Les meilleurs artistes de dream pop

La dream pop, c’est quoi ?

Apparu au crépuscule des années 1980 au Royaume-Uni, la dream pop est un style de musique aérien qui se base sur une instrumentation éthérée, gorgée d’effets (fuzz, réverbération, échos…) et une voix atmosphérique. Comme son nom l’indique, la dream pop incite au rêve et à l’instrospection. Ainsi, l’auditeur a l’impression d’évoluer dans un nuage de glace électrique. Même au niveau de l’identité visuelle, les pochettes annoncent souvent la couleur : formes abstraites, flous, tons généralement froids…

Céleste et mélancolique, ce genre peut prendre des aspects plus enjoués, tout en mettant l’accent sur une panoplie d’effets. On parle alors de shoegaze, qui tire son nom du fait que les musiciens passaient la plupart de leur performances live à regarder leurs pédales d’effet et par extention leurs chaussures (« shoe », chaussure et « gaze », regarder). Mais qui sont les principaux artisans de la dream pop ? On vous fait un tour d’horizon.

Cocteau Twins

Emmenés par la chanteuse Elizabeth Fraser, surnommée la « voix de Dieu », les Ecossais de Cocteau Twins font partie des grands instigateurs de la dream pop. Après des débuts proches du post-punk et du rock gothique à l’aube des années 1980, le groupe affirme sa patte avec des sonorités atmosphériques, toujours dans un registre très sombre. A la clé, deux coups d’éclat, Blue Bell Knoll et Heaven or Las Vegas, considérés comme des chefs d’œuvre du genre. Les albums suivants ne connaîtront pas le même succès critique et le groupe se séparera en 1997. L’année suivante, Frazer crèvera de nouveau l’écran en chantant sur l’incontournable Teardrop de Massive Attack, ainsi que sur deux autres pistes du monument Mezzanine.

My Bloody Valentine

Eux aussi ont commencé dans l’univers post-punk. Les Irlandais de My Bloody Valentine bluffent ensuite le monde du rock indépendant avec deux albums vertigineux, Isn’t Anything en 1988 et Loveless en 1991. Leur son s’apparente à un véritable brouillard de bruit, d’où surgissent doucement les voix de Kevin Shields et de Bilinda Butcher. Malheureusement, Shields est par la suite miné par le syndrome de la page blanche et sa santé mentale se dégrade ; le groupe se sépare officieusement en 1997. Mais des rumeurs de reformation s’intensifient au cours des années 2000 et My Bloody Valentine est de retour sur scène (puis dans les studios) après dix ans d’inactivité. En 2013, sort enfin m b v, une nouvelle fois très bien reçu. Huit ans plus tard, en 2021, les trois albums sont réédités, pour le plus grand bonheur des fans.

Ride

Figure de proue du shoegaze et de la dream-pop, Ride en 1990 délivre un prodigieux Nowhere. Mélodies et chants très pop contrecarrés par une instrumentation noisy et survoltée, la formule ravage tout sur son passage. Going Blank Again transforme avec brio le premier essai avec des titres vertigineux comme Leave Them All Behind, Twisterella ou OX4. Le groupe s’éloigne ensuite de sa patte d’origine pour suivre le raz-de-marrée Britpop, avant de se séparer en 1996. Depuis 2014, Ride est de retour, avec deux albums depuis sa reformation.

Mazzy Star

De l’autre côté de l’Atlantique, Mazzy Star propose des ballades aériennes, portées par la voix gracieuse de Hope Sandoval et sublimées par une légère réverbération. Le groupe crève l’écran en 1993 avec Fade Into You, qui figure sur l’exceptionnel So Tonight That I Might See. Après un Among My Swan au succès plus confidentiel, le groupe se sépare une première fois en 1997. Sandoval se lance alors dans une carrière solo et signe par ailleurs des featurings d’exception avec notamment Massive Attack (Paradise Circus) et The Chemical Brothers (Asleep From Day).

Slowdive

Retour au Royaume-Uni avec une autre grosse pointure de la dream pop. Le groupe Slowdive signe deux albums majeurs du genre : Just for a Day et Souvlaki. Mais ce n’est qu’après coup qu’il obtient la reconnaissance escomptée, éclipsé à l’époque par successivement le grunge et la Britpop. Le troisième opus, Pygmalion, marque un éloignement radical de la formation par rapport à la dream pop, avant une séparation en 1995. Slowdive se reforme en 2014 avec à la clé un quatrième album, Slowdive, en 2017, qui contient le prodigieux Star Roving, véritable bijou dream pop.

Chapterhouse

Parmi les grands oubliés de la dream pop et du shoegaze, on peut citer Chapterhouse, qui aurait pu connaître un succès beaucoup plus important. Quelque peu eclipsés par le grunge et les mastondontes mentionnés précédemment, la formation peine à trouver un coup de projecteur. Pourtant, le premier album, Whirlpool, porte bien son nom : c’est un tourbillon de sonorités, avec une instrumentation intense qui accompagne un chant sensuel. Le disque suivant, Blood Music (1993), incorpore des influences plus électroniques, avant une séparation l’année suivante.

Chromatics

Quand la dream pop flirte avec l’électro. Fondés par producteur touche à tout Johnny Jewel et la chanteuse à la voix chaleureuse Ruth Radelet, Chromatics font leurs débuts dans la new-wave, avant un Night Drive charmeur, puis surtout un Kill for Love d’exception, considéré comme l’un des meilleurs albums de dream pop. Morceaux éthérés agrémentés de synthés et sublimés par le chant de Radelet, la formule est imparable, à l’image des morceaux Cherry ou Kill for Love. Autre point fort de la formation : sa capacité à s’approprier des grands classiques à sa manière, comme Running Up That Hill (Kate Bush), Into the Black (Neil Young) ou Girls Just Wanna Have Fun (Cyndi Lauper).

M83

Originaire d’Antibes dans le sud de la France et actif depuis 1999, le groupe M83 a surtout bâti son succès à l’étranger, surtout aux États-Unis. Mais en 2011, tout l’Hexagone les (re-)découvre avec le tube planétaire Midnight City, extrait de l’album Hurry Up, We’re Dreaming (un tel titre ne pouvait pas mieux coller à la dream pop). Tout comme Chromatics, leur musique est à cheval entre dream pop et électro, avec une bonne partie de morceaux très planants et vaporeux. Plus de vingt ans de carrière et huit albums, M83 est le porte drapeau français dans l’univers de la dream pop.

Beach House

Beach House, c’est le penchant musical du pot de crème glacée après une rupture (mais pas que, évidemment !). Porté par le voix céleste de Victoria Legrand, ce duo fait partie des artistes qui subliment la tristesse avec brio. Avec à son actif huit albums, dont le dernier en date Once Twice Melody, il s’est imposé comme l’un des groupes phares de la dream pop. Avec un son de plus en plus sophistiqué au fil de sa discographie, Beach House transporte tout auditeur plus près des étoiles à l’image de Take Care (sur Teen Dream), Myth (sur Bloom) ou Space Song (sur Depression Cherry). Une garantie d’avoir des frissons et les yeux humides.

Cults

Entre dream pop et pop des sixties, le duo Cults apparaît sur le circuit au début des années 2010 avec un Cults qui ravit tout afficionado d’indie. Voguant entre légèreté et obscurité, ce premier exercice, porté par le single Go Outside (hymne du déconfinement dix ans plus tard), est un succès. Static transforme l’essai en 2013, avec des titres plus mélancoliques et éthérés, à l’image de l’envoûtant Shine a Light ou du tube Always Forever. Offering poursuit dans cette lancée, avant un Host avec davantage d’influences trip hop.

Alvvays

Direction le Canada pour Alvvays, formation guidée par la voix céleste de Molly Rankin. Deux albums d’excellente facture à leur actif : Alvvays et Antisocialites qui oscillent entre titres enjoués (Adult Diversion, Next of Kin, Not My Baby…) et morceaux plus nostalgiques (Archie Marry Me, Ones Who Love You, Dreams Tonite…). Un équilibre fort bien réussi qui permet au groupe de jouir d’une grande popularité dans l’univers indie. Et comme toute bonne formation de dream pop qui se respecte, elle transporte l’auditeur dans une vague de frissons.

Cigarettes After Sex

L’une des plus grosses cylindrées de la dream pop de ces dernières années s’appelle Cigarettes After Sex. Formé en 2008, le groupe a attendu 2017 pour sortir son premier album, sobrement baptisé Cigarettes After Sex. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente a valu le coup. La voix androgyne de Greg Gonzalez est accompagnée d’un mur du son aérien et gazeux sur lequel pleut une réverbération de notes de guitare. Le succès est vertigineux et la formation se place en haut des affiches de festivals. Deux ans plus tard sort Cry, porté par la même formule magique.

Hatchie

Le monde de l’indie découvrait sa voix angélique avec l’EP Sugar & Spice. L’Australienne Hatchie est entrée par la grande porte dans l’univers de la dream pop avec un sens de la mélodie enchanteur. Entre dream pop à la Cotcteau Twins ou Mazzy Star et pop rock à la Natalie Imbruglia, Hatchie rime avec catchy. Son premier album, Keepsake, confirme les attentes qu’on plaçait en elle avec un son délicieusement agrémenté de réverbérations. En 2022 sort un Giving the World Away aussi émouvant qu’entraînant et qui témoigne de la grande maîtrise de l’Autralienne. Hatchie, future reine de la dream pop ?