pas dans cette photographie de maison abandonnée au milieu de la campagne en guise de pochette, celle-ci illustrant néanmoins bien l’art du paradoxe que cultive le projet depuis ses débuts et sa capacité à manier le chaud et le froid. False Light est un album fascinant qui provoque des sensations fortes, relevant souvent d’une violence cathartique, mais n’hésitant pas à vous perdre avec des passages plus apaisants et aériens, ou par un blues lancinant et mélancolique, même si la brutalité de ce monde vous rattrape toujours…
