Décryptage

Le meilleur de Jiro Taniguchi

17 juin 2022
Par Anastasia
Le meilleur de Jiro Taniguchi

Patte européenne certifiée, talent indubitable, fresques réalistes et saisissantes : dans le domaine de la bande dessinée japonaise, Jiro Taniguchi est un artiste bien en place. Véritables pépites littéraires et graphiques, ces œuvres offrent tout ce en quoi le manga peut prouver être un art à part entière.

Jirō_Taniguchi_-_Lucca_Comics_and_Games_2011_-_2Jiro Taniguchi : Qui est-il ?

Jiro Taniguchi est fils de parents sans grands revenus. Doté d’une santé fragile, le jeune Jiro a très vite aménagé son temps entre la lecture et le dessin. À l’âge de 4 ans, un incendie ravage la ville où il réside, calcinant les 2/3 de Tottori… dont sa maison familiale. Cet événement le marque au fer rouge. Plus tard, il reviendra dessus dans Le Journal de mon père.

Durant son adolescence, son intérêt se porte très vite sur les seinen et gekiga (« dessins dramatiques »), sous l’influence de Yoshihira Tatsumi. En effet, le jeune homme s’intéresse de près aux sujets « graves », faisant préoccupation auprès des adultes. La magazine Garo joue un rôle important dans la formation du mangaka qui étoffe son goût pour l’underground et les œuvres d’avant-garde.

C’est en 1969 qu’il décide officiellement de devenir mangaka après avoir exercé des emplois de bureau qui ne lui conviennent pas du tout. Pour cela, il monte à Tokyo et devient l’assistant de Kyuta Ishikawa pendant 5 ans. Cette histoire, vous pourrez d’ailleurs la retrouver dans sa superbe œuvre : Un zoo en hiver. Par la suite, il deviendra l’assistant de Kazuo Kamimura.

C’est à cette même période qu’il fait la fabuleuse découverte de la BD européenne dont le style va fortement l’influencer. Dans les années 1980, il prend son indépendance, et il faudra attendre les années 1990 pour que son intérêt s’étaye sur l’étude des faits de la vie quotidienne, des relations entre les êtres humains, les Hommes et les animaux.

Très peu valorisé au Japon pour son style jugé « simpliste », Jiro Taniguchi a trouvé son public dans les pays occidentaux. Comme une évidence, ses œuvres envahissent les foyers et sa notoriété n’est plus à prouver. Après avoir publié de nombreuses bandes dessinées/mangas/romans graphiques (appelez ça comme vous voudrez), et avoir pu concrétiser son rêve chaque jour un peu plus, Jiro Taniguchi s’éteint des suites d’une longue maladie, le 11 février 2017 à l’âge de 69 ans.

Jiro Taniguchi : Ses influences

Une forte influence européenne

À ses débuts, Jiro Taniguchi se tourne vers du roman noir américain à des fins de détournement humoristique sous forme de BD. Mais ce qui inspire également notre jeune mangaka, ce sont les romans animaliers, dont ceux d’Ernest Thompson Seton. Il lui rendra d’ailleurs hommage dans sa série Seton.

Beaucoup s’étonnent (sans mauvais jeu de mot phonétique (comprendra qui pourra)) de ses dessins qui se rapprochent grandement de la bande dessinée occidentale. En effet, Jiro admet lui-même ne trouver que peu d’inspiration parmi les auteurs japonais, au contraire des auteurs européens. Dans la liste, nous pouvons citer Jean Giraux avec qui il publia Icare, François Schuiten et Tito.

Jiro Taniguchi admet également être influencé par le cinéaste Yasujiro Ozu. Chose que l’on remarque en effet dans le rythme et la simplicité qui se dégage des films et des bandes dessinées.

« Le paradoxe, c’est que tout en étant mangaka, mon style est assez proche de la bande dessinée à l’européenne et que je mets beaucoup d’éléments dans chaque image. Je me situe sans doute entre la BD et le manga de ce point de vue. Et c’est peut-être ce qui fait que pour certains lecteurs japonais mes mangas sont difficiles à lire… », explique-t-il à Benoit Peeters dans un livre entretien en 2013.

Si au Japon, il est peu connu, en France et en Europe, c’est une tout autre histoire. Les Français portent une attention profonde à son travail, au dessin et au texte. En effet au Japon, les gens trouvent ses histoires trop sobres, trop « littéraires ». Comme le disait Pierre-Alain Szigeti, Jiro, « aux yeux des Japonais, […] est resté trop intimiste ». Mais ce « défaut » pointé par les japonais, est une qualité pour les occidentaux et notamment les non amateurs de mangas qui trouvent un plaisir facile à la découverture et lecture des œuvres de Jiro Taniguchi.

Par ailleurs, ses histoires traitent de sujets universels, à travers lesquels tout le monde peut s’identifier. Une aptitude qui ne laisse pas indifférent…

Des thématiques universelles et intimistes

Les thématiques universelles qu’il aborde, ce sont celles autour de la famille, du retour à l’enfance, des souvenirs, de la beauté de la nature, de la relation homme-animal… On y remarque aussi une forte part autobiographique. Dans le Journal de mon père, il y fait état du tragique incendie de Tottori ; dans Un zoo en hiver, il raconte ses débuts en tant que mangaka ; dans Terre de rêves et Nos compagnons, il parle de sa relation aux animaux…

Lors d’une interview, il s’exprime en ces mots :

« Si j’ai envie de raconter des petits riens de la vie quotidienne, c’est parce que j’attache de l’importance à l’expression des balancements, des incertitudes que les gens vivent au quotidien, de leurs sentiments profonds dans les relations avec les autres. […] Dans la vie quotidienne, on ne voit pas souvent des gens hurler ou pleurer en se roulant par terre. »

Et c’est justement en parlant de ces « petits riens » que Jiro Taniguchi réussit à nous rapprocher les uns des autres. Par effet de transfert, nous adaptons son expérience à la nôtre et vivons en synergie avec les personnages de ses bandes dessinées.

Jiro Taniguchi : Par quoi commencer ?

L’Homme et la nature : un moment de contemplation

L-Homme-qui-marcheL’Homme qui marche

L’Homme qui marche est un moment pour soi. Un retour vers les choses simples. Une balade au milieu de la nature à la redécouverte des plaisirs : grimper à un arbre, observer les oiseaux, sauter dans des flaques d’eau, sentir la pluie atterrir et couler sur son corps…

Ça ne semble rien comme ça, mais je vous assure que ce livre silencieux, cette promenade entre les pages, ce bonheur, on le partage avec l’homme qui déambule. On entend avec lui le bruissement du vent sur les feuilles, le bruit lointain de la ville, le son des pas sur le sol…

« L’Homme qui marche », c’est cet appel à la lenteur dans une vie où tout va si vite. C’est dire stop au tourbillon, prendre le temps d’écouter son enfant intérieur, entendre ses besoins profonds et y aller.

« – Comprenez, j’ai suffisamment couru toute ma vie… Alors maintenant j’prends mon temps, lentement… N’est-ce pas agréable ? Lentement. – Houaah… Lentement… oui… »

« L’Homme qui marche », c’est celui qui n’écoute pas sa paresse, son flegme, son habitude, et qui prend le temps d’apprécier ce que la nature peut lui offrir.

« Quelle vue ! _ Oui. _ C’est beau ! Je sors faire un tour ! »

« L’Homme qui marche », c’est vous. C’est moi. C’est cette version de nous-même qui nous ramène à l’essentiel.

Le-sommet-des-dieuxLe Sommet des dieux

Série incontournable de Jiro Taniguchi : Le Sommet des dieux. On aura plaisir de voir se développer sur 5 tomes cette fidèle adaptation du roman du même nom de Baku Yumemakura. En 2005, cela lui vaudra d’ailleurs de recevoir le Prix du Meilleur Dessin au festival d’Angoulême !

Ici, tout se passe à travers le regard et les souvenirs du photographe Fukamachi. Une entrée dans un monde où cohabitent la dure loi de la montagne et celle de la folle passion des hommes. Après avoir trouvé à Katmandou un appareil photo qui ressemble fortement à celui d’un alpiniste anglais disparu, George Mallory, Fukamachi entame une enquête quasi policière qui le lance sur les traces du grimpeur mythique Habu Jôji.

Tout au long de sa quête, cette question reste en suspens : d’où vient ce besoin de gravir les montagnes ? L’Everest ?

Une série très documentée sur l’alpinisme en conditions extrêmes, accompagnée d’un dessin simple et réaliste.

Aux côté de Fukumachi et Habu, peut-être trouverez-vous une part de vous-même insoupçonnée…

« Quel sens a ta vie sans la montagne ? Pour moi, elle ne vaudrait plus la peine d’être vécue. Plutôt que de végéter ici, je préférerais encore me faire emporter par une avalanche… »

Le-Gourmet-solitaireLe Gourmet solitaire

Mais qui est le gourmet solitaire ? Cet homme qui travaille dans l’import-export et qui pourtant n’est pas pressé ; qui aime les femmes et qui pourtant préfère vivre seul ; qui est gastronome et qui pourtant apprécie particulièrement la cuisine simple des quartiers populaires.

Un peu à la manière de L’Homme qui marche, Le Gourmet solitaire déploie chacune de ses histoires par l’acte de goûter un plat japonais, faisant renaître des souvenirs enfouis, émerger des pensées, amener à de furtives rencontres.

Ne vous y méprenez pas, lecteurs. Cette bande dessinée est d’une profondeur sans pareil. Par un stratagème habile, Jiro Taniguchi montre à quel point cet homme qui a du mal à prendre des décisions gastronomiques a aussi du mal à faire des choix dans sa vie.

« Ici, c’est un business complètement différent du mien. Ce que les clients viennent acheter, c’est la qualité du temps qui passe… »

Voilà ici un autre moyen de méditer sur la vie.

Foret-millenaire-LaLa Forêt millénaire

Trois tomes. C’est le nombre de livres qu’il y aurait dû avoir pour la série La Forêt millénaire. Il n’y en aura qu’un. Juste après son élaboration, Jiro Taniguchi a pris le train l’emmenant vers un autre temps… De la même manière qu’Hiroshi dans Quartier lointain, finalement.

Cette œuvre a donc une symbolique particulière.

Suite au divorce de ses parents et la maladie de sa mère, Wataru est accueilli chez ses grands-parents. Cette arrivée à la campagne est un bouleversement pour le jeune tokyoïte. Mais la forêt l’attire, l’impressionne, semble lui communiquer une force presque surnaturelle. C’est d’ailleurs de celle-ci qu’il puisera un courage intérieur lorsqu’il devra faire ses preuves face à un groupe d’enfants qui le met au défi.

Les pages en couleurs sont appréciables et nous permettent d’accueillir avec plus de ferveur cette nature qui s’étend depuis le fonds des âges.

Une belle invitation à redécouvrir ce que nos sens nous offrent.

« Alors qu’enfant « on entend bien », on devient « sourd’ » en grandissant, et la possibilité de « comprendre », d’être sensible à ce qui nous entoure, s’émousse. »

L’Homme et les animaux

Terre-de-revesTerre de rêves

Recueil de 5 histoires, Terre de rêves a reçu en 1992, au Japon, le Prix du Manga Shogakukan.

Dans les 2 premières histoires, Jiro Taniguchi en scène un jeune couple qui adopte un chien, puis une chatte (et ses trois chatons). C’est d’ailleurs un clin d’œil à sa propre vie, à son chien et sa chatte persane du nom de Boro.

« Ces animaux d’intérieur, ils ne pourraient pas survivre sans les humains. En échange, ils acceptent nos caprices et notre égoïsme et l’air de rien ils nous font redécouvrir la pureté oubliée des choses. Ça parait peut être rien du tout comme ça…Mais c’est peut être ça Le Bonheur. »

Il réutilise ce même couple pour narrer l’arrivée inopinée, pendant les vacances d’été, d’une jeune nièce de 12 ans.

« 12 ans… en quelque sorte le premier carrefour entre l’enfance et la vie adulte. »

Dans la dernière histoire, nous voici plongés dans l’univers alpin à travers un homme qui décide de se lancer une dernière fois à l’assaut des hauts sommets, dans l’Himalaya. Il évoquera également la panthère des neiges qui préfigure dans la bande dessinée Le Sommet des dieux.

Avec Terre de rêves, l’auteur réussi avec brio à étaler par petites touches subtiles, ces petits bonheurs de la vie quotidienne. Il y parle du passage de l’enfance à l’âge adulte, les ressorts qui unissent un couple, l’amour sous toutes ses formes, la force de la nature. En somme, c’est une belle introduction pour se lancer ensuite dans la découverte des autres œuvre de l’auteur.

Nos-CompagnonsNos compagnons

En parlant des petits acolytes sur pattes, Nos compagnons est une œuvre sensible, terriblement profonde, où il vous sera bien difficile de ne pas verser une larme. Impossible de ne pas se reconnaître soi-même avec son animal dans ces planches attendrissantes et remplies d’amour que nous délivre Jiro Taniguchi.

À la disparition de son chien, l’auteur ressent un trou béant. Ce n’est pas seulement la perte d’un animal. C’est plus que ça. Le deuil est bien présent, l’absence est assourdissante, les habitudes souffrances. Mais il faut avancer, laisser du temps au temps. Faire un pas après l’autre. Réflexe inné, étape logique dans son processus de deuil, Jiro se décide à prendre ses armes : crayon et stylo. Et c’est une fresque délicate et profonde qui se produit sous ses mains.

« – C’était juste un chien… Mais ce que nous venions de perdre, c’était beaucoup plus que ça. Et ce qu’il nous avait laissé… C’était encore plus. »

Une œuvre à ne pas manquer.

L’homme et la famille, l’enfance, le souvenir

Quartier-lointainQuartier Lointain

Quartier Loin : une des œuvres les plus connues de Jiro. Et pour cause ! Elle en a obtenu des prix :

– le Prix d’Excellence du Festival des arts médias de l’Agence pour les affaires culturelles au Japon,

– le Prix des libraires de bande dessinée Canal BD au Festival d’Angoulême (2003),

– le Prix Micheluzzi,

– Alpha’Art du meilleur scénario,

– Prix Max et Moritz de la meilleure bande dessinée japonaise (2008).

Sans parler de sa postérité en film et au théâtre ! Lui-même explique ce succès sur l’étendue de cette simple idée qui « traverse tout le monde à un moment ou un autre : notre vie aurait pu prendre un chemin très différent si nous avions fait ceci ou cela à l’un ou l’autre moment. »

Hiroshi est âgé de 48 ans. Le 9 avril 1998, il rentre d’un voyage d’affaire, mais alors qu’il tente de se remettre des effets de l’alcool de la veille, il se trompe de trajet. Au lieu d’être dans le train qui l’emmène vers chez lui, il se retrouve dans celui qui se dirige vers… Kurayoshi, la ville de son enfance.

48 ans. C’est aussi l’âge où sa mère est morte. Pris de nostalgie, il se dirige vers sa tombe. Là-bas, il perd connaissance. Lorsqu’il se réveille, Hiroshi se retrouve dans son corps d’adolescent de 14 ans… Mais pas que ! C’est littéralement un voyage dans le temps, retour vers le passé, qu’il vient de faire ! Pour lui, ce sera une occasion inespérée de revoir son père, sa mère et d’empêcher, peut-être, cet événement qui bientôt, viendra déchirer sa famille.

« Personne ne devient jamais vraiment adulte. L’enfant que nous avons été est toujours là, bien vivant, tout au fond de nous. Il est comme ce ciel. Avec le temps, nous croyons grandir. Mais la maturité n’est qu’un leurre, une entrave à notre âme libre d’enfant. »

Une œuvre poignante qui trouvera son public en chacun de nous. Une BD universelle.

Le-Journal-de-mon-pere-edition-LuxeLe Journal de mon père

Autre bande dessinnée dont vous avez déjà entendu parler, même sans connaître Jiro Taniguchi : Le Journal de mon père.

Cela fait bien plus de 10 ans que Yoichi n’est pas revenu dans sa ville natale, trouvant toujours différents prétextes pour repousser l’échéance. Il faudra attendre la mort de son père pour qu’il se décide enfin à faire le trajet. Et là, tous les souvenirs de son enfance remontent, doux et vivaces comme cet après-midi de printemps qu’il avait passé à jouer sur le plancher du salon de coiffure de son père ou encore cet incendie tragique qui ravagea sa ville en 1952.

Un récit intimiste et profond, d’un dessin et d’une écriture mêlés de pudeur et de finesse. Une pure œuvre sur l’introspection, sensible et émouvante.

« – Moi, depuis que j’ai des enfants, j’ai compris ce que c’était qu’un cœur de père. Même quand les enfants ne pensent pas à leurs parents, les parents, eux, pensent à leurs enfants. »

À découvrir !

un ciel radieuxUn ciel radieux

Un terrible accident a lieu dans une rue de la banlieue de Tokyo, par une chaude nuit d’été. Les protagonistes ? Un motard et une fourgonnette.

10 jours après le drame, Kazuhiro Kubota, le conducteur de la fourgonnette, meurt sans avoir repris connaissance, à l’âge de 42 ans. Au même moment, se passe quelque chose d’irréel : l’encéphalogramme du motard Takuya Onodera, 17 ans, montre à nouveau des signes de vie, lui qui était en état de mort cérébrale. Presque un mois plus tard, le miracle est assuré : Takuya est en voie de guérison. Seulement… si le corps est bien celui du jeune motard, l’esprit est celui de Kazuhiro. Mais l’horloge tourne et l’esprit de Takuya commence à se réveiller petit à petit.

Pour Kazuhiro, il s’agira dans ses derniers instants de transmettre à sa femme et sa fille de 8 ans qu’il les aime et qu’il regrette de les avoir souvent négligées…

Un ciel radieux est construit sur le même schéma narratif que Quartier lointain : un point de départ surréaliste pour s’appesantir sur un sujet profondément humain et réaliste.

Accrochez-vous, la lecture ne sera pas de tout repos.

« Un ciel radieux est désormais achevé. Que pourrais-je ajouter ? Il me suffit de penser que le lecteur, après la découverte de ce récit, se sentira peut-être ému. Toutefois, si je devais apporter un commentaire, je dirai ceci : je crois que dans le cours de toute existence, certains événements, certaines expériences sont capables de nous faire changer notre façon de vivre. Ces événements, ce sont ceux au cours desquels on retrouve la conscience objective de soi-même, sa nature profonde, au-delà du personnage que l’on incarne dans les conventions de la vie quotidienne. »


L’Homme et les autres

Les-Annees-douces-IntegraleLes Années douces

C’est dans un café où elle a ses habitudes que Tsukiko découvre un homme solitaire, élégant… et qu’elle connait bien. Pour preuve, il fut autrefois son professeur de japonais.

Tsukiko est une jeune trentenaire célibataire alors que lui est un veuf de 60 ans. Progressivement, une connivence s‘établit, puis une profonde affection.

Les Années douces ou l’amour sans âge, deux êtres qui se rencontrent comme une évidence, des décennies plus tard. Une œuvre légère.

Elle-s-appelait-TomojiElle s’appelait Tomoji

Elle s’appelait Tomoji est une histoire vraie qui met en scène une rencontre entre deux adolescents dans le Japon de l’entre-deux-guerres (1925-1932) : Tomoji Uchida et Fumiaki Itô.

L’histoire début pendant l’ère Taishô en 1925, revient en 1912 et se termine en avril 1932, dépeignant avec réalisme la vie paisible et rurale de la préfecture de Yamanashi. On suivra le quotidien de Tomoji de sa naissance à son mariage avec le jeune photographe Fumiaki.

Pour l’anecdote, cette histoire fut commandée à Jiro Taniguchi par le temple bouddhiste qui a été fondé par ces deux personnages.

« Me lancer dans un travail hagiographique ne m’intéressait pas, rester dans les contraintes d’une biographie stricte non plus. J’avais déjà pu me faire une idée sommaire de l’itinéraire de cette femme en lisant les précédentes publications que le temple lui avait consacrées, et qui m’est clairement apparu, c’est qu’on ne peut pas faire un manga solide à partir de simples faits hagiographiques. Tous les épisodes d’une vie humaine, même intense et passionnée, ne sont pas forcément accrocheurs. Une enfance, par exemple, est une enfance, ce n’est pas intéressant en soi. Pour composer une histoire qui fonctionne, il est indispensable d’avoir recours à de la fiction. (…). Du coup, j’ai presque entièrement gommé ce qui concerne le temple et sa création – cela n’est mentionné que rapidement à la toute dernière page de l’histoire – pour me concentrer sur la partie de l’existence de Tomoji qui est antérieure à cet événement. L’angle que j’ai choisi de privilégier, si vous voulez, c’est le parcours de vie qui a façonné la personnalité de Tomoji, et qui l’a finalement conduite à choisi la voie de la spiritualité. »

Un-zoo-en-hiverUn zoo en hiver

Nous sommes en 1966, au Japon. Hamaguchi a 18 ans lorsqu’il quitte Kyoto pour Tokyo afin de devenir l’assistant d’un mangaka. Avec Un zoo en hiver, l’auteur réalise une véritable œuvre initiatique sur le parcours d’un jeune homme porté par sa passion du dessin.

Dans le Tokyo des années 1960, il va découvrir les facettes difficiles du métier et les doutes. Mais il pourra compter sur les rencontres que la Providence mettra sur son chemin pour trouver sa voie. «

« Zoo : Un endroit conçu pour que les animaux puissent étudier les moeurs humaines. »

Vous l’aurez certainement compris après cet article, les œuvres de Taniguchi sont des créations aux traits simples, mais où l’émotion provoquée est profonde et omniprésente. Chacune des planches vient titiller cette partie de nous, intime/

Pour ceux qui on déjà une appétence développée pour l’univers de la bande dessinée : Jiro Taniguchi est un auteur à prendre. Pour ceux qui ne s’y connaissent ou que ça n’attire pas : c’est également le cas… Et c’est tout l’intérêt d’un auteur universel : réunir tout le monde dans une belle symphonie.

*Copyright photographie portrait : Niccolò Caranti

** Fond visuel : photographie par FPVmat A sur Unsplash

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Anastasia
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