Les Easter eggs, ou « œufs de Pâques » dans la langue de Molière, sont ces caméos et petites allusions discrètes à d’autres univers que l’on peut apercevoir au cinéma. Tradition bien connue depuis Hitchcock, et élevée au rang d’art par les studio Pixar, ceux-ci nous mettent au défi de partir à leur chasse. En attendant dimanche, offrons-nous un florilège de ces hommages ovoïdes piochés dans le panier de Pixar.
22 dans Soul (2021)
Si Soul nous a émerveillé en début d’année, il détient bien entendu son lot de surprises et d’easter eggs. Et celui dont il s’agit ici n’est pas des moindres car il concerne le nom d’un des protagonistes principaux du film, 22. Pour rappel, dans Soul, les âmes du le monde de l’Avant sont nommées par un numéro avant d’aller vivre sur Terre, et celui de 22 n’est pas choisi au hasard. En effet, Soul est le 23e film du studio Pixar, il fallait donc y voir un petit clin d’oeil à tous les films précédents du studio !
Pizza Planet dans En avant (2020)
Le camion de livraison Pizza Planet, fameuse chaîne de restauration rapide qui ressemble plus à l’antichambre des enfers pour Woody et Buzz, nos jouets inséparables de Toy Story, et qui marque la première apparition des petits hommes verts couineurs, peut être aperçu à un péage dans En avant, dernier Pixar en date. La chaîne est cependant renommée Pizza Realm, pour coller davantage au thème du film. À l’inverse, on trouve dans Toy Story 4 (2019) la même licorne, visible sur un château gonflable, que sur le van de Barley Lightfoot.
Sid dans Toy Story 3 (2010)
L’insupportable bambin du premier opus, psychopathe patenté adepte de la chirurgie sur jouets, peut être aperçu vieux de 15 ans… dans Toy Story 3 ! En effet, il s’agit de l’éboueur qui vient récupérer les déchets de la famille d’Andy, dont un sac qui contient par erreur les jouets. Casque sur la tête, musique à fond, celui-ci porte le même T-shirt à tête de mort.
Les Indestructibles (2004) et WALL-E (2008)
Une figurine à tête amovible de Frozone, super-héros et meilleur ami de Bob Parr (Monsieur Indestructible), se cache dans le camion du petit robot collectionneur. Inversement, une figurine de WALL-E se trouve dans le garage du père de la super-famille d’Amérique, dans une scène alternative où Bob essaye une nouvelle voiture de sport.
Du Star Wars dans mon Pixar
À la façon des Rebelles dans Un nouvel espoir, juste avant l’attaque coordonnée sur l’Étoile de la Mort, les chiens de Là-haut (2009) appellent l’un des leurs « Leader gris », référence au « Leader rouge ». Durant le générique de fin, le nom du film est également présent sur un auvent de cinéma. Dans Toy Story (1995), la méthode d’interrogatoire de Sid sur les jouets, et ses allusions à une base rebelle, n’est pas sans rappeler la froide cruauté exercée par les sbires de Dark Vador sur la princesse Leia.
Louis de Funès dans Ratatouille (2007)
Ce n’est pas forcément le fait le plus connu, mais l’inénarrable roi de la comédie était un grand admirateur du cinéma de Walt Disney, s’inspirant de Donald Duck pour créer son jeu comique et prêtant sa voix au conte des Aristochats. Aujourd’hui vu et revu dans nombre de foyers européens, il lui a également été rendu hommage dans le plus français des long-métrages américains, Ratatouille, où il sert d’inspiration pour le volubile et colérique chef cuisinier Skinner.
Bouquet d’hommages à Brad Bird
Brad Bird, réalisateur à l’origine de quelques-uns des meilleurs Pixar, se paye des invitations chez tous ses enfants. Voix en VO d’Edna Mode (Les Indestructibles), d’Ambrister Minion (Ratatouille), celle de son fils pour le personnage de Squiz dans Le monde de Nemo (2003), bouteille de champagne baptisée de son nom dans Ratatouille… Mais bon, qu’est-ce qu’un peu d’auto-référencement dans un océan de bienfaits au cinéma ?
A113, de la boutade à la coutume
Tel est le numéro de la salle de classe du California Institute of Arts où certains étudiants, nommés Brad Bird, Tim Burton ou encore John Lasseter, feront leurs armes dans les années 1970. Partant d’une simple inside joke, il finira par apparaître dans pas moins de 23 films Pixar (parfois plusieurs fois dans un même film), mais aussi des dessins animés, des jeux vidéos… Bird dira à ce sujet : « Je le mets dans chacun de mes films, y compris mes épisodes des Simpson – c’est un peu ma version du « Nina » de Hirschfeld. » [NDT : caricaturiste américain qui mettait le nom de sa fille dans toutes ses illustrations]
La lampe et la balle de Luxo Jr. (1986)
Vous souvenez-vous, lors du générique Pixar précédant chacun de leurs films, de cette sémillante lampe qui écrase et prend la place du I ? Il s’avère que celle-ci provient du court-métrage Luxo Jr. de John Lasseter, première réalisation des studios. Non contente d’être devenue leur mascotte, elle apparaît aussi en caméo dans plusieurs métrages, notamment sur le bureau d’Andy dans la saga Toy Story, ou dans WALL-E, lorsque le robot construit une statue à l’effigie de sa dulcinée. Il en va de même avec la balle jaune à étoile rouge et bande bleue, la Luxo Ball, incrustée dans nombre de Pixar.
Pixar et l’animation japonaise
John Lasseter, l’une des têtes pensantes des studios Pixar, est un admirateur du cinéma d’animation japonais. Si la visite d’un musée de jouets au Japon lui a plus tard inspiré l’histoire de Toy Story, il est aussi un grand ami de Hayao Miyazaki, co-fondateur du Studio Ghibli et créateur des plus grands chefs-d’œuvre en anime. Soucieux d’assurer la notoriété du réalisateur nippon, il distribuera ses films par Disney pour lui assurer une publicité mondiale. Dans Toy Story 3, on peut également remarquer Totoro, la grosse bestiole de Mon voisin Totoro (1988), parmi les jouets de Bonnie.
Et un tas d’autres Easter eggs qui prendraient des heures à énumérer…
Évidemment, il est impossible de tout caler en si peu de caractères et la force de ces œufs cachés est de flatter le sens observateur et la culture cinématographique de chacune et chacun. Nous en avons certainement omis des plus drôles pour vous que ceux listés, et d’autres n’ont peut-être même encore jamais été trouvés par les spectateurs. C’est ce qui en fait une grande fête. Allez, puisqu’on est généreux, en voici un petit dernier : le réalisateur, producteur, acteur et doubleur John Ratzenberger double, chaque année depuis 1995, un ou plusieurs personnages dans chaque Pixar. Cela donne lieu à une petite saillie de Mack à la fin de Cars (2006), qui souligne l’omniprésence du bonhomme.