Coppola, Scorsese et autres De Palma se sont fait les papes du film de mafia, mais ils sont loin d’être les seuls. Parrains, agents infiltrés, arrestations musclées, exécutions sommaire et Robert De Niro sont au programme des réjouissances de ces films qui fleurent bon la Sicile.
Les Tontons flingueurs (1963)
Un mafieux français sur le point de mourir confie ses affaires à un ami d’enfance, loin de se douter qu’il s’agit d’activités illicites. Comédie culte réalisée par Georges Lautner et dialoguée par Michel Audiard, Les Tontons flingueurs a rapidement accédé au statut de culte, notamment pour ses scènes absurdes et ses répliques aussi poétiques qu’imagées. Lino Ventura, Bernard Blier et Francis Blanche, l’air de ne pas toucher au grisbi, y boivent des boissons brutales et dispersent leurs ennemis façon puzzle, entre deux fusillades au silencieux.
Le Clan des Siciliens (1969)
Des membres de la mafia sicilienne font évader un voleur de bijoux pour les aider à dérober une importante collection de joaillerie exposée dans un musée romain. Henri Verneuil n’hésite pas à marcher sur les plate-bandes des réalisateurs américains avec Le Clan des Siciliens, film policier au suspense implacable. Il vaut notamment pour son trio de stars, Jean Gabin, Alain Delon et Lino Ventura, ainsi que pour sa bande originale, composée par Ennio Morricone.
Trilogie Le Parrain (1972-1974-1990)
La famille Corleone, l’une des plus riches familles de la mafia américaine, en proie à ses ennemis et à ses guerres intestines de succession. Considérée comme l’une des trilogies les plus importantes de l’histoire du cinéma, Le Parrain de Francis Ford Coppola s’impose par sa majesté, son esthétique, sa violence, son casting de haute tenue (Marlon Brando, Al Pacino, Robert De Niro). Devenu film référence en la matière et multi-récompensé, il s’admire autant qu’il s’écoute, au son de la triste ritournelle de Nino Rota.
Mean Streets (1973)
Les tribulations de jeunes hommes dans la petite Italie de New York et cherchant à entrer dans le monde de la mafia. Entre violence sous-jacente et dialogues que ne renierait pas Quentin Tarantino, Mean Streets est l’une des premières incursions de Martin Scorsese dans les films de mafia, genre qu’il affectionnera toute sa carrière. Il collabore ici pour la première fois avec un fougueux et incontrôlable Robert De Niro, opposé à la sagesse relative de Harvey Keitel.
Scarface (1983)
La vie de Tony Montana, malfrat sans foi ni loi qui devient baron de la drogue après avoir éliminé le chef en titre. À ses risques et périls… Entre montagne de coke et déluge de sang, Scarface de Brian De Palma sur un scénario d’Oliver Stone, est un chef-d’œuvre du genre. Il détonne par sa violence par rapport à la première version de cette histoire signée Howard Hawks en 1932. Al Pacino en roi de la mitraillette et Michelle Pfeiffer en vamp satinée, font ici plus que des étincelles.
Les Incorruptibles (1987)
Pendant la prohibition, la traque sans relâche d’Al Capone par l’agent Eliot Ness et sa bande, prêts à payer de leur vie pour arrêter le célèbre mafieux. Avec Les Incorruptibles, Brian De Palma n’en a pas fini de filmer les truands charismatiques. Robert De Niro non plus, puisqu’il incarne Al Capone, opposé à Kevin Costner, Sean Connery et Andy Garcia. À noter la scène-référence au Cuirassé Potemkine d’Eisenstein, avec le fameux landau dévalant un escalier au ralenti pendant une fusillade.
Les Affranchis (1990)
Dans le Brooklyn des années 1950, l’histoire vraie entre grandeur et décadence du gangster Henry Hill qui œuvrait pour la famille Lucchese. Dans Les Affranchis, Martin Scorsese poursuit son exploration de la mafia new-yorkaise en s’intéressant ici à l’un de ses hommes de main. Ray Liotta, Robert De Niro et Joe Pesci y sont de flamboyants truands au doigt toujours vissé sur la gâchette. Pesci a d’ailleurs obtenu pour sa prestation l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle.
L’Impasse (1993)
Un ancien truand qui a purgé sa peine de prison essaie de changer totalement de vie quand son passé le rattrape et le contraint à reprendre ses activités. Brian De Palma dresse avec L’Impasse, un portrait désenchanté d’un ancien mafieux en plein repentir. Peut-on changer ? Et si oui, est-ce possible de le faire sans violence ? Des questions que se posent Al Pacino et Sean Penn, magnifique duo de cinéma.
Il était une fois le Bronx (1994)
Un jeune garçon assiste à un meurtre commis par un chef de la mafia et ne le dénonce pas à la police. Pour le remercier, ce dernier le prend sous son aile. Pour sa première réalisation, Robert De Niro se lance dans un film de mafia, genre qu’il connaît si bien. Dans Il était une fois le Bronx, il joue également dedans et offre à Chazz Palminteri l’un de ses personnages les plus complexes.
Casino (1995)
Le mafieux Ace Rothstein règne sans partage ou presque dans le Las Vegas des années 1970 et va se perdre dans les bras de la sculpturale Ginger McKenna. Cinq ans après Les Affranchis, Martin Scorsese remet ça avec Casino et s’intéresse cette fois à la mafia de la côte ouest. De Niro et Pesci sont de nouveau de la partie, rejoints par James Wood et Sharon Stone signant son rôle le plus intense depuis Basic Instinct.
Donnie Brasco (1997)
Un agent du FBI prend le pseudonyme de Donnie Brasco et infiltre une famille de la mafia new-yorkaise pour la faire tomber. Inspiré de l’histoire vraie de l’agent Joseph D. Pistone, Donnie Brasco de Mike Newell tranche avec les comédies romantiques dont le réalisateur a l’habitude. Al Pacino renoue avec un rôle de parrain et Johnny Depp interprète l’agent du FBI à double facette. Il incarnera à son tour un truand dans le film Public Enemies douze ans plus tard.
Hana-bi (1997)
Un policier dont la femme est mourante commet un casse pour rembourser ses dettes auprès de terribles yakuzas. Entre drame amoureux, polar et de mafia japonaise, Hana-bi de et avec Takeshi Kitano est l’un de ses films les plus lucratifs au Japon et partout à travers le monde. Il a obtenu le Lion d’or à Venise et permis à Kitano d’asseoir davantage sa notoriété en Europe, confirmée par la suite par les sorties de L’Été de Kikujiro et Zatoichi.
Mafia Blues (1999)
Les parrains aussi ont des états d’âme et souffrent de dépression ! C’est ce qui arrive à Paul Vitti, contraint de voir une psychiatre pour tenter d’aller mieux. Mafia Blues de Harold Ramis, est une comédie reprenant tous les codes de la mafia. Robert De Niro rajoute pour de rire un nouveau parrain à son palmarès, aidé en cela par Billy Crystal et Lisa Kudrow dans un de ses premiers rôles post-succès de Friends.
Infernal Affairs (2002)
L’histoire de deux policiers aux destins différents : l’un enquêtant sur les triades hongkongaises et les infiltrant, l’autre travaillant pour elles. Avant Les Infiltrés de Martin Scorsese qui en est le remake, il y avait Infernal Affairs d’Andrew Lau et Alan Mak, film musclé sur les doubles apparences et la frontière entre le bien et le mal. À l’affiche, deux des plus grosses pointures de Hong-Kong : Andy Lau et Tony Leung, acteur fétiche de Wong Kar-wai.
La nuit nous appartient (2007)
Un jeune patron de boîte de nuit cache ses accointances avec la mafia russe dont l’hégémonie commence à gagner du terrain dans le New York de la fin des années 1980. Lorsque James Gray se lance dans le film de mafieux, cela donne La nuit nous appartient, mélodrame policier lancinant et passionnant, porté par Joaquin Phoenix à son meilleur, Mark Wahlberg et Robert Duvall. Gare à ne pas trop tarder pour changer de camp et garder la vie sauve !
Les Promesses de l’ombre (2007)
Une sage-femme recherche la famille du nouveau-né qu’elle vient de mettre au monde et dont la mère vient de mourir. Elle tombe sur un gang de mafia issu d’Europe de l’Est… Après A History of violence, David Cronenberg poursuit sa collaboration fructueuse avec Viggo Mortensen dans Les Promesses de l’ombre. Ce dernier, tatoué de partout, parle un russe impeccable et donne la réplique à Naomi Watts et notre Vincent Cassel national.
Gomorra (2008)
Lorsqu’un mafieux se fait assassiner dans le quartier napolitain de la Camorra, c’est le début d’une escalade de violence pour six personnages aux aspirations différentes. Inspiré d’un essai de Roberto Saviano, Matteo Garrone a lancé un pavé dans la mare avec son Gomorra. Grand Prix du Jury à Cannes, il offre à Toni Servillo l’un de ses plus beaux rôles et a énormément fait parler en Italie. Le retentissement fut tel qu’en 2014 la série Gomorra a vu le jour et a étendu cet univers sur quatre saisons.
Malavita (2013)
Un ancien mafieux qui a trahi son camp se retrouve avec sa famille dans un programme de protection des témoins. Tout ne va pas se passer comme prévu… Malavita détonne dans la filmographie de Luc Besson. Entre drame et comédie, loin de tout effet dont il a l’habitude, il s’offre le luxe de diriger trois stars d’exception : Robert De Niro, indispensable dans tout bon film de mafia qui se respecte, Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones.
The Irishman (2019)
La mystérieuse disparition du syndicaliste Jimmy Hoffa et la montée en puissance de Frank Sheeran dans le monde du crime organisé. Martin Scorsese en a-t-il terminé avec la mafia ? Pas certain. Film-fleuve (plus de quatre heures !) et crépusculaire, The Irishman n’est visible que sur Netflix, aucune production n’ayant souhaité se lancer dans un tel projet titanesque. Le casting est légendaire : Robert De Niro, Al Pacino, Joe Pesci, soit la sainte trinité du film de mafia de ces cinquante dernières années.
Le Traitre (2019)
La guerre intestine de la Cosa Nostra, la mafia palermitaine et dont l’un des parrains, Tommaso Buscetta, accepte de collaborer avec le juge Falcone pour faire tomber l’ensemble du réseau de ses anciens collaborateurs. Film testament d’une triste période de l’histoire de l’Italie, Le Traitre de Marco Bellocchio est si documenté qu’il donne l’impression d’assister à un reportage tourné à l’époque. Outre la performance à couper le souffle de Pierfrancesco Favino, on exulte devant le procès de tous ces pontes de la mafia se servant de la cour comme d’une tribune ou d’une scène. Du grand spectacle à l’état pur.