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[Spécial littérature de l’imaginaire] Le top pour les lecteurs pressés

10 octobre 2019
Par Anna
[Spécial littérature de l'imaginaire] Le top pour les lecteurs pressés
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L’imaginaire est au programme de ces curiosités littéraires. Et nous vous proposons, pour aborder le genre de la science-fiction et du fantastique, de nous attaquer au versant qui est peut-être le plus vif et le plus percutant du genre : celui de la nouvelle.

Fantastique !


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Si le genre fantastique est parfois mal considéré et trop vite réduit, disons, à l’univers Twilight (dont il n’est pas question ici de remettre en cause la valeur…), il compte aussi son lot de classiques, et pas des moindres.

Celui à qui l’on pourrait carrément attribuer le titre de « pape » du genre n’a d’ailleurs pas pour seul fait d’armes d’avoir donné au fantastique ses lettres de noblesses… Edgar Allan Poe, puisque c’est à lui que l’on pense, s’est aussi imposé comme le père plus ou moins biologique de la littérature policière et de la littérature de science-fiction… Et c’est bien en nouvelles qu’il a accompli ce tour de force ! Servis par une traduction aux petits oignons de Charles Baudelaire, ses recueils sont devenus une référence, et vous aurez surement croisé leur route à un moment de votre scolarité. Le Chat noir est peut-être le plus fantastique d’entre eux.

Fantastique ? Le genre est défini dans la préface de Tzetan Todorov comme « [n’étant] rien d’autre qu’une hésitation prolongée entre une explication naturelle et une autre, surnaturelle, concernant les mêmes évènements ». En clair : les personnages dont il est question sont confrontés à des éléments surnaturels mais ne sauraient dire si ceux-ci sont réels ou s’ils sont simplement une production de leur esprit détraqué, ce qui va généralement les obséder jusqu’au point de non-retour. Et ce n’est pas le propriétaire du fameux chat noir, un homme que l’alcool rend brutal et instable, qui vous dira le contraire.

Ce genre de phénomène étrange qui confine sa victime à la folie a été particulièrement bien décrit dans Le Horla de Maupassant, que l’on vous conseille si vous voulez frissonner encore un peu. Dans ce récit à la première personne, le narrateur raconte se sentir menacé par une présence invisible qui ne le quitte pas. Son angoisse grandit et, subtilement, se transmet au lecteur… Format court oblige, l’atmosphère se détériore en moins de temps qu’il ne le faut pour l’écrire et la folie s’installe à vitesse grand V !

Autre exemple : imaginez qu’un matin, vous vous réveillez et découvrez que vous êtes transformé en insecte. Des pattes vous ont poussé et une carapace recouvre votre dos. Vous voyez le tableau ? Eh bien, c’est le sort qui a été réservé à Gregor Samsa, le héros de La Métamorphose de Kafka. Cette fois-ci, c’est le narrateur lui-même qui tient lieu de « puissance inquiétante ». Vous vous en doutez, sa vie sociale se corse et sa vie familiale tourne à l’aigre. Et si ce récit était une façon de pointer du doigt la stigmatisation dont sont victimes certaines personnes ? Le fantastique offre ainsi des histoires dont le sens est ouvert à l’interprétation mais qui sont rarement très loin de notre réalité vécue.

Avant Coco, on convoquait déjà les morts…


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Avant même l’incontournable Twilight, la plupart des films Disney / Pixar arrivent en pole position des mondes imaginaires les plus largement connus et célébrés par les adeptes de la pop culture. Et le dernier né, Coco, ne déroge pas à la règle : il tire son épingle du jeu en réussissant à investir la culture mexicaine – plus spécifiquement ici, les rites propres à la fête des morts (El Dia de los Muertos) – pour bâtir une histoire émouvante et très bien réalisée.

Cela étant dit, bien avant Coco, on convoquait déjà les morts et, superstition ou pas, cela a même permis à un nouveau courant littéraire de se manifester : le réalisme magique. Oubliez les angoisses existentielles dues à l’irruption imprévue du surnaturel dans le quotidien ! Chez l’Argentin Julio Cortázar, par exemple, qui est l’un des représentants de ce courant, les éléments magiques interviennent dans un cadre réaliste sans que l’on puisse vraiment s’en étonner : tout simplement parce que miracles et autres sortilèges sont considérés par l’auteur comme faisant partie intégrante de notre réalité. Dans son recueil de nouvelles Les Armes secrètes, vous croiserez ainsi une poignée de revenants, un photographe perdu dans un labyrinthe de pensées terriblement matériel et un saxophoniste en proie à des hallucinations… Une expérience sensorielle à vivre et à prescrire aux plus terre-à-terre !

Présentée par son éditeur comme une « Cortázar au féminin », Mariana Enriquez a su perpétuer la tradition littéraire incarnée par son prédécesseur et compatriote à travers un recueil de nouvelles remarqué, Ce que nous avons perdu dans le feu (éditions du sous-sol, 2017). Comme chez Cortázar, ses nouvelles flirtent avec le fantastique et l’horreur sans jamais cesser de décrire une réalité très contemporaine. L’Argentine s’y dessine à travers les figures de junkies et de mutilés, d’un enfant serial killer et d’adolescentes anorexiques, le tout étant surplombé par les fantômes de la dictature militaire. Il faut dire que Mariana Enriquez est aussi journaliste… Paradoxal pour une voix de l’imaginaire ? Pas tant que ça !

Finalement, le merveilleux est partout, du moins à tout endroit où l’on veut bien ouvrir l’œil pour l’y dénicher. Traversons le Pacifique et nous trouverons de l’autre côté, au Japon, une culture bien différente de celle d’Amérique latine mais qui fait au moins autant la part belle aux phénomènes étranges. Et dans le genre de la nouvelle, la star de la littérature nationale, Haruki Murakami, a depuis longtemps fait ses preuves. Son dernier recueil, Des hommes sans femmes, est à l’image du reste de son œuvre : mélancolique et magique, d’autant plus que les histoires qui le composent s’arrêtent sur des parcours brisés. À lire toujours avec un morceau de jazz en bande son !

Vers l’infini et au-delà


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Permettons-nous d’emprunter à Buzz l’éclair sa devise pour ouvrir cette exploration de l’imaginaire sur des mondes plus lointains. Qui dit Buzz l’éclair pense « espace » bien sûr, et au royaume de la science-fiction (puisque c’est de cela qu’il s’agit), l’espace est roi ! Si vous n’êtes pas familier du genre, c’est bien un recueil de nouvelles, tenant lieu de classique parmi les classiques, qui vous permettra peut-être le plus simplement d’y mettre le pied : Les Chroniques martiennes, de Ray Bradbury. À force d’expéditions sur la planète rouge, les humains ont totalement repeuplé leur nouveau lieu de villégiature, jusqu’à faire disparaitre les Martiens. Ces courtes nouvelles, souvent drôles et très accessibles, soutiennent avec efficacité quelques considérations pessimistes sur une humanité destructrice. Après lecture, on ne sait plus très bien où se mettre !

N’allez pas croire toutefois que l’univers de la science-fiction se résume aux seules explorations spatiales et autres voyages intergalactiques. Si, dans la littérature de science-fiction, on se plait souvent à voyager dans l’espace, de nombreuses intrigues se construisent aussi sur une Terre qui ressemble plus ou moins à la nôtre. Philip K. Dick, autre maître du genre, a quant à lui joué sur les deux tableaux. Plongez dans ses nouvelles et vous y trouverez toute la diversité des genres explorés par la SF : dystopie, uchronie, récits d’anticipation… Les nouvelles du recueil Total Recall et autres récits, par exemple, contient bien un peu de tout cela avec ce quelque chose en plus : un potentiel cinématographique que les producteurs ne se sont pas privés d’exploiter.

Les curiosités littéraires

Article rédigé par
Anna
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