L’anthropomorphisme est l’attribution de propriétés humaines à un animal ou à un être inanimé. Au cinéma, ce procédé a permis l’émergence de personnages emblématiques qui ont marqué l’histoire du film d’animation.
Le Roi Lion
Commençons par un pionnier en matière d’anthropomorphisme au cinéma : Le Roi Lion. L’un des meilleurs Disney. Impossible d’être passé à côté de ce monument si vous avez grandi dans les années 2000. Pour les rares d’entre vous qui ne connaîtraient pas l’histoire, résumons. L’intrigue nous plonge au cœur d’une savane où règne une famille de lions à laquelle appartient Simba, l’héritier au trône. Sitôt né, le jeune lionceau doit déjà se soumettre aux vicissitudes du pouvoir monarchique.
Kung Fu Panda
Depuis 1998, le studio DreamWorks Animation est passé maître dans l’art de la création des héros anthropomorphes. Shrek, Madagascar, Nos voisins, les hommes, Gang de requins, pour n’en citer que les plus connus. Et il y a Kung Fu Panda, l’une de leurs trilogies les plus réussites. Le titre fait croire à un film tout droit sorti pour jeune adolescent alors qu’en réalité, le sujet traite de thématiques qui parlent aussi aux adultes. L’avantage de l’anthropomorphisme c’est que tout le monde peut s’identifier aux personnages, au-delà de leurs apparences physiques.
Ratatouille
DreamWorks Animation n’est pas le seul studio d’animation à faire de l’anthropomorphisme le creuset de ses créations cinématographiques. Le studio Pixar s’est également fait une spécialité des héros animaliers ; à ce titre, il fallait absolument évoquer Ratatouille. Rémy est délicieusement attachant, les plans magnifient la ville de Paris et la bande-son de Michael Giacchino parfaite. Le film a si bien marché en 2007 que le nombre d’adoption de rats domestiques aurait bondi dans certains pays ! Il semblerait que la fiction anthropomorphique soit capable d’influer sur notre rapport à la nature…
Le Voyage Extraordinaire de Samy
Même si les héros apparaissent sous les traits d’un animal, il est rarement question de bestialité. Au contraire, l’animalité n’est qu’un apparat, un masque, un prétexte à parler d’humains. L’anthropomorphisme marin ne déroge pas à ce principe : Le Voyage Extraordinaire de Samy ne parle pas de tortues. Il s’agit d’abord d’une vaste réflexion sur l’amitié malgré le temps qui passe. S’il est question de la pollution des océans, il s’agit d’une thématique subsidiaire qui ne constitue pas le ressort narratif principal sur lequel repose l’intrigue. L’histoire est plus simple : Ray et Samy sont deux amis d’enfance qui voguent sur les océans à la recherche de l’amour.
Le Monde de Némo
Encore de l’anthropomorphisme aquatique ! Dans Le Monde de Némo, Pixar s’attaque cette fois-ci aux poissons et autres créatures maritimes. Remarquez que dans ce film ce ne sont pas seulement les personnages animaliers principaux qui font passer des messages aux spectateurs. Le Monde de Némo parvient également à humaniser l’océan, tantôt inquiétant tantôt rassurant. À la manière de La Fontaine, le monde des fonds marins devient le prisme par lequel le spectateur redécouvre le monde humain.
Le Monde de Narnia
Tirée de l’oeuvre littéraire de Clives Staples Lewis, Le Monde de Narnia est une magnifique saga d’aventure sur la découverte d’un monde magique peuplé de créatures mystérieuses et de toutes sortes de bestioles dotées de parole. En littérature, on préfèrera parler de personnification plutôt que d’anthropomorphisme, mais le principe reste identique. À la différence des films précédemment cités, Le Monde de Narnia propose un traitement différent de l’anthropomorphisme au cinéma. Les animaux de l’univers renvoient moins à l’humanité que à leur propre existence. Leur animalité, leur indépendance. Les protagonistes principaux se découvrent au contact d’une altérité qui ne ressemble en rien à la société qu’ils connaissent.
Dragons
Sorti en 2010, Dragons a connu un tel succès que son réalisateur a décidé d’en faire une trilogie qui met en scène l’amitié entre un enfant viking et un dragon volant. Ici l’anthropomorphisme délivre un message poignant autour de l’amitié : le film est touchant parce que Krokmou est un compagnon de route spirituel dont on rêverait tous de côtoyer.
Zootopie
Quand la mécanique de l’anthropomorphisme est poussée à son paroxysme, cela donne Zootopie : un film qui parle des humains à travers les animaux. Ces derniers y apparaissent civilisés, se tiennent debouts et sont vêtus en tenue de ville. Ce film dont les personnages nous ressemblent, doit son succès à leurs réactions et à leurs mimiques si humaines. Dans le cas de Zootopie, l’anthropomorphisme permet de concilier l’instruction morale et le plaisir fictionnel ; autrement dit, allier l’utile à l’agréable par la création de personnages originaux. Judy est une lapine-policière qui, malgré sa petite taille, entend se faire respecter. Ce personnage parvient à cristalliser autour de lui un certain nombre de sujets sociétaux très actuels concernant la dénonciation des injustices sociales – un sujet épineux sur les discriminations de race, de genre et de classe que l’anthropomorphisme permet de traiter avec sérénité.
