Sélection

Les 10 albums classique & jazz du mois de juin 2018

24 mai 2022
Par Mathieu M.
Les 10 albums classique & jazz du mois de juin 2018

60 ans d’Harmonia Mundi et d’Ascenseur pour l’échafaud, le retour de Brad Mehldau et de Marcus Miller, les mots de Trintignant sur la musique de Piazzolla ou encore les nouvelles inventions d’Ilhan Ersahin… L’actualité Classique & Jazz de ce mois de juin fait autant la part belle aux chefs d’œuvres d’hier qu’aux nouvelles inspirations.



Côté classique

Génération Harmonia Mundi Volume 1 & 2, coffretsGeneration-Harmonia-Mundi-Volume-1-Coffret

30 + 30 = 60

1958-2018, 60 ans de musique et des enregistrements par milliers. L’occasion pour l’insolite maison de disques Harmonia Mundi de célébrer 60 ans d’aventure musicale, 60 ans de passion et d’exploration répartis en deux volumes : 1958-1988, Le Temps des révolutions et 1988-2018, L’Esprit de famille. Un volume 1 de 16 CD consacré à ces révolutionnaires de la musique ancienne qui ont œuvré à dessiner l’identité libre et éclectique du label. Et un volume 2 de 18 CD qui fait la part belle à la relève qui, ces trente dernières années, a su brillamment reprendre le flambeau. Deux coffrets pour un fascinant voyage entre Les Arts Florissants de William Christie, le Concerto Vocale de René Jacobs ou l’Ensemble Correspondances de Sébastien Daucé. Et côté répertoire, entre Les Indes Galantes de Rameau, le Stabat Mater de Pergolèse, La Passion selon St Matthieu de Bach, Les Saisons de Haydn et le Te Deum de Vivaldi.

Orfeo-ed-Euridice-livre-disque-Edition-Deluxe-limiteeOrfeo ed Euridice, C. W. Gluck, Philippe Jaroussky, Amanda Forsythe

Au commencement il y eut Bach…

« Gluck a fait la réforme de l’opéra et la base de sa réforme, c’est Orphée et Eurydice ». Les mots sont de Philippe Jaroussky. Le célèbre contre-ténor ne tarit pas d’éloges à propos de l’œuvre maîtresse du compositeur allemand Christoph Willibald Gluck ici restituée telle qu’elle fut jouée pour la première fois au Palais Royal de Naples, en 1774. Jaroussky est Orphée, Amanda Forsythe, son Eurydice. Et dans le rôle d’Amour, on retrouve la soprano Emöke Barath. Un prodigieux trio entouré avec élégance par le chef d’orchestre Diego Fasolis, l’Ensemble I Barocchisti et le chœur de la radiotélévision suisse-italienne. Du travail d’orfèvre pour un Orfeo ed Euridice de toute beauté (en édition livre-disque limitée). 

Quatuors à cordes, Debussy & Ravel, Jerusalem QuestDebuy-Ravel-Quatuors

Duo de Quatuors

En véritable alchimiste, le Jerusalem Quartet transforme en or tout ce qu’il joue. C’est le cas une fois encore avec ce duo de Quatuors à cordes signés Claude Debussy et Maurice Ravel. Et il fallait bien toute la passion et toute la précision du jeune ensemble pour revisiter l’unique Quatuor du père de la musique moderne. Il est ici associé à son double ravélien, les deux œuvres ne pouvant nier leur intime filiation, sans pour autant cacher leurs différences. 

Cantatas-For-Soprano-And-BaDialogkantaten, J. S. Bach, Sophie Karthäuser, Michael Volle

Chantons le madrigal !

Loin de ses nombreux rôles mozartiens, Sophie Karthäuser frotte ici ses cordes vocales à trois Dialogkantaten de Jean-Sébastien Bach, composés lors de sa période créatrice à Leipzig. Un cycle au cours duquel le Cantor s’était « amusé » à renouveler les styles de la cantate d’église. On navigue donc ici en plein madrigal, entre airs, récitatifs et choral. Trois dialogues conduits avec talent et complicité par la soprano Karthäuser et le baryton Michael Volle, accompagnés par l’ensemble de musique de chambre Akademie für Alte Musik Berlin

Côté jazz

Seymour-Reads-The-ConstitutionSeymour Reads The Constitution, Brad Mehldau

Meli Mehldau

En jazz, qui dit piano, dit Mehldau. Ici entouré de sa fidèle rythmique, Jeff Ballard aux toms et Larry Grenadier à la basse, Brad poursuit son exploration de la formation « trio acoustique », au sein de laquelle, l’artiste a livré sans doute certaines de ces plus belles œuvres (The Art of the Trio, Anything goes, Day is Done, Ode, Where do you Start…). Sur ce Seymour Reads the Constitution, entre créations, covers pop, standards de jazz et American Songbook, Brad fait montre encore une fois de son incroyable virtuosité, où sa technique infaillible le dispute à des envolées improvisées formidablement inspirées. Bref, du Brad dans le texte.

Laid Black, Marcus MillerLaid-Black-Digipack

Les 1000 vies de Miller

Trois ans après son Afrodeezia, Marcus Miller nous revient avec Laid Black. Un nouvel album – un de plus ! –, sur lequel le géant de la basse électrique entremêle jazz-funk, gospel, R&B, soul et hip-hop.  Autant d’affluents d’un seul et même fleuve, le jazz. Marcus n’a sans doute plus rien à prouver et pourtant il continue… Et après avoir côtoyé les plus grands, de Miles Davis à Éric Clapton, en passant par Aretha Franklin et Herbie Hancock, place aux jeunes puisqu’on retrouve ici Marcus Miller toujours très bien accompagné, avec des guests de talents tels que Selah Sue ou Trombone Shorty. Non, y’a pas à dire, la basse, ça conserve ! 

Trintignant-Mille-Piazzolla-Digisleeve-Inclus-DVDTrintignant, Mille, Piazzolla (Inclus DVD & livret), Daniel Mille, Jean-Louis Trintignant

Nouveau tango à Paris 

« La vie est belle. Je me tue à vous le dire, dit la fleur. Et elle meurt » Des mots Ici empruntés à Jacques Prévert, là à Guillaume Apollinaire, plus loin à Raymond Carver… Des éclats de poésie libertaire dit par Jean-Louis Trintignant sur une musique d’Astor Piazzolla, arrangée et orchestrée par l’accordéoniste Daniel Mille : tel est le nouveau et délicat cocktail musical concocté par la paire artistique Trintignant-Mille et sobrement intitulé Trintignant, Mille, Piazzola. Ou quand mots et notes, vers et phrases musicales viennent se nourrir les uns les autres dans un nouveau tango enivrant et sensuel enregistré en janvier dernier au studio 104 de la Maison de la Radio.

Ascenseur pour l’échafaud, Miles DavisAscenseur-pour-l-echafaud-Triple-Vinyle-Edition-limitee

BO culte pour film culte

Est-il vraiment nécessaire de refaire ici les louanges de celle qui reste certainement l’une des plus belles et émouvantes bandes-originales jamais offertes au septième art ? Oui, certainement, ne serait-ce qu’en hommage à Louis Malle dont son Ascenseur pour l’échafaud fête cette année ses 60 ans. Ainsi, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1957, Miles Davis entouré de Barney Wilen au sax ténor, René Urtreger au piano, Pierre Michelot à la contrebasse et Kenny Clarke à la batterie, improvisait un parfait contrepoint aux images en N&B de Louis Malle et à la démarche de Jeanne Moreau. Une étourdissante fulgurance musicale enregistré en 3h à peine. Cela méritait bien une réédition (dont un inédit !). 

Solar-PlexusSolar Plexus, Ilhan Ersahin

Dans une galaxie très lointaine…

… il y a la planète Solar Plexus, le quatrième album enregistré par le saxophoniste et producteur turco-suédois Ilhan Ersahin, l’un des jazzonautes les plus énergiques et intrépides de la scène new-yorkaise actuelle. À la tête de sa formation Istanbul Session, il nous offre-là le fruit de ses nouvelles pérégrinations musicales, quelque part entre les terres du jazz et celles de l’électronique. En chemin, quelques belles rencontres : Erik Truffaz, Nils Petter Molvaer, Ibrahim Maalouf, Arti Tuncboyaciyan. Le tout mixé et arrangé par Dave Harrington (du duo Darkstar). De quoi rendre le voyage encore plus cosmique.

Article rédigé par
Mathieu M.
Mathieu M.
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