
Vibrations d’avant-hier, d’hier ou d’aujourd’hui. CD, vinyles, rééditions ou enregistrements tout frais, en matière de rock, qu’il soit musclé ou posé, on a ces jours-ci l’embarras du choix et de quoi s’en mettre plein le casque ! Anniversaire d’un classique du Clash (Combat Rock) ou jeunes énergumènes bien remontés (Bob Vylan, Wet Leg, Sons …), il est temps de faire son marché de printemps et de s’en coller plein les tympans.
Rock d’hier
Le rock, c’était mieux avant ? On pourrait se dire ça aux vues des quantités astronomiques d’albums parus depuis les années soixantes que l’industrie du disque remet sous presse sans relâche. Le marché de la réédition se porte plutôt pas mal et ce n’est pas les disquaires qui vont s’en plaindre. Le flamboyant retour du vinyle y est surement pour quelque chose et c’est dans ce sens là que la sélection ci-dessous devrait logiquement aiguiser vos appétits et vos envies de rétropédalage.
The Clash – Combat Rock 1982-2022 / People’s Hall édition spéciale
Dernier véritable album d’un des groupes les plus influent du rock, The Clash s’embourbera dans des querelles stériles les années suivant la parution de cet album gorgé de punk rock bien sûr, mais également infusé de new-wave, de dub et du hip-hop naissant (on est mai 1982 pour rappel). Après la tournée mondiale à succès Joe Strummer, Mick Jones, Paul Simonon et Topper Headon prendront finalement des routes différentes laissant gravé à jamais dans les mémoires collectives deux titres majeurs de l’histoire du rock mondial qui figurent au programme de ce mythique Combat Rock : Should I Stay Or Should I Go & Rock The Casbah. Pour fêter dignement les 40 ans de l’album, vous trouverez sur cette version remasterisée l’intégralité de l’album et douze titres en bonus dont quelques chouettes versions rares et/ou inédites.
Les Calamités – Encore 1983-1987
Est-ce que ce french girls rock band des années 80 ne serait finalement pas l’ancêtre de nos rockeuses ou rappeuses françaises actuelles de bon goût que sont Juniore, Casey, Mademoiselle K et autres groupes et chanteuses qui se prennent pour ce qu’elles sont : pas de chichis, du fond, de l’énergie et surtout, aucune stratégies marketing meme si elles finirent, comme d’autre, bien placées en haut des ventes avec leur histoire de vélomoteur ! On branche le micro et on y va ! Les Calamités, groupe de rock au féminin, proches des Dogs et autres acteurs de l’époque de ce rock provincial mi-punk, mi-garage reviennent sentir l’odeur des bacs avec Encore 1983-1987, cette chouette anthologie recontextualisée et finement documentée par les camarades de Born Bad Records. Du made in France de bout en bout.
Question Mark & The Mysterians – 96 Tears
Ce groupe de la région de Detroit n’aura finalement obtenu qu’un seul succès, mais alors quel succès. 96 Tears, hymne de rock garage aux accents R&B est gravé dans la mémoire des boomers comme de leur descendance. Un titre repris des dizaine de fois (Stranglers, Residents, Big Maybelle, Aretha Franklin ou les Dogs évoqué au dessus) tant l’addiction au riff de l’orgue farfisa est puissante et aura marqué le petit monde du rock garage. Le reste des titres est du même tenant, entre reprise du tube de rhythm and blues écorchée de guitares cinglantes et compos sur trois accords. Question Mark & The Mysterians enfin de retour dans les bacs !
Ni vieux, ni maitres
Ni dinosaures, ni première jeunesse ! Ni encore légendaire et encore moins donneur de leçon ! En 2022 il y a toujours une actualité vigoureuse autour de quelques groupes et musiciens apparus avant le changement de siècle. Des individualités fortes, intègres qui à leur façon, tracent leur sillon avec fougue et inventivité. En voilà trois qui sont loin de s’endormir sur leur lauriers et dont les albums années après années nous font toujours autant saliver.
Jon Spencer & The Hitmakers – Spencer Get It Lit !
L’éternelle jeunesse ! Et qui de mieux que ce New Yorkais (et ses presque 60 ans) qui nous avait retourné la tête dans les années 90 avec ce son puissant, inventif, ses riffs ravageurs et son détachement tout rock n’rollien pour prouver que le rock, ça conserve. Jamais en manque d’inspiration, épaulé d’une rythmique géniale et d’une maitrise du mixage bien plus habile que ce que l’on pense, ce Spencer Get It Lit ! devrait ravir les fans de la première heure comme les plus jeunes avides de beaux décibels et de déconstructions des codes blues, garage, punk et rockab’… Parce que Jon Spencer c’est tout ça en même temps.
The Black Keys – Dropout Boogie
Un très bon album de blues l’année passée (Delta Kream) et revoici le duo de choc avec un nouveau programme détonnant, Dropout Boogie. Le single Wild Child a été lâché sur les plateformes il y a à peine un mois de cela et on retrouve tout ce qu’on aime chez les Black Keys : trame blues, spontanéité et pas mal de fun. Les deux copains qui s’étaient un peu éloignés « musicalement » ces dernières années semblent avoir retrouvé le truc qui les animent depuis le début. Dans une interview récente, Dan Auerbach et Patrick Carney laissent entendre que les sessions d’enregistrement de Delta Kream (qui furent simples et sans beaucoup de retouches) les ont reconnectés à ce qu’ils aiment faire : de la bonne musique ensemble sans trop penser à tout ce que l’industrie impose à ce genre de « gros vendeur de disques » (promo dans les grands médias, tournées fleuve, collaborations calculées, etc…).
Jack White – Fear Of The Dawn
On vous en a déjà un peu causé, mais force est de constater que l’ami Jack White fait une nouvelle fois les choses bien pour son nouvel album solo Fear Of The Dawn. Le pouvoir du riff est tel chez ce natif de Detroit que les deux titres publiés avant la sortie de l’album nous avaient déjà happé. Aujourd’hui le disque est disponible en CD et dans une superbe édition vinyle (rien de surprenant avec ce grand défenseur de la galette noire) donc on ne vous conseillera pas grand-chose de plus que de passer à l’action.
En savoir plus : Tu sais que c’est Jack White quand…
Et demain ?
Et nous y voilà, la relève est là ! Dans cette actualité rock printanière, en plus de ces quelques « valeurs sures » qui trainent leurs amplis et leur avant-bras tatoués depuis un bout de temps, on assiste à l’éclosion et/ou la confirmation de groupes qui nous ont séduits ces derniers mois. Le rock de demain est entre vos mains, si vous le voulez bien !
Fontaines D.C – Skinty Fia
Déjà un troisième album des Dublinois de Fontaines D.C qui s’émancipent avec brio de leurs fondamentaux de départ. Je vous laisse aux commentaires des collègues dans la sélection de 10 albums du mois où ce Skinty Fia figure en bonne place. La voix et les textes de Grian Chatten sonnent toujours très juste quand bien même les tempos se sont quelque peu assagis.
Wet Leg – Wet Leg
Un duo de copines tout droit venue de l’Ile de Wight (Wet Leg) qui vient de publier un tout premier album, tout sobrement baptisé Wet Leg, qui fait couler beaucoup d’encre et aide à remplir les festivals. Vous avez peut être le single Chaise Longue qui trotte et traine dans votre tête comme ces titres marquants des débuts de Pixies, The Breeders, Nirvana et autres trublions grunge. Compositions simples et malines, alternance de guitares claires et saturées, les filles n’inventent rien diront les jaloux, mais elle le font rudement bien.
En savoir plus : Wet Leg, percée fulgurante d’un duo féminin
MNNQS – Second Principle
Second Principle, tel se nomme le second LP des français de MNNQS et leurs vibrations bien foutues entre glam, rock psyché, pop et post-punk. Si on ne nous avait pas dit qu’ils venaient de Rouen, on l’aurait pas cru. Signés par un label de Brighton, les Normands ont ce truc anglo-saxon dans le sang, et dans le son, pas de doute là-dessus. On les dit dotés d’une chouette énergie sur scène, pas de doute ici non plus quand on sait que si le Covid n’avait pas tout stoppé d’un coup, ces 4 garçons dans le vent seraient probablement en train d’enchaîner les concerts.
Bob Vylan – The Price of Life
Un OVNI comme les Anglais en pondent régulièrement, c’est le truculent Bob Vylan et son très à propos The Price Of Life. Avec ses textes revendicatifs, ce fils spirituel du collectif punk autonomiste CRASS et cousin anglo-jamaicain des Sleaford Mods n’est pas là pour rigoler. Flow hip-hop, grime, dub, hardcore et punk rock s’agrège parfaitement dans ce deuxieme album qu’on aimerait bien entendre résonner au 10 Downing Street.
SONS – Sweet Boy
Et on termine avec un groupe belge qui a la chance (ou la malchance) d’avoir choisi un nom que les algorithmes n’arriveront pas à retrouver dans les barres de recherche. Avec Sweet Boy, second LP de SONS on reste pied au plancher pendant les 11 titres qui remplissent ce disque. Du rock nerveux, punky et qui fait la part belle aux guitares énervées des nineties. Une rhythmique dense et contenue, soit les ingrédients pour se prendre un bon coup de chaud.