Ils ont beau avoir les mêmes gènes, ces frères et sœurs de fiction prennent un malin (dé)plaisir à ne pas s’entendre. À l’image de Marion Cotillard et Melvil Poupaud dans Frère et sœur, le nouveau drame d’Arnaud Desplechin à l’affiche ce 20 mai. Et ils ne sont pas les seuls…
Les Frères Sisters, réalisé par Jacques Audiard
Malgré son titre qui invite à la comédie, c’est bien d’un drame âpre et violent qu’il s’agit. Pour Les Frères Sisters, son premier film tourné en anglais et aux États-Unis, Jacques Audiard n’a pas misé sur la facilité. Dans ce western pessimiste, il réunit un quatuor de stars (Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed) pour incarner deux frères chasseurs de primes et deux chercheurs d’or. Mais les deux frères ne semblent plus sur la même longueur d’onde : l’un est un sanguinaire sadique et l’autre recherche davantage la paix intérieure. Tout ça ne pourra que mal finir…
Les Trois Frères, réalisé par Didier Bourdon & Bernard Campan
Alors au sommet de leur carrière en trio, les Inconnus décident de passer à la vitesse supérieure avec leur premier film en commun, Les Trois Frères, réalisé par Didier Bourdon et Bernard Campan. Avec Pascal Legitimus, Ils incarnent trois demi-frangins en galère que tout oppose et dont l’héritage familial vient de leur échapper de peu. Une comédie culte récompensée du César du meilleur premier film et couronnée de 6,9 millions d’entrées. Elle a donné naissance à une suite un peu moins inspirée, Les Trois Frères : Le Retour en 2014. Cent patates !
Les Liens du sang, réalisé par Jacques Maillot
François est un inspecteur de police intègre. Gabriel, lui, sort de prison après avoir purgé une peine de dix ans pour meurtre. Avec ce pitch faisant penser au Syndicat du crime de John Woo, autant dire que ces deux frères-là sont totalement antagonistes. Et leurs retrouvailles ne vont pas se faire sans accrocs. Avec Les Liens du sang, Jacques Maillot offre deux rôles forts à Guillaume Canet et François Cluzet. Un polar inspiré d’une histoire vraie, celle des frères Papet. Cinq ans plus tard, Canet signa lui-même l’adaptation américaine. Mais Blood Ties, porté par Clive Owen et Billy Crudup, ne remporta pas le même succès, malgré un scénario co-écrit avec James Gray.
Les Soeurs fâchées, réalisé par Alexandra Leclère
Règlement de comptes au sommet entre deux reines du cinéma français : la bourgeoise froide comme la banquise Isabelle Huppert et l’esthéticienne trop naïve Catherine Frot. Deux sœurs qui n’ont jamais su s’aimer et qui vont devoir cohabiter contre vents et marées. Les Soeurs fâchées est une comédie dramatique et explosive signée Alexandra Leclère, dont c’était alors le premier long. Une antithèse des Demoiselles de Rochefort qui fait autant rire que pleurer.
À l’est d’Eden, réalisé par Elia Kazan
À l’origine, un roman de John Steinbeck. Pour la postérité, il s’agit du premier film mettant en vedette le turbulent James Dean. Quand À l’est d’Eden d’Elia Kazan sort en 1955, la Deanmania est lancée. Le comédien est nommé aux Oscars et devient une star en incarnant le jeune Cal, fils incompris d’un père ne semblant pas l’aimer. Il entre en opposition avec son frère Adam dont il va dérober la fiancée. Ou comment le manque d’amour paternel gangrène des relations fraternelles déjà fragiles. Un film âpre et animal.
Rain Man, réalisé par Barry Levinson
Rain Man est un road movie pas comme les autres. Dans ce film culte de Barry Levinson, on suit deux frères totalement différents, l’un golden boy égocentrique et endetté, l’autre atteint du syndrome d’Asperger. Ils partent en voyage forcé direction la Californie et vont peu à peu faire une force de leurs différences apparemment inconciliables. Tom Cruise et Dustin Hoffman y livrent une prestation habitée, avec de nombreuses nominations et récompenses à l’appui. Après avoir vu ce film, vous n’irez plus au casino de la même manière…
Père et fils, réalisé par Michel Boujenah
Pour son premier long-métrage en tant que réalisateur, Michel Boujenah a opté pour une comédie douce-amère. Philippe Noiret y incarne un patriarche qui oblige ses trois fils brouillés à se réconcilier au cours d’un voyage au Québec qu’il présente comme le dernier. Les trois frères en question, Charles Berling, Bruno Putzulu et Pascal Elbé, vont faire contre mauvaise fortune, bon cœur, persuadés que leur père se meurt d’une maladie incurable. Dans Père et fils, on rit autant qu’on s’émeut, d’autant qu’il s’agit là d’un des derniers films de Noiret.
Un été à Osage County, réalisé par John Wells
Trois sœurs qui se sont perdues de vue depuis des années se retrouvent dans la maison familiale à la mort de leur père. Aucune d’entre elles n’a, semble-t-il, fait l’impasse sur bien des rancœurs qui ne vont pas tarder à exploser. Un été à Osage County, adaptation d’une pièce de Tracy Letts, est un huis clos familial oppressant, qui ressemble à une réunion de stars ravies de sortir les griffes : Meryl Streep, Julia Roberts, Ewan McGregor ou encore Benedict Cumberbatch. John Wells sort momentanément de ses activités de showrunner à succès (Urgences, Shameless US…) et nous offre un des plus grands avatars du genre.
Frère et soeur, réalisé par Arnaud Desplechin
Arnaud Desplechin raffole des relations humaines tendues qui ne demandent qu’à s’exprimer. Dans son dernier film, Frère et sœur, en compétition officielle au Festival de Cannes, les personnages de Marion Cotillard et Melvil Poupaud se détestent depuis une vingtaine d’années et ne se sont plus jamais revus. Ils vont devoir mettre leur haine respective dans un mouchoir au moment du décès de leurs parents. Un drame intense dont on ne serait pas surpris qu’il soit récompensé par un prix d’interprétation.
