Sélection

Les meilleurs mangas alternatifs

07 août 2025
Par Pauline Licata
Les meilleurs mangas alternatifs

Difficile de ne pas connaître Dragon Ball, Naruto, One Piece ou L’Attaque des titans : des lectures passionnantes mais à la structure assez similaire. Fort heureusement, le riche genre du manga offre également d’autres types d’albums. Voici une sélection non exhaustive et parfaitement subjective de quelques bijoux du manga alternatif. L’idéal pour faire un pas de côté et dénicher des œuvres atypiques comme originales, et non moins bien réussies que les incontournables.

Que vous soyez novices dans l’art des BD japonaises ou passionnés par celles-ci, vous cherchez peut-être à lire et à admirer des mangas avec un contenu différent de celui qu’on voit habituellement. Ainsi, loin des shōnen classiques et des seinen qu’on ne présente plus : certains ouvrages se distinguent grâce à la singularité de leur trame narrative et des thématiques abordées ou encore par leurs tons et leurs traits.

Elégie en rouge – Seiichi Hayashi (1970)

Élégie en rouge a été publié pour la première fois à l’aube des années 1970 dans Garo, un mensuel japonais de BD qui a joué un grand rôle dans l’histoire du manga d’auteur avec une mise en lumière des récits underground et avant-gardistes.

En 1968, les révoltes étudiantes secouent également le Japon où une jeunesse en quête de sens bouscule les normes. Parmi elle, Ichiro, aspirant mangaka, et Sachiko, jeune femme refusant un mariage arrangé, vivent une relation libre – situation peu courante dans le pays à l’époque. Mais, malgré ce refus des codes, leur quotidien est marqué par l’ennui qu’ils tuent grâce à l’alcool et les cigarettes, ainsi qu’un vide conversationnel comblé par le langage sexuel des corps. À travers ce portrait intime, Seiichi Hayashi dresse la métaphore d’une génération désorientée et désabusée. Ce poème graphique très elliptique, fortement inspiré par la Nouvelle Vague, se démarque encore, des décennies après, par la modernité de son style et de son propos.

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Période bleue – Mizumaru Anzai (courant années 1970)

À la même époque et dans le même magazine que Seiichi Hayashi ou encore que Yoshiharu Tsuge, Mizumaru Anzai fait paraître Période bleue. Un recueil de nouvelles directement inspiré de l’enfance du mangaka dans un village de bord de mer. Beaucoup de nostalgie et de poésie se dégagent des pages bleutées, aux intensités de couleurs nuancées par les différents souvenirs. Ou comment capturer avec brio le passage à l’adolescence, ce moment aussi précieux que fugace, retranscrit à l’aide d’une narration épurée et vague qui ramène le lecteur à ses propres réminiscences. Avec son trait plus qu’onirique, il n’est pas étonnant que Mizumaru Anzai ait imaginé certaines couvertures des romans de Haruki Murakami, un de ses grands amis.

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Je suis Shingo – Kazuo Umezu (1982)

Si l’on demandait à Junji ItoMinetaro Mochizuki ou Kiyoshi Kurosawa leurs influences, nul doute qu’ils citeraient Kazuo Umezu. Né en 1936, on doit à Umezu d’avoir posé les bases du manga horrifique en quelques ouvrages : La Femme-serpent (1966), Baptism (1974) et surtout L’École emportée (1972), joyau dans lequel science-fiction, épouvante et charge politique se mêlent dans des planches d’une noirceur pénétrante.

Mais c’est Je suis Shingo, manga ambitieux et inclassable, qui finit de faire de lui un auteur exceptionnel. Cette histoire d’amour naissante entre deux enfants, et d’amitié avec une intelligence artificielle (dans les années 1980, l’IA n’était pas aussi à la mode), a priori absurde, se fait poétique et métaphysique, servie par un dessin aussi inventif que la narration.

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L’homme sans talent – Yoshiharu Tsuge (1985)

L’homme sans talent est un mankanga aux idées bien arrêtées qui, par refus des compromis et des commandes, n’a pas su rencontrer le succès, et ne parvient plus à subvenir aux besoins de sa famille. Enclin à la rêverie, il tente de survivre en vendant des « pierres paysages », mais s’enfonce dans un quotidien morne, marqué par la misère sociale, dans un Japon en mutation où les traditions sont brusquement confrontées à la modernité. Cette fresque des affres de l’échec, largement autobiographique, alterne entre humour et passages crus.

Contrairement à son titre, Yoshiharu Tsuge prouve qu’il est tout sauf un mangaka sans talent en excellant dans l’art du watakushi manga (récit du moi) avec cet hommage aux excentriques, notamment salué par une nomination au Festival d’Angoulême en 2005 pour le prix du meilleur album.

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Le Pacte de la mer – Satoshi Kon (1990)

Il y a Hayao Miyazaki, figure « officielle » de l’animation japonaise. Et il y a Satoshi Kon, qui en l’espace de dix années et quatre films (de Perfect Blue à Paprika), a montré un autre visage de l’animation, plus sombre et psychologique, jouant avec les codes et la censure.

Ce qu’on sait moins, c’est que si la postérité a retenu son talent de réalisateur, Kon fut aussi un mangaka. Le Pacte de la mer raconte un moment d’une petite ville en bord de mer, censément protégée par des sirènes qui voient leur territoire s’amenuiser au profit d’un parc d’attractions.

Entre animisme et urbanisation galopante, influencé tout autant par Hayao Miyazaki que par Katsuhiro Otomo, l’auteur d’AkiraLe Pacte de la mer est une œuvre remarquable, une autre façon d’entrer dans l’univers riche et intense – et malheureusement trop bref – de Satoshi Kon.

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Une vie dans les marges – Yoshihiro Tatsumi (1995)

Qui d’autre que Yoshihiro Tatsumi, le père du gekiga – mangas aux dessins dramatiques destinés aux adultes – pour raconter l’évolution du manga dans le Japon d’après-guerre ? De l’âge d’or de la BD japonaise à sa production industrielle, Une vie dans les marges constitue un document autobiographique et historique rare en deux tomes denses, qui convoquent tous les acteurs mythiques de l’époque. Une lecture fascinante pour les amateurs de mangas désireux d’en savoir plus sur ce médium, comme pour les néophytes amateurs de belles pages. Incontournable.

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Voyage – Yuichi Yokoyama (2005)

Quand le périple est plus intéressant que la destination elle-même… Trois hommes montent à bord d’un train, nous ne connaissons pas la finalité de leur trajet. Sans narration, nous assistons à leur déambulation silencieuse entre les wagons.

S’il vous est impossible de percevoir le génie de Yuichi Yokoyama, vous ne retiendrez de ce Voyage que de belles illustrations très stylisées. En revanche, si vous parvenez à lire – ou plutôt à voir – entre les lignes, vous discernerez une création qui interroge la déshumanisation et dénonce l’absurdité d’une existence linéaire. Une vraie réussite sur notre monde qui déraille.

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Solanin – Inio Asano (2005)

Ses héros sont souvent des « freeters » (jeunes vivant de petits boulots) à l’avenir bouché, qui ont quitté les études pour se consacrer à leur groupe de musique, sont des mangakas en pleine crise existentielle ou des lycéens sans trop d’amis… Du chef-d’œuvre Bonne Nuit Punpun à Dead Dead Demon’s Dededededestruction en passant par Un monde formidable, Inio Asano raconte mieux que personne la jeunesse japonaise en manque de repères, le fossé grandissant entre ceux qui nous dirigent et ceux qui entrent sur le marché du travail, la tyrannie de l’édition littéraire, les atermoiements des jeunes adultes… Des thèmes au centre de l’histoire du couple formé par Meiko et Taneda dans Solanin.

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La fin du monde, avant le lever du jour – Inio Asano (2008)

Et parce qu’il est clairement impossible de ne choisir qu’un seul livre parmi toutes les pépites créées par Inio Asano, on vous en présente un autre qui vaut le détour. En reprenant les thèmes de prédilection de l’auteur, La fin du monde, avant le lever du jour se distingue par sa profondeur émotionnelle et son exploration poignante du mal-être humain. Un ouvrage à la fois universel et inclassable, qui n’a nul besoin d’être rangé dans une case pour que la beauté de ses illustrations nous émeuve et que l’on se reconnaisse dans la complexité de ses personnages.

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Sunny – Taiyô Matsumoto (2010)

Il existe des endroits où tout est possible. Pour les enfants d’un centre d’accueil, il s’agit d’une veille Nissan Sunny jaune abandonnée dans la cour de leur foyer. Au cœur de l’habitacle de cette voiture immobilisée depuis des années, un imaginaire ensoleillé prend place : les bambins vivent leurs rêves et s’inventent une nouvelle réalité, loin de ce monde où les adultes ne veulent guère d’eux.

Avec une narration cassante, mais sans tomber dans le pathétique, Taiyô Matsumoto offre un remarquable manga « tranche de vie », toujours avec le thème récurrent de l’abandon (déjà présent dans Amer Béton) qu’il maîtrise à la perfection et décrit avec précision et justesse, ayant lui-même fréquenté ce genre d’établissements durant son enfance. Un scenario original sublimé par un dessin singulier aux inspirations européennes, à l’instar de Jirô Taniguchi.

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Décryptage
28 mai. 2025
Article rédigé par
Pauline Licata
Pauline Licata
Conseillère Fnac.com
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