Dernier monument du cinéma américain, Clint Eastwood continue de tourner en tant qu’acteur et réalisateur au rythme d’un jeunot. De La Trilogie du Dollar à Cry Macho, retour sur une carrière riche et éclectique dans laquelle Eastwood n’a eu de cesse de réinventer le mythe du héros viril, contestataire et incompris.
La Trilogie du Dollar
Alors qu’il n’avait que jusqu’ici joué les utilités au cinéma et participé à diverses séries télévisées, Clint Eastwood se fait un nom et accède à la consécration grâce à La Trilogie du Dollar de Sergio Leone, inspirée par le Yojimbo d’Akira Kurosawa. Entre 1964 et 1966, il est le héros de westerns devenus cultes (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand) qui font de lui une star internationale, grâce à ce personnage peu bavard et agile autant de ses poings que de ses colts. Un véritable macho des plaines et une image qui lui collera longtemps à la peau.
Un Frisson dans la nuit
En 1971, Clint Eastwood passe derrière la caméra pour la première fois avec le thriller Un frisson dans la nuit. Également rôle principal après la défection de Steve McQueen, il interprète un DJ nouant une relation passionnelle avec une de ses admiratrices. Peut-être un peu trop, car cette dernière s’en prend violemment à son ancienne compagne… Sorte de Liaison fatale avant l’heure, le film s’inspire du vécu de l’acteur-réalisateur, harcelé par une femme plus âgée que lui quelques années auparavant.
L’Inspecteur Harry
Autre rôle emblématique en dehors du cow-boy taiseux, celui de la saga Inspecteur Harry. En cinq films échelonnés entre 1971 et 1988, il incarne un détective solitaire aux méthodes peu orhodoxes et très musclées, adepte du bourre-pif et du politiquement incorrect. Il poursuit à chaque épisode des meurtriers sadiques et autres tueurs en série imaginatifs. Clint réalisera le quatrième volet, Le Retour de l’inspecteur Harry, aux résurgences plus féministes que les précédents.
L’Homme des Hautes Plaines
Inspiré par le travail de Sergio Leone, Clint Eastwood reprend à son compte le personnage du cowboy anonyme, ici surnommé L’Étranger. Pour son premier western en tant que réalisateur, L’Homme des hautes plaines, il interprète le libérateur d’une ville terrorisée par de terribles bandits de grand chemin. Un film âpre et violent devenu un sommet du genre, même si son western le plus célèbre à ce jour reste Impitoyable sorti en 1992, avec Gene Hackman et Morgan Freeman.
Bird
En 1988, après avoir joué et réalisé nombre de polars et de films de cow-boys, Clint Eastwood met en scène son premier biopic, rendant hommage à sa passion pour le jazz. Bird est en effet un hommage à Charlie Parker, prenant les traits de Forest Whitaker. Mélomane et musicien, Eastwood parvient à transmettre sa passion pour cet artiste qui sombrera dans ses addictions et obtiendra le Golden Globe du meilleur réalisateur l’année suivante.
Sur la route de Madison
Il n’y a pas d’âge pour tomber amoureux. La preuve avec Clint Eastwood, photographe de passage, embarquant dans ses bras Meryl Streep, mère au foyer et épouse délaissée, le temps de quelques jours. Romance impossible contrastant avec tout ce qu’Eastwood a réalisé (et joué !) auparavant, Sur la route de Madison, adaptation du roman du même nom de Robert James Waller, a été un énorme succès (180 millions de dollars à l’international) et est toujours considéré comme l’une des plus belles histoire d’amour de cinéma.
Mystic River
Eastwood ne joue pas forcément dans tous les films qu’il réalise. La preuve notamment avec Mystic River, histoire de sévices, de vengeance et de rédemption s’étalant sur plus de 25 années avec Sean Penn, Tim Robbins et Kevin Bacon. Une adaptation d’un best-seller de Dennis Lehane récompensée de deux Oscars (dont celui du meilleur acteur pour Sean Penn) et du César du meilleur film étranger.
Million Dollar Baby
Il faudra attendre 2004 pour que Clint Eastwood obtienne enfin deux Oscars majeurs : celui du meilleur réalisateur et du meilleur film pour Million Dollar Baby. Ou l’histoire d’un ancien entraîneur de boxe rempilant pour prendre sous son aile une jeune fille combative interprétée par Hilary Swank, également auréolée d’une statuette pour l’occasion. Un drame bouleversant qui a mis tout le monde KO.
Gran Torino
Depuis Gran Torino, Clint Eastwood s’échine à enterrer son personnage d’homme solitaire, taiseux et intolérant. En vétéran de guerre raciste devenant le mentor d’un jeune garçon d’origine asiatique, il montre une autre facette de lui, plus protectrice, tout en gardant les armes à la main. L’Inspecteur Harry a de l’arthrose, mais il n’est jamais bien loin. Il est simplement devenu un peu plus humain. Le film est l’un de ses plus gros succès commerciaux, avec près de 270 millions de dollars de recettes. Il fera le double en 2014 avec American Sniper.
Cry Macho
Après Gran Torino et La Mule montrant un Clint vieillissant, irascible mais sensible, Cry Macho semble enfoncer davantage le clou. En ex-gloire du rodéo claudiquant, il montre qu’il en a encore sous le capot. En conduisant sur tout le pays un adolescent turbulent, il affronte pègre, police et passé tumultueux comme un seul homme, malgré ses 90 ans passés. Harry et l’Homme sans nom ne quitteront jamais Clint. Et c’est tant mieux.
