En octobre 2021, Yes sort son nouvel album, The Quest. Soit le vingt-deuxième disque studio d’une des formations pionnières du rock progressif, un courant esthétique basé sur le lyrisme et la virtuosité instrumentale, qui a connu quelques énormes succès dans les années 1970. Voici le top des chefs-d’œuvre du prog pour mieux découvrir le genre !
Frank Zappa – Uncle Meat
Date de sortie : 1969
A la fin des années 1960, en mêlant l’influence de la musique classique, du psyché, et en y ajoutant incursions free-jazz et humour absurde, Frank Zappa créait un style à part, dont la force esthétique devait anticiper la naissance du rock progressif. Avec des titres expérimentaux comme la suite guitaristique Nine Types of Industrial Pollution, d’étranges virgules folkloriques telles Sleeping in a Jar ou des pièces planantes façon Mr. Green Genes, le chef d’orchestre américain poussait le rock encore plus loin sur Uncle Meat, reculant la frontière entre pop et musique savante.
King Crimson – In the Court of the Crimson King
Date de sortie : 1969
C’est avec In the Court of the Crimson King que l’expression « rock progressif » a commencé à se répandre. La formation, bâtie autour de Robert Fripp, compositeur attitré, réussissait avec ce coup d’essai une vraie révolution esthétique. Mêlant le rock le plus heavy, les expérimentations sonores, les passages d’une grande complexité harmonique (et proches du jazz), King Crimson inventait là des couleurs nouvelles pour le rock, à l’exemple du très lourd 21st Century Schizoid Man, de la suite planante Moonchild et du pastoral I Talk to the Wind.
Yes – Fragile
Date de sortie : 1971
Rythmes complexes, riffs guitaristiques descendants du classique, brusque changement d’ambiance : Yes a pris le mot « progressif » au sens propre du terme tout au long de sa discographie. Sur Fragile, la bande de Rick Wakeman, Jon Anderson, Steve Howe, Bill Bruford et Chris Squire bâtissait son ADN, avec des inspirations géniales, comme le très syncopé Roundabout, le catchy Long Distance Runaround ou encore la suite heavy Heart of the Sunrise, qui, avec ses 10 minutes passées, anticipaient les futurs morceaux de bravoure Close to the Edge ou Ritual (Nous sommes du Soleil). Cinquante ans après, Yes poursuit sur cette même veine avec leur nouvel album : The Quest.
Pink Floyd – Meddle
Date de sortie : 1971
Classé tour à tour dans le rock psyché puis le rock planant, Pink Floyd a anticipé ou repris certains éléments typiques du progressif. Ainsi, après un Atom Heart Mother marqué par l’utilisation d’un orchestre symphonique, Roger Waters et les siens se tournaient vers les pièces longues, notamment Echoes, qui occupe l’intégralité de la deuxième face de Meddle. Outre cette chanson hypnotique, la bande importait du prog son caractère expérimental et singulier, avec un morceau comme Seamus (chanté par…un chien) ou la basse envoûtante de One of These Days.
Genesis – Selling England By the Pounds
Date de sortie : 1973
Après Nursery Cryme puis Foxtrot, Genesis, au faîte de sa gloire, livrait avec Selling England by the Pound un chef-d’œuvre de musique progressive. Peaufinant des chansons pop venues d’ailleurs (I Know What I Like (In Your Wardrobe), préfiguration des titres solos de Peter Gabriel), enchaînant purs délires entre musiciens au diapason (Firth of Fifth) et suite pastorale devenant explosive dans son final (The Cinema Show), le groupe tirait du genre toute sa substantifique moelle !
Soft Machine – Third
Date de sortie : 1970
Autour de Robert Wyatt, une bande de musiciens foutraques, composée d’Elton Dean, Mike Ratledge et Hugh Hopper, Soft Machine, définissait ce qu’était l’Ecole de Canterbury, une déclinaison plus expérimentale du rock progressif. Third, troisième album du quatuor, ressemble parfois à du Coltrane, parfois à du Pink Floyd, et pioche dans les influences rock et jazz l’inspiration d’une musique nouvelle, déployée sur quatre morceaux de bravoure occupant chacun une face.
Ange – Au-delà du délire
Date de sortie : 1974
Avec Magma et les expatriés de Gong, Ange représente l’incarnation du rock progressif made in France. Originaire de Franche-Comté, la formation de Christian Descamps déployait, sur Au-delà du délire, l’un des aspects fondamentaux du prog : la narration. En effet, chacun des titres de ce disque (dont Exode, Les Longues Nuits d’Isaac, Ballade pour une orgie) fait partie d’une histoire plus vaste, d’inspiration médiévale, autour de la vie d’un certain Godevin le Vilain… La suite se découvre à l’écoute de ce concept album culte !
Marillion – Script for a Jester’s Tear
Date de sortie : 1983
Grâce à un groupe de la trempe de Marillion, le rock progressif réussissait à survivre dans les années 1980, malgré la concurrence rude de la new wave et de la pop. Introspective, mélodieuse, lyrique, la musique de Marillion varie considérablement le temps d’un disque comme Script for a Jester’s Tear. Construit sur le thème de l’enfance, l’opus voit le premier chanteur de la formation, Fish se livrer à une introspection profonde en écrivant des paroles littéraires et inspirées.
The Mars Volta – Frances the Mute
Date de sortie : 2005
Bien que l’étiquette « progressive » ne soit pas assumée par certains groupes (comme Radiohead) malgré l’influence que le genre a eu sur leur oeuvre, certaines formations font fi des réputations que peuvent avoir les courants musicaux. The Mars Volta en fait partie. Après avoir été membres d’At The Drive-in, et son post-hardcore survitaminé, Omar Rodriguez Lopez et Cedric Bixler-Zavala se muaient en titans du rock progressif en fondant leur nouveau projet musical qui oeuvrait dans le prog versant énervé psychédélique, à découvrir sur Frances the Mute. Cinq titres, dont trois suites, et les deux morceaux majeurs (The Widow et le rock latino de L’Via L’Viaquez) constituaient cet opus exemplaire de la continuité du genre au XXIe siècle.
Porcupine Tree – Fear of A Blank Planet
Date de sortie : 2007
Ambassadeur de la musique progressive de nos jours, Steven Wilson s’est porté aux frontières du rock, du metal et du rock planant avec son groupe Porcupine Tree. Le superbe Fear of a Blank Planet donne l’exemple de l’esthétique d’une formation sans concession, aux arrangements racés et dont les meilleures chansons, comme Anesthetize ou Sentimental, justifient à elles seules l’existence des musiques progressives cinquante ans après leur invention.