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Le top des romans d’apprentissage (1/3) : l’ascension du héros

02 juin 2022
Par Sébastien Thomas-Calleja
Le top des romans d’apprentissage (1/3) : l’ascension du héros

Apprendre à vivre en lisant des romans. Le personnage principal, jeune la plupart du temps, suit un parcours initiatique qui va le mener d’une situation donnée à une évolution, puis à son épanouissement. Souvent caractérisé par une ascension sociale, le roman de formation essaime tout au long de l’histoire de la littérature mondiale.



« La vie est une côte. Tant qu’on monte, on regarde le sommet, et on se sent heureux ; mais, lorsqu’on arrive en haut, on aperçoit tout d’un coup la descente, et la fin, qui est la mort. Ça va lentement quand on monte, mais ça va vite quand on descend. »

Toujours plus hautBel-Ami

L’ascension de Georges Duroy – le Bel-Ami de Maupassant, publié en 1885 – arriviste, opportuniste et infatigable séducteur, est un symbole du roman d’apprentissage sur le thème de la réussite sociale, mais aussi une critique sous forme de satire politique. Un thème récurrent que l’on retrouve également plus proche de nous dans L’Étudiant étranger de Philippe Labro : l’ambition, la découverte de l’amour, mais aussi du pouvoir de séduire, tout en observant une Amérique raciste dans laquelle le héros tente de se faire une place.

La conquête des femmes, d’une place dans la société, l’attrait du pouvoir et le désir qu’il peut susciter met en scène le cheminement d’un jeune homme, la plupart du temps, exposé à plusieurs obstacles qu’il va devoir transgresser pour arriver à ses fins. Symbolisé par le personnage de Rastignac qui apparaît dans Le Père Goriot de Balzac, ce thème typique du roman d’apprentissage peut avoir son pendant négatif : à force de trop en vouloir, gare à ne pas se brûler les ailes et chuter du haut de ses Illusions perdues. Du même auteur, le personnage de Lucien, sans foi ni loi, perd les raisons premières de son ambition : celles d’être heureux et de s’accomplir en tant qu’homme.

Le-Pere-Goriot

De l’ambition à la désillusion

Un comble dans lequel redoute plus que tout de tomber Jules Vallès dans sa trilogie mettant en scène Jacques Vingtras dans L’Enfant, Le Bachelier, puis L’Insurgé, construisant par ce personnage emblématique de l’insoumission une grande fresque sociale à travers les idéaux humanistes de la fin du XIXe siècle. Car l’épanouissement d’un homme peut aussi passer par la recherche du bien commun, comme essaieront de le faire vainement de jeunes étudiants dans La Conspiration de Paul Nizan, tous épris d’une révolte exaltée exposée aux dures lois de la réalité. Entre compromission et loyauté, le chemin à choisir est parfois cornélien et l’initiation du personnage que plus passionnant.

Le passage à l’âge adulte dans toute sa complexité, exprimé avec panache dans L’Adolescent de Dostoïevski, ou le thème du héros écartelé entre sa condition et son ambition peut aussi retrouver sa raison d’exister par le biais du conte philosophique.

Article rédigé par
Sébastien Thomas-Calleja
Sébastien Thomas-Calleja
Libraire à Fnac Bercy
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