Lycéenne, tueuse à gages ou gameuse pro, les héroïnes de ces trois seinen mènent la danse avec astuce et efficacité. Alors qu’est-ce qui les différencie des mangas aux héros masculins ? Pas grand chose, finalement : même dose d’action et de danger, des scénarios bien ficelés… Tous les ingrédients sont réunis pour une lecture accrocheuse !
Sky-High Survival, Tome 1, Tsuina Miura et Takahiro Ôba
Pour Yuri Hojô, la vie bascule ! Alors qu’elle rêvassait tranquillement en cours, elle atterrit brutalement sur le toit d’un gratte-ciel et voit un jeune homme se faire massacrer par un tueur masqué. Les issues étant bloquées, elle comprend vite qu’elle ne peut pas s’échapper ni regagner le sol ferme. Gagnée par la panique, elle reçoit un appel de son frère : ce monde est bien réel et elle doit tout faire pour survivre en attendant qu’il puisse la rejoindre.
Ce manga démarre à toute allure et ne relâche jamais le rythme, offrant au lecteur un suspense soutenu et des rebondissements inattendus. Tsuina Miura, qui avait fait ses preuves avec le trépident Ajin, confirme ici sa maîtrise du scénario ! Car derrière un survival qui peut sembler relativement classique, se cachent de nombreux pièges narratifs qui tiendront le lecteur en haleine !
La touche féminine : En premier lieu, Yuri accepte sa peur, ce qui lui permet de se l’approprier et ainsi de la dominer, tout en gardant bien conscience des dangers qui la guettent. Ce côté effrayé et maladroit donne, en plus, une vraie réalité au récit. Ensuite, lorsqu’elle rencontre d’autres personnes, elle a tendance à faire confiance et évite au maximum de leur nuire malgré les incertitudes qui planent sur ce monde étrange. Sous des aspects fragiles, Yuri cache une vraie force de caractère et mène la danse tambour battant malgré sa candeur !
Dédale, Tome 1, Takamichi
Dans ce manga sans prétention, en deux tomes, vous suivrez les aventures de Reika et Yôko, projetées elles aussi dans un monde inconnu. Mais l’auteur apporte là une touche d’originalité fort bienvenue : ça ne choque pas le moins du monde les deux demoiselles, qui entament avec sang-froid et curiosité l’exploration de cette bâtisse gigantesque qui ne répond pas aux lois classiques de la physique. Et si Yôko et Reika vivent bien la situation, c’est parce qu’elles sont testeuses de jeux vidéo, débusquer les bugs c’est leur quotidien.
Dans un premier temps, elles pensent donc travailler pour leur boîte. Petit à petit, l’auteur dévoile un scénario bien plus complexe et plonge ses héroïnes dans un projet plus vaste et désespéré. Mais ce qui est génial, c’est le ton toujours posé, l’action calme et réfléchie, et les réactions des personnages, pleines de bon sens. Finalement, c’est une sorte de manga d’action intellectuel, et le mélange est très réussi ! Ajoutez à ça un binôme parfaitement complémentaire, un dessin à la fois clair et plein d’imagination, et ce manga modeste de Takamichi se transforme en petite pépite : brillant, divertissant, atypique !
La touche féminine : Il y a une vraie solidarité entre les deux héroïnes et elles s’acceptent comme elles sont, même si cette aventure remue d’anciens souvenirs douloureux ou révèle quelques secrets. Yôko et Reika savent qu’elles seront plus efficaces à deux et elles prennent le plus souvent le temps de confronter leurs idées, de planifier leurs recherches, d’assurer leurs arrières… Comme dans la vraie vie !
Assassins, Tome 1, Hirohisa Sato
Place au thriller, avec le premier tome très prometteur de la série Assassins. Jinsuke, 10 ans, et sa mère vivotent tant bien que mal depuis que l’homme de la maison a disparu. Fondus dans l’immensité de Tokyo, ils se cachent en espérant pouvoir tourner la page. Hélas, les truands qui les poursuivaient les retrouvent et Jinsuke ne doit son salut qu’à l’intervention de sa voisine. En effet, mademoiselle Suzuki, venue se plaindre du bruit, s’est révélée être une tueuse très douée.
Bien malgré elle, elle prend le garçon sous sa protection et décide de dénouer les fils de l’affaire trouble qui a conduit les parents de Jinsuke à la mort. Mais quand la police s’en mêle, il ne reste qu’une solution : fuir ! L’occasion pour mademoiselle Suzuki de mieux connaître son protégé. Le scénario est bien mené par Hirohisa Sato : l’histoire est noire, les personnages complexes, les informations sont délivrées au compte-goutte. Quand au dessin, très réaliste, il colle parfaitement à l’intrigue en l’enrichissant grâce un cadrage clair et lisible.
La touche féminine : Mademoiselle Suzuki, bien que tueuse expérimentée, ne peut s’empêcher de protéger Jinsuke et elle s’y attache plus qu’elle ne le voudrait. Ses barrières cèdent petit à petit face à ce garçon fragile et seul. Et si elle se montre ferme et désagréable, elle ressent une forte empathie pour ce jeune orphelin, ce qui devrait donner une dualité intéressante dans les tomes à venir !
Finalement, on remarque que les héroïnes sont plus enclines à l’empathie, à la solidarité et à l’anticipation que les héros. Mais ces qualités peuvent aussi leur jouer des tours. Si les personnages féminins réfléchissent plus posément avant d’agir, elles ont aussi tendance à accorder plus facilement leur confiance, pour le meilleur et pour le pire !
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