Sélection

Noirs comme des romans : les meilleurs polars américains

05 octobre 2021
Par Lucas
Noirs comme des romans : les meilleurs polars américains

Quand on évoque les géants du polar américain, ce sont les héros désenchantés qui hantent les classiques de Raymond Chandler et Dashiell Hammett qui nous viennent inévitablement à l’esprit. D’ailleurs, s’il fallait choisir les six meilleurs romans noirs US de tous les temps, nul doute que ces deux-là seraient de la partie… accompagnés entre autres perles d’un opus ténébreux de James Ellroy et d’un Jim Thompson de circonstance.

Classiques noirs

À tout père fondateur tout honneur… Pour ouvrir le top des meilleurs romans noirs américains, il est impensable de ne pas commencer par s’intéresser à deux œuvres mythiques à l’origine d’un genre littéraire audacieux qui a très vite séduit Hollywood. Publié en 1930, Le Faucon maltais, adapté onze ans plus tard au cinéma, entérine définitivement les codes du Hardboiled (le roman noir). Avec ce roman nerveux, Dashiell Hammett, qui a lui même exercé un temps la profession de détective privé, marque l’histoire du polar en créant le personnage complexe et ambigu de Sam Spade : un homme cynique, misanthrope et misogyne doublé d’un enquêteur totalement incorruptible et déterminé. Chevalier blanc à l’âme obscure, cet anti-héros inédit à l’allure imposante a profondément inspiré Philip Marlowe, l’autre personnage légendaire de détective créé par Raymond Chandler en 1939 dans Le Grand Sommeil. Avec cette sombre histoire de chantages multiples, où tous les sujets hautement sensibles pour l’époque (sexualité, pornographie, folie…) sont abordés frontalement, Chandler inaugure une série incontournable du roman noir portée par son personnage de privé fauché et désabusé traînant sa carcasse dans les recoins peu ragoûtants de l’usine à rêve californien. Frères de genre, les personnages de Spade et Marlowe ont tous deux été incarnés et immortalisés au cinéma par Humphrey Bogart dans deux magistrales adaptations.

Le faucon maltaisLe grand sommeil

Noire comme la vérité

Pour poursuivre sur le rythme échevelé qu’imposent les histoires d’injustice et de cavale menées par des innocents bien décidés à retrouver coûte que coûte ceux qui les ont mis dans de sales draps, on se régale avec deux grands romans noirs bourrés d’action brutale et de rédemption compliquée. Tout d’abord, Cauchemar, publié en 1946, est à la fois le second roman et le premier gros succès de David Goodis. Porté au cinéma par le légendaire couple Bogart-Bacall, il met en scène la traque d’un fugitif accusé à tort du meurtre de sa femme. Bâti sur une intrigue voisine – un ex-taulard cherche à faire la lumière sur un crime qu’il n’a pas commis – Stick, écrit en 1983, se distingue de son aîné par le style direct et imagé de son auteur. Intégriste de l’efficacité narrative, Elmore Leonard est un auteur prolifique, totalement réfractaire à toute coquetterie littéraire, dont les romans noirs musclés ont été particulièrement prisés par les faiseurs d’action movies d’Hollywood. Son personnage de Stick ayant par ailleurs profité de l’interprétation virile de Burt Reynolds dans le film homonyme de 1985.

cauchemar     Stick

Les âmes noires

À trente d’écart, James Ellroy et Jim Thomson ont eu le courage de s’immerger sans trembler dans les tréfonds les plus reculés de la nature humaine. Le héros de Rage noire est particulièrement représentatif de l’univers de Jim Thompson : un jeune noir de mère blanche mais qui ne connait pas son père, poussé à la violence par ce statut de déclassé et par des rapports incestueux avec sa mère : bref un cocktail terrible qui dépeint une réalité crue. Avec Le Dahlia noir, James Ellroy s’inspire d’un atroce fait divers défrayant la chronique depuis les années 1950 pour inaugurer sa tétralogie du quatuor de Los Angeles et réaliser une œuvre cathartique empreinte de nihilisme. Faisant écho à sa propre tragédie familiale, l’enquête sur le meurtre d’Elizabeth Short – starlette retrouvée démembrée dans un fourré comme un vulgaire morceau de viande avariée – lui donne l’occasion de mettre en scène des personnages d’une rare puissance dramatique et d’imposer avec autorités ses propres codes du roman noir.

Rage-noire     Le quatuor de Los AngelesLe dahlia noir

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Lucas
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