En plus de quarante années de carrière, le cinéaste et scénariste Henri Verneuil aura durablement marqué le cinéma français. Qu’il tourne des polars, des comédies, des westerns ou des thrillers, son aura ne faiblira jamais et nombre de ses films auront accédé au rang de cultes. À l’instar de Mille milliards de dollars et I… comme Icare qui ressortent en Blu-ray le 29 juin.
Des gens sans importance (1956)
En adaptant un roman déjà bien sombre et pessimiste de Serge Groussard, Achod Malakian alias Henri Verneuil réalise un drame humain d’une noirceur abyssale digne de Zola avec Des gens sans importance. Jean Gabin, un de ses acteurs fétiches, y interprète un routier éloigné de sa famille qui rencontre la belle Clotilde pour une romance tragique. Chômage, avortement clandestin et mort subite auront raison de leur amour. Une œuvre exigeante et l’un des rôles les plus bouleversants de Gabin.
La Vache et le Prisonnier (1959)
Marqué par la Seconde Guerre mondiale, Henri Verneuil va souvent traiter cette période sombre de notre Histoire de manière frontale ou simplement contextuelle. Comme le fera La Grande Vadrouille quelques années plus tard, La Vache et le Prisonnier traite de la guerre sous le prisme de la comédie (tendre et émouvante). Fernandel y incarne un prisonnier français en Allemagne, s’évadant avec l’aide de la vache Marguerite. Une épopée presque mythologique qui a engrangé près de neuf millions d’entrées rien qu’en France.
Le Président (1961)
Connu pour son personnage du commissaire Maigret, Georges Simenon a toutefois écrit d’autres best-sellers. Le Président est une adaptation du roman du même nom et une nouvelle démonstration de force de Jean Gabin dans la peau d’Émile Beaufort, président du Conseil à la retraite. Ce qui ne l’empêche pas de garder un rôle politique primordial. Et quand il rédige ses mémoires, il se remémore son parcours semé d’embûches. Un film tiré de faits réels survenus au cours du passage chaotique de la IIIe à la IVe République.
Un singe en hiver (1962)
En tout et pour tout, Henri Verneuil et Jean-Paul Belmondo auront collaboré huit fois ensemble. Une fidélité à toute épreuve notamment due au succès d’Un singe en hiver, comédie alcoolisée servie par les bons mots de Michel Audiard. Jean Gabin, ancien accro à la bibine, reprend du service dans les bars à l’arrivée du jeune feu follet Belmondo. Tout part évidemment à vau-l’eau. Le film fait scandale en étant considéré comme une apologie de l’alcool, ce qui ne l’empêche pas de faire plus de deux millions d’entrées à sa sortie.
Mélodie en sous-sol (1963)
Après avoir travaillé avec Belmondo, Verneuil ne pouvait pas faire l’impasse sur son ami et concurrent direct, Alain Delon. A la même époque que le film original Ocean’s Eleven, Mélodie en sous-sol est un film de casse dans un casino cannois, mêlant suspense et humour. Michel Audiard répond encore présent au scénario et aux dialogues pour cette adaptation réussie du roman The Big Grag de l’Américain John Trinian. Verneuil, Delon et Gabin réitèreront six ans plus tard avec Le Clan des Siciliens.
Week-end à Zuydcoote (1964)
Week-end à Zuydcoote est l’un des plus beaux films de guerre de Verneuil. Il y traite de la bataille de Dunkerque en juin 1940, doublée d’une histoire d’amour naissante. Les scènes de guerre sur la plage sont spectaculaires et confirment l’aura de Belmondo, à l’aise dans tous les registres. À ses côtés et en costume de militaire, Pierre Mondy et Jean-Pierre Marielle. Il s’agit à ce jour du seul film français revenant sur cette bataille, les autres ayant été tournés par des Anglo-Saxons : Joe Wright avec Reviens-moi et Les Heures sombres, et Christopher Nolan avec Dunkerque.
Le Clan des Siciliens (1969)
Delon retrouve donc Gabin après Mélodie en sous-sol pour Le Clan des Siciliens, film de braquage et de mafia ingénieux au suspense implacable, avec également Lino Ventura au casting. Musique d’Ennio Morricone, chanson du générique interprétée par Dalida et un nouveau succès au rendez-vous pour Verneuil avec ce classique du polar français qui a attiré près de cinq millions de spectateurs.
Peur sur la ville (1975)
Une femme effrayée par la visite d’un homme, tombe de sa fenêtre et se tue. Le commissaire Letellier, alias Jean-Paul Belmondo, va mener l’enquête et entre en contact avec le mystérieux intrus, décidé à supprimer toutes les femmes aux mœurs contraires aux siennes. Peur sur la ville est considéré comme l’un des meilleurs polars de Verneuil, mêlant action, scènes angoissantes et humour noir. Un classique du genre.
I… comme Icare (1979)
Un président assassiné, un procureur zélé qui mène l’enquête et des meurtriers prêts à toutes les exactions pour l’empêcher de découvrir la vérité. I… comme Icare est un thriller politique choc inspiré des théories complotistes entourant la mort de John F. Kennedy. Yves Montand y trouve l’un de ses rôles les plus ambitieux. Il fut d’ailleurs nommé aux César pour sa prestation en homme jusqu’au-boutiste, habité par son désir de vérité.
Mille milliards de dollars (1982)
C’est avec Mille milliards de dollars, un thriller haletant, que Henri Verneuil fait son entrée dans les années 1980. Et il le fait en bonne compagnie, puisque Patrick Dewaere, Anny Duperey et Jeanne Moreau sont notamment de la partie. Ou les dénonciations d’un journaliste contre un homme politique supposément véreux et victime d’un complot de la part des services secrets américains. Il s’agira du dernier film sorti du vivant de Patrick Dewaere. Quant à Verneuil, il ne réalisera plus que trois autres films en dix ans, dont Les Morfalous avec l’irremplaçable Belmondo.