Sélection

Le top des meilleurs albums de musiques du monde : voyage garanti !

08 novembre 2022
Par Julien D.
Le top des meilleurs albums de musiques du monde : voyage garanti !

Résumer cinq continents et des décennies de musiques en quelques poignées de disques, l’exercice est périlleux. Musiques de traditions populaires ou savantes propre à une région, une culture, un peuple… Voilà comment on pourrait résumer ce que l’on range sous l’étiquette Musiques du monde (World Music en anglais). Roots, raï, reggae, salsa, afrobeat, cumbia, tzigane ou celtes … Si tous les goûts sont dans la nature, toutes les vibrations du monde sont sur fnac.com.

Ce terme un peu fourre-tout a l’avantage néanmoins de distinguer dans une catégorie spécifique des disques et des artistes qui seraient probablement invisibles dans une classification plus généraliste du type « Variétés Internationales ».

Passé ce constat qui est aussi le fruit d’un débat public qui dure depuis des années, on vous soumet une infime partie de ce qui existe sur le marché. Mais si l’idée serait de n’avoir que quelques disques représentatifs dans leurs genres respectifs, vous pouvez piocher à votre guise dans cette sélection non exhaustive qui fera office de premier pas.

Bon voyage !

Afrique : la terre mère

Fela Anikulapo Kuti / Open & Close

Open-And-Close

Pourquoi cet album du père de l’afrobeat plutôt qu’un autre alors qu’on pourrait en piocher des plus « connus », des plus « vendus » qu’il a publié au fil de sa carrière ? Avec Fela, chacun y va de son disque ou de son titre préféré. Mais si il fallait n’en prendre qu’un, cet album de 1971 enregistré avec son groupe Africa 70 possède en 3 titres (à rallonge) tout l’expressionisme de cet afrobeat dont beaucoup s’inspirent aujourd’hui. Chaleur communicative, groove incendiaire et une ferveur politico-sociale sans concessions.

Cesaria Evora / Miss Parfumado

Mi-perfumado

En 2021, pas vraiment besoin de présenter la diva aux pieds nus comme la surnommeront les promoteurs de cette incroyable destin que fut celui de Cesaria Evora. C’est en 1991 qu’est sorti cet album, révélant tardivement au grand public la richesse musicale du Cap Vert et le délice de ces mornas ou se croise des réminiscences de fado portugais et un swing tout en souplesse, typique de ce coin d’Afrique.

Rachid Taha / Diwan 2

Diwan-2

L’Afrique du nord via l’hexagone. Du raï biberonné au rock et à cette sorte de blues algérois qu’on nomme chaabi, trop longtemps cantonné à quelques troquets de Marseille, de Lyon, de Paris vivra un retour en grâce légitime par le biais d’une partie de cette jeunesse française que beaucoup ne veulent pas voir. Rachid Taha n’est plus, mais sa musique, pleine de bagout et de bon gout, ouverte et généreuse (à l’image de ce génial Diwan 2) elle, restera, pour sûr.

Ali Farka Toure & Toumani Diabate / Ali et Toumani

Ali-Toumani

Deux maestros maliens à l’unisson. L’un est le grand nom de ce blues malien qui aujourd’hui fait plein de petits jusque de l’autre côté du Sahara. L’autre se dispute la place de champion de la kora avec Ballake Sissoko que vous avez tant aimé dans chamber music (avec le violoncelliste Vincent Segal). Entrelacs de cordes, sagesses et poésie, vous voilà avec l’album qui réunit ces deux pointures…Mais rien ne vous empêche d’explorer plus loin les discographies personnelles d’Ali Farka Touré comme celle de Toumani Diabate.

Miriam Makeba / Pata Pata

Pata-Pata-Vinyle-colore

Afrique du Sud, 1966. Mandela est derrière les barreaux depuis déjà 2 ans quand Miriam Makeba livre LA version de Pata Pata (la 1ere date de 1957) au public international. Cet album magnifiquement arrangé et dont la production épouse les standards anglo-saxons de l’époque pourrait peut-être être considéré comme le 1er disque de «World music » à remporter un succès mondial. Polyglotte (Makeba chante dans plein de langues différentes) et foncièrement Sud-africain (beaucoup de chansons traditionnelles), vous avez là un des grand classique intemporel du continent.

Amériques & Caraïbes : le grand melting-pot

Buena Vista Social Club

Buena-Vista-Social-Club

On fête les 25 ans cette année de ce disque qui est désormais aussi célèbre qu’un album des Beatles. Une brochète de musiciens cubains qui faisaient le show pour quelques touristes à la Havane et une aventure sans pareil mené d’une (triple) main de maitre par un producteur génial (Nick Gold), un musicien intègre (Ry Cooder) et un cinéaste brillant (Wim Wenders). La suite de l’histoire et les milions d’albums écoulés depuis 1997, vous la connaissez.

Antonio Carlos Jobim – Elis Regina / Elis & Tom

Elis-et-Tom

En 1974, quand parait cet album, l’un comme l’autre sont des géants de la MPB (Musique Populaire Brésilienne), une terminologie qui synthétise les courants et les influences majeures (samba et bossa en tête) dans un pays ou la musique rythme le quotidien. Si le titre qui ouvre l’album est devenu un ENORME standard brésilien, le reste de l’album est d’une luxueuse simplicité. L’alchimie entre ces deux fortes têtes (et grande voix) transpire à chaque recoin de cet enregistrement mythique.

Ray Barretto / Acid

Acid

Musique de fusion avant l’heure, la salsa n’est pas née à la Havane mais bien à New York sous l’impulsion de la communauté hispanophone. Le percussionniste portoricain Ray Barretto, après avoir fait ses classes dans le jazz reconnecte avec les rythmes de ses ascendants en y incorporant des éléments du funk, du jazz, de la soul alors largement dominants aux USA en cette fin des années 60. Le premier de Barretto pour le compte de « la Fania », maison de disque vitrine du son latino de Nueva-Yorica.

Lhasa / La Llorona

La-Llorona

Chanteuse d’origine mexicaine installée au Canada, Lhasa a su conquérir un public large et international en seulement 3 albums studios. Disparue prématurément à cause d’une longue maladie, sa musique nous plonge dans ce qu’elle était, une artiste entière, bohème, simple, magnétique et érudite. Chanteuse polyglotte, les échos majoritairement hispanophones et les clins d’œil aux grandes voix de l’Amérique latine on fait de La LLorona un des plus célèbres albums du marché « world music » à la saveur intemporelle.

Bob Marley / Legend

Legend

Icône incontestable du reggae, il est l’une des plus grande voix des sans voix à avoir littéralement accédé au statut de rock star mondiale. Dans ce « best of » désormais légendaire (ca va sans dire), vous retrouverez tous les singles de Bob Marley tirés de sa discographie pour Island records. Des « tubes » devenu au fil du temps des véritables « hymnes ».

Pour une plongée plus profonde autour de l’œuvre du célèbre musicien jamaïcain, c’est par ici : 1981-2021 : Bob Marley, 40 ans déjà !

Jorge Ben / 1969

Jorge-Ben

Année charnière dans la pop music, 1969 aura fourni des grands crus. A cette époque au Brésil, la contre-culture est une forme de résistance face aux militaires en place, qui s’écrit au son du tropicalisme. Jorge Ben n’était peut-être pas le plus virulent politiquement de cette trempe d’artistes liés à ce mouvement « rebel », mais force est de constater que sa samba-soul fut une petite révolution qui n’a rien perdu de son caractère fédérateur, militant et groovy.

Calypso Rose / Far From Home

calypso rose 2016

Cette native de Trinidad & Tobago est une des rares représentantes de ce délicieux calypso majoritairement masculin. Est-ce pour cela qu’on a attendu tout ce temps pour découvrir ses textes truculents et son swing ravageur ? Quelques années après un trop discret passage en Europe et au cirque d’hiver qui reste gravé dans les mémoires (le projet Calypso at Dirty Jim), c’est finalement Far From Home, 1er succès de Calypso Rose diffusé à l’international qui devrait résonner pour longtemps sur les platines.

Cumbia-Cumbia / various

Cumbia-cumbia

Si les groupes et orchestres ont sensiblement le même genre de noms et un objectif assez similaire (faire virevolter les couples de danseurs), attention à ne pas confondre cumbia et salsa. Ici, un très beau double album/compilation publié initialement dans les années 90 qui vous présente la crème de la crème des productions colombiennes et voisines. Cuivres, accordéons, percussions addictives et chants hyper expressifs. Attention, dès qu’on y trempe les doigts… C’est les pieds qui s’emballent, on vous aura prévenu.

Kassav / An Ba Chen’n La

An-ba-chenn-la

Un mauvais coup du sort. Alors que la réédition du dernier album studio (Sonjé) d’un de nos fleurons « nationaux » était dans les tuyaux, voilà que l’un des pères fondateur nous lâche. Jacob Devarieux et ses acolytes ont mis en place une redoutable machine de guerre depuis la fin des années 70. Singulier, respecté et adulé depuis des générations, Kassav’ remplit des salles et des stades sur les cinq continents, ce qui est loin d’être le cas pour beaucoup d’artistes et de groupes français omniprésents sur les ondes, vaste débat !

Ti Coca & Wanga-Neges / Haiti Colibri

Haiti-colibri

Voilà donc un disque peu connu du grand public qui mériterait pourtant d’être dans toutes les chaumières des mélomanes. Si on assiste à un intérêt grandissant pour la richesse des musiques haïtiennes, cet album paru en 2007 synthétise parfaitement les courants et fusions musicales de cette ile à part entière dans la Caraïbe. Un enregistrement entièrement acoustique à la vitalité communicative qui n’a rien à envier aux groupes majeurs de compas, cadence et autres merengue. Cette authentique musique créole surnommée twoubadou a fait la réputation de l’excellence des musiciens de l’ile, depuis Port-au-Prince jusqu’à New York City.

Europe : Musiques vivantes sur le vieux continent

Taraf de Haidouks / Band Of Gypsies

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Un sommet des musiques tziganes que cette réunion captée en public entre deux orchestres phares des Balkans. Le vibrant Taraf de Haidouks de Roumanie unit ses forces avec la fanfare la plus pétaradante de toute la région, le Kocani Orkestar, un bulgare et un turc qui passaient par là. Malheureux que vous êtes si comme pour le blues, vous avez l’impression que les musiques tziganes c’est toujours pareil. Reprenez donc une tranche de Band Of Gypsies. Virtuosité, tourbillons, accélérations, décélérations, explosions, tout y est…Comme chez Hendrix, mais en plus nombreux sur scène.

Paco De Lucia / Entre dos Aguas

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Paco, el jefe del flamenco ! Celui qui, comme Piazzolla pour le tango, a révolutionné le genre et lui a permis une aura et une renommée mondiale. Ici l’album charnière de 1975 ou il eut l’idée d’incorporer une basse électrique en soutien rythmique, et d’inviter un autre gratteur de cordes tout droit venu du jazz qu’on qualifie de fusion, à vous de deviner qui ? Celui ou celle qui trouve gagne la même coupe de cheveux que sur la pochette !

McDonnell trio / songbox

Songbox

Il est difficile de faire un choix judicieux quand on aborde le large panorama des musiques celtiques. Celui-ci est certes arbitraire mais il est je pense, assez significatif de ce qui généralement plait quand on a descendus quelques stout dans l’arrière-salle d’un pub de Kilkenny, une région ou le père McDonnell a fait ses classes. Folk, musique traditionnelle, a capella, jigs & reels… Epaulé par ses deux fistons et quelques invités, il ne vous restera plus qu’à taper du pied, les mains tiennent déjà votre Guinness.

Mathias Duplessy / brothers of string

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Ce quartet monté par le français Mathias Duplessy zoome très au-delà de l’Europe. Une combinaison savante, virtuose, savoureuse et même humoristique d’instruments à cordes venus de Suède, Mongolie, Chine et d’ici (une simple guitare folk quoi). Chant diphonique ou timbre gras, quelques reprises inattendues et un album qui sonnera toujours aussi bien dans 20 ans puisque quasi inclassable, donc par essence, indémodable.

Loreena McKennitt / Night from the Alhambra

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La discrète harpiste et grande prêtresse celtico-canadienne enregistrée dans un des plus beaux endroits d’Espagne, l’Alhambra de Grenade. Entre mystique celte et folksong plus ou moins orchestrées, l’élégante Loreena McKennitt fédère un public toujours plus nombreux depuis presque quatre décennies.

Orient/Asie : proche, moyen, mineure ou extrême ?

Nustrat Fateh Ali Khan / Live at Womad 85

Live-At-Womad-1985

Il a fait partie des premières parutions de Real World, le label de Peter Gabriel consacré aux musiques du monde avec une approche de la production (enregistrement studio, mixage, budget, promotion) comme cela n’existait pas vraiment auparavant. Néanmoins, ce ‘live’ sans filtres démontre l’incroyable musicalité de la musique qawwali, une pratique étroitement lié aux rites dévotionnels soufis. Harmonium, virevoltes vocales impressionnantes et jeu de tablas d’une rare virtuosité. Ce chanteur Pakistanais (qu’on pourra facilement confondre avec des musiques cousines de l’Inde ou de l’Iran voisine) fut une véritable rock star de son vivant. Demandé par toute la planète pour des récitals hors norme, il est décédé subitement en 1997. La disparition de Nustrat Fateh Ali Khan couplée aux poussées extrémistes de la région qui réfute cette branche de l’islam qu’est le soufisme à presque complètement éteinte cette incroyable tradition musicale. Snif !

Altin Gun / Gece

Gece

La pop et le rock turc d’inspiration seventies a enfin le vent en poupe après avoir été jugé ringard pendant des décennies. Un porte-drapeau de ce retour en grâce : Altin Gun et ses grooves alliant rock psyché, disco-funk et pop anatolienne. Quand des breaks basse-batterie digne du meilleur funk rencontrent saz, derbuka et voix aux enluminures orientales, l’évocation du Bosphore devient soudainement beaucoup plus sympa que dans un discours d’Erdogan.

Oum Kalthoum / Enta omri

Enta-omri

Imaginez une équivalence de l’Hymne à l’Amour d’Edith Piaf transposé au Caire par la plus grande diva du monde arabe. Titre gigogne, avec une incroyable variété de mouvements comme dans beaucoup de chansons que cette grande voix de l’Egypte aura interprété, Enta Omri fait partie avec une poignée d’autres, des ‘tubes’ de la dame et d’un patrimoine culturel allant d’Agadir à Téhéran. Des tubes de 59 minutes, y’en a pas deux comme ça.

Omar Souleyman / Wenu Wenu

Wenu-Wenu

Avant que la Syrie ne sombre dans le chaos, ce drôle de moustachu faisait les beaux jours de la jeunesse de Damas et des pays voisins. Un flow râpeux sur des beats électro minimalistes et une déferlante d’arabesques orientales sur des synthés trafiqués. Mixage sauvage et percussions en bonus, quand les salles de sports seront encore fermées, une solution : dabkeh dance & yemenit step avec Omar Souleyman à 170 bpm.

Souad Massi / Raoui 

Raoui

Elle sort de sa cachette de temps en temps, mais la chose artistique n’est pas aisée et elle avait mis la barre assez haut sans peut être même s’en rendre compte. La chanteuse Souad Massi nous avait envoutés au début des années 2000, on est encore sous le charme de son premier album Raoui, sa poésie folk sans électricité aux accents franco-berbères. Ils ont Joan (Baez), nous on a Souad.

Article rédigé par
Julien D.
Julien D.
Disquaire à la Fnac Montparnasse
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