Apprendre à vivre en lisant des romans. Le personnage principal, jeune la plupart du temps, suit un parcours initiatique qui va le mener d’une situation donnée à une évolution, puis à son épanouissement. Souvent caractérisé par une ascension sociale, le roman de formation se retrouve aussi dans le conte philosophique. Un genre que l’on retrouve tout au long de l’histoire de la littérature mondiale.
« – Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin, si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de Mlle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches.
– Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
Cultiver son jardin
La quête du bonheur traverse ce conte philosophique phare du XVIIIe siècle, jusqu’à en devenir un genre à part entière. Comment atteindre la sagesse dans un monde traversé par l’horreur de la guerre, l’infamie de l’injustice. Dans Candide ou l’Optimisme, Voltaire explore les voies d’évolution de l’humanité à travers un amour inconditionnel pour la liberté. Un apprentissage de la félicité que l’on retrouve également dans deux textes phares du philosophe français : Zadig ou la Destinée, et L’Ingénu, qui vilipendent les injustices et l’obscurantisme religieux.
La recherche d’une vie meilleure que l’on retrouve déjà dans l’Odyssée d’Homère à travers Ulysse et son épopée, mais jusqu’à, beaucoup plus proche de nous, la saga magique d’Harry Potter, de J.K. Rowling, ou encore le conte fantastique Bilbo le Hobbit de J.R.R. Tolkien. Ces personnages emblématiques acquièrent tous une plus grande conscience d’eux-mêmes et du monde qui les entoure dans le périple qu’ils traversent ou les dangers périlleux auxquels ils doivent faire face.
Les péripéties de la vie et leur apprentissage explorées également dans des textes spirituels comme Le Prophète de Khalil Gibran. À l’aide de chants ou de psaumes empreints de mysticisme, un héros trouve la paix et l’harmonie après un parcours semé d’embûches et d’épreuves à relever, qui peut là encore passer par le truchement du voyage, comme dans L’Alchimiste de Paulo Coelho, mais aussi par des transports immobiles comme peuvent l‘être les rêves dans Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami, ou les souvenirs intimes dans Jacques le Fataliste et son maître de Diderot, ou la retraite sanitaire qui devient spirituelle dans La Montagne magique de Thomas Mann.
La paix de l’âme
Des récits de quête intérieure, à la morale salvatrice, qui s’épanouissent dans notamment Vendredi ou les limbes du Pacifique : survivre, avec la mort en ligne de mire, est une gageure sur l’île déserte de Robinson Crusoé, comme de prendre conscience de la mort en apprivoisant l’absurde dans Les Aventures d’Alice au pays des merveilles, tout comme les puissances du rêve nous aident à trouver la sagesse et le bonheur dans les tourments de la fatalité. Une thèse superbement démontrée dans De grandes espérances de Charles Dickens. La recherche de la Sagesse que l’on suit aussi dans Siddhartha d’Hermann Hesse, ou Demian, du même auteur, avec la Liberté pour seul horizon.
Suivre sa destinée, envers et contre tout, est une constante du roman de formation. Sublimée dans des récits inoubliables que sont Jonathan le Goéland de Richard Bach, ou Le Petit Prince de Saint- Exupéry, la quête de l’absolu se fait lutte et conquête d’une humanité face aux dangers qui pourraient la menacer.