Cette année 2023 a été riche en sorties d’albums, notamment en variété française. Dans ce dédale, certains d’entre eux ont attiré mon attention et m’ont particulièrement plu. Vous les trouverez ci-dessous. Belle lecture et surtout belle écoute ! En espérant que vous y trouverez vos futures pépites. Belles fêtes à tous et toutes !
Isabelle Adjani – Bande originale
Bande originale est un album scruté sous toutes les coutures. Le premier album et dernier album en date d’Adjani datait de 1984. C’était Pull Marine, concocté avec Serge Gainsbourg. Cette Bande originale a mis plus de 10 ans à voir le jour. Accompagnée d’artistes éclectiques (Christophe, Akhenaton, David Sylvian, Daniel Darc…), Adjani prouve avec cet album pop l’étendue de son talent. Toujours là où on ne l’attend pas, ce qui est le propre des grands artistes, elle s’affirme incontestablement en tant que chanteuse. Un vrai bonheur.
Arno – Les duettes
Mon Dieu qu’il nous manque ce chanteur de charme ! Arno a souvent allié sa voix et sa poésie à celles de nombreux artistes qui ne naviguent pas forcément dans le même univers que lui. Ces duos, ce sont des rencontres, des coups de foudre et des folies douces. Ils représentent surtout un partage fort et éphémère qui leur offre une saveur unique. On peut écouter milles fois ces titres, ils auront toujours cette fraîcheur du début.
Benjamin Biolay – A l’auditorium (live)
Est-il encore utile de présenter ce garçon dont le talent ne fait que grandir, grandir encore depuis des années ? Benjamin Biolay fait désormais partie du paysage des grands de la chanson française. Compositeur, mélodiste, musicien hors-pair… Ce projet de mêler sa musique à un orchestre symphonique semblait évident tant les deux sont faits pour s’entendre. On retrouve tous les succès qui ont traversé la carrière de Biolay dans des versions à la fois intimistes et grandioses. Difficile de ne pas tomber sous le charme de ces mélodies soyeuses et de cette voix de crooner incomparable. A l’auditorium : l’album live de cette année.
Alban Claudin – Room of reflection
Je ne le dirais jamais assez : ce garçon a un talent fou. Pianiste doué, Alban Claudin propose un voyage musical qui invite à prendre du recul et à appuyer sur pause. Dieu sait que nous en avons besoin. Room of reflection touche au sublime. Le calme et la paix qui s’en dégagent effacent les orages et les tempêtes alentour. Cet album fait du bien. Il réconforte et adoucit la vie. Prenez le temps de l’écouter, vraiment.
Zaho De Sagazan – La Symphonie des éclairs
Voix grave, textes saisissants transcrivant de manière puissante les sentiments, interprétation percutante, diction singulière… Zaho de Sagazan dépoussière la chanson française d’antan en y apportant des sons électro et sa forte personnalité de femme d’aujourd’hui. Les émotions nous secouent de part en part. La Symphonie des éclairs est assurément la plus belle surprise de cette année.
Etienne Daho – Tirer sur les étoiles
Enregistré à Londres, Paris et Saint-Malo, ce 12e album scelle la volonté d’Etienne Daho de ne pas cloisonner les genres et de s’entourer d’artistes de tous styles. Voici où réside la force des artistes qui durent. La pop rétro (hommage à Ava Gardner et Franck Sinatra) de l’éternel amoureux se pare d’orchestrations grandioses transpercées par des lignes électro. Toujours aussi classe dans son allure que dans ses chansons, Monsieur Daho n’en finit pas de produire encore et encore des albums de toute beauté. Tirer sur les étoiles en fait partie.
Tim Dup – Les Immortelles
Divin, ce Tim Dup fascine encore et encore par ses mélodies magiques. Les Immortelles regorgent de tendresse, de douceur, d’amour. En tenant la barre de ce nouvel album, Tim Dup lâche prise. En ressortent des chansons d’un raffinement plein de superbe. On se saoûle avec plaisir à cet élixir musical. Encore trop méconnu du grand public, ce garçon sensible mérite toute votre attention.
FFF – I scream
S’il y avait un groupe français absent des radars depuis longtemps, c’est bien FFF (Fédération Française de Funk), chacun des membres étant occupé à divers projets, pas forcément musicaux. Quelle n’a pas été notre surprise de voir leur retour dans les bacs avec I scream. Mais après toutes ses années, l’alchimie, la funkytude étaient-elles encore de mise ? On pouvait légitimement se poser la question. La réponse ? Cela fonctionne ! FFF a toujours le sens du groove et la verve qui va avec. Quel flow de Marco Prince ! Un retour gagnant !
Grand Corps Malade – Reflets
On ne va pas se le cacher : ce garçon, je l’adore ! Pour différentes raisons. La principale ? Ses mots, sa plume, son verbe… Ici, les Reflets constituent le fil conducteur. Légères ou graves, les chansons traduisent les humeurs de l’homme, du père, du citoyen et, au-delà, de notre société. « Je ne sais pas si ce sont eux qui se reflètent dans mes chansons ou si ce sont mes textes qui se reflètent dans leurs yeux. J’ignore qui inspire l’autre, mais j’aime que le public se voie en moi et j’aime me voir en lui… Si une phrase rencontre l’émotion des autres, c’est la plus belle des récompenses. » (Fémina du 15 octobre). On vous retourne le compliment, Grand Corps Malade.
Karen Guiock Thuram – Nina
Je les entends déjà, ceux qui s’insurgent qu’on ose reprendre la grande Nina. C’est vrai que l’oeuvre de Nina Simone en impose, tout comme la personnalité de l’artiste. Mais quand on a du talent et que résonnent en vous les mêmes valeurs et les mêmes combats, on a raison d’oser. Ne boudez pas ce plaisir de réécouter dans la voix de velours de Karen Guiock Thuram des chansons où noblesse et rébellion ne formaient qu’une. Un bel hommage à Nina Simone.
Hoshi – Coeur parapluie
Elle s’était fait connaître avec sa marinière. Depuis le chemin s’est parsemé de nouvelles chansons et d’un public aimant. Malgré la maladie et le harcèlement dont elle a été victime sur les réseaux sociaux, Hoshi continue contre vents et marées à écrire son histoire en musique. Son dernier album, « c’est l’album dont la conception m’a fait le plus de bien, il m’a guérie d’un truc. J’ai pu faire un bilan sur ma vie. Cela m’a vidée de plein de choses », explique-t-elle à 20 Minutes. En termes de sincérité, Hoshi y va de tout son coeur et ses tripes. Et c’est ce qui donne sa tonalité à cet opus. Hoshi, en japonais, signifie étoile. On est heureux qu’elle continue de briller de mille feux, notamment avec Coeur parapluie.
Jain – The Fool
Qu’est-ce qu’on l’adore Jain ! Même si elle délaisse les rythmes world qui ont coloré sa pop pour se diriger vers une musique davantage inspirée par le folk des années 70, Jain reste une des artistes françaises les plus douées de sa génération. Après le tourbillon des deux premiers albums, elle a voulu marcher sur des chemins nouveaux. The Fool explore tout ce que peut induire un nouveau départ, de l’excitation au doute. C’est plutôt réussi.
Michel Jonasz – Chanter le blues
« Du blues, du blues, du blues », chantait Michel Jonasz il y a des années. Pour son retour, il continuer de le chanter haut et fort, avec l’énergie des premières heures. On n’imagine pas que le monsieur a déjà 50 ans de carrière au compteur. Aucune lassitude dans son métier et son amour de la musique. Avec Manu Katché ou D’Angelo, Jonasz rend hommage à ses mains noires qui, sur des guitares, donnaient le jour au blues. Les petits jeunes devraient en prendre de la graine. Qu’ils n’hésitent pas à écouter Chanter le blues.
Karkwa – Dans la seconde
C’est l’un des groupes francophones les plus doués. En pause pendant plusieurs années, le gang du Québec est de retour. Et ce n’est pas pour nous déplaire même si les projets solos étaient eux aussi tout à fait excitants. On aime toujours, chez Karkwa, les mélodies lyriques, cette fusion musicale des musiciens, la voix de Louis-Jean et cette manière de capter la vie, les sentiments. C’est indéniablement l’un des groupes qui peut rivaliser avec les groupes anglo-saxons pour prouver que le pop-rock peut se chanter en français avec beauté. L’album Dans la seconde le prouve.
Raphaëlle Lannadère – Cheminement
Fermez les yeux ! Détendez-vous et laissez-vous bercer ! La voix de Raphaëlle Lannadère est là, toujours aussi fébrile et puissante, aimant encore et encore conter des histoires enveloppées d’une délicate poésie. Depuis son 1er album, Initiale, qui lui avait valu la Une de Télérama, elle chemine par monts et par vaux, lentement, à son rythme. On vibre, on frémit et on est ému par Cheminement. On est là où aucune autre artiste nous a emmenés.
Bernard Lavilliers – Métamorphoses
Le 26 avril 2022, Bernard Lavilliers accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Radio France au studio 104 de la Maison de la Radio et de la Musique, proposait une relecture d’une partie de son répertoire en version symphonique. Les versions symphoniques, on en entend de plus en plus. Qu’est-ce qu’un orchestre de ce genre pouvait apporter à l’art de Lavilliers ? Comment la salsa, le reggae, le rock du grand Bernard pouvaient-ils sonner ? On était dubitatifs. Force est de constater, mea culpa, que cette Métamorphose est très séduisante, mettant en lumière les mots (et quels mots !) de ce grand monsieur.
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Nach – Peau Neuve
Difficile de se faire un prénom quand on a une grand-mère, un père et un frère qui sont déjà dans la lumière. Anna Chédid a cependant, réussi à trouver sa place. On retrouve dans ce nouvel album, Peau neuve, sa poésie sensible et sa chaleur. La voix de Nach y est enveloppante et pleine de grâce. Cet opus est vraiment plein de charme, façonné par les mains d’une artiste passionnée et très attachante.
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Pascal Obispo – Le beau qui pleut
Déjà 12e album pour Pascal Obispo ! Compositeur et musicien émérite, Obispo nous séduit d’abord avec le titre, Le beau qui pleut. Tout un programme se cache dans ces quelques mots. La pop de l’artiste a pris en épaisseur au fil du temps. L’expérience peut-être ! Côté textes, il a fait appel à Pierre-Dominque Burgaud, auteur expérimenté et habile (Alain Chamfort, Le Soldat Rose…). Comme avec son comparse précédent, Lionel Florence, une belle connexion s’est installée entre le compositeur et l’auteur. Ces deux amoureux de la langue française ont voulu chercher le beau et, ma foi, ils l’ont trouvé.
Sofiane Pamart – Noche
Ses collaborations avec des rappeurs ont fait sensation même si, personnellement, ce n’est pas la partie de son travail que je préfère. N’oublions pas que ce garçon est un pianiste classique de haut niveau après un passage très studieux au Conservatoire. Ses albums personnels l’attestent. C’est la nuit, en Amérique Latine, lors de voyages, que Pamart a capté, pour Noche, leur mélancolie douce. Pamart est un artiste original. La modernité de son approche de la musique classique, qu’il connaît sur le bout des doigts, permet aux novices comme moi de pénétrer dans ce domaine un peu ardu. Piano King continue sa success story.
Aliocha Schneider – Aliocha Schneider
Avec déjà deux albums au compteur aux influences folk, Aliocha Schneider revient avec un opus, plus tourné vers la pop et surtout chanté en français. Dans cet album intimiste, Aliocha se livre comme jamais. Il y est question d’amour, de désirs et de distance, de l’inspiration qui lui est venue pendant un tournage loin de sa bien-aimée. On retrouve toute la douceur et la félicité de cet artiste que je vous invite ardemment à découvrir si vous ne le connaissez pas encore.
Clara Ysé – Oceano nox
« Mon album parle de ce que l’on fait avec ce qui est brisé à l’intérieur de nous. On découvre que, souvent, ce n’est pas réparable, mais on peut réinventer un monde et donner un sens à ce qui a été cassé, » explique Clara Ysé à 20 minutes. Comme avec Raphaëlle Lannadère, c’est à un plongeon dans un océan de poésie que vous êtes invités. La voix a des réminiscences de son apprentissage du chant lyrique. Oceano nox vient d’une phrase tiré de l’Enéide de Virgile : « Et ruit Oceano Nox » qui peut se traduire par Et la nuit s’élance de l’océan. C’est cet océan profond et sombre que Clara traverse avec nous, nous emmenant au bout du compte vers la lumière. Ancré dans le passé mais tournée vers le futur, Clara Ysé offre une chanson française inclassable. Une très belle découverte.