Comme chaque année, les éditions Grasset soignent leur rentrée littéraire… Entre des auteurs maison potentiellement « primables », des valeurs sûres estimables, de nouveaux talents prometteurs, une poignée de traductions et un unique premier roman, la cuvée 2019 de l’historique maison parisienne traduit sans surprise un art consommé du dosage.
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Stratégiques et sûres de leur force, les éditions Grasset animent chaque rentrée littéraire en publiant une sélection d’œuvres suffisamment éclectique et qualitative pour s’attirer les faveurs conjointes du public et de la critique.
Des prix dans le viseur
Véritable découvreur de talents qu’elle fait grandir jusqu’à la consécration, l’éditeur parisien présente cette année un carré de sérieux prétendants aux récompenses d’automne. Outre Yann Moix, disqualifié pour cause de scandale médiatico-familial malgré l’évidente qualité littéraire de Orléans, on trouve des romanciers maisons devenus majeurs comme Laurent Binet avec l’uchronique Civilizations, Sorj Chalandon défiant la maladie avec Une joie féroce ou encore Léonora Miano avec l’époustouflant Rouge impératrice.
Histoire(s) d’hier et d’aujourd’hui
Référence en matière de littérature (qui représente au passage plus de la moitié de ses parutions annuelles), les éditions Grasset ont pour tradition de mettre l’écriture aussi exigeante soit-elle au service des idées. Pour cette rentrée, la sélection est encore très riche avec des romans ambitieux qui revisitent l’Histoire comme Le général a disparu, exo-fiction centrée sur le Général de Gaulle de Georges-Marc Benamou, et Les jungles rouges, fresque familiale à dimension géopolitique de Jean-Noël Orengo. Mais aussi des textes forts en prise avec les problématiques contemporaines comme Soir de fête, décryptage de la culture du viol de Zineb Dryef et Mathieu Deslandes, Onanisme, chronique sociale désenchantée de Justine Bo, Les grands cerfs, fable écologique et cruelle de Claudie Hunzinger ou encore On ne peut pas tenir la mer entre ses mains de Laure Limongi sondant les tabous de la culture insulaire corse.
Duo anglophone
Au rayon étranger, Grasset joue cette année la carte de la diversité avec deux romans anglophones aux sujets et aux genres bien différents. Alors que David King s’occupe de tout de l’américain Joshua Cohen est un roman noir plein d’humour sur le parcours chaotique d’un pseudo-mafieux juif new-yorkais, Automne de l’anglaise Ali Smith aborde avec délicatesse la fin de vie et la transmission intergénérationnelle sur fond de Brexit.
Un seul premier roman
Parmi les quatorze titres d’un cru 2019 marqué par la présence quasi-exclusive d’auteurs confirmés – dont l’ancien éditeur maison Charles Dantzig avec son inclassable Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale – les éditions Grasset ont fait le choix de ne présenter qu’un seul et unique premier roman au départ de cette rentrée littéraire. Avec son style singulier, À la demande d’un tiers de Mathilde Forget est une réflexion mordante sur la filiation qui a de sérieux atouts pour tirer son épingle du jeu.
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