Depuis septembre 2015 et jusqu’à la fin du mois d’août 2016, nous vivons à l’heure de la Corée (année France-Corée oblige). De nombreux événements culturels ont déjà eu lieu et sont encore prévus. Mais finalement que connaissons-nous de cette nation, ou plutôt de ces deux pays ?
Depuis septembre 2015 et jusqu’à la fin du mois d’août 2016, nous vivons à l’heure de la Corée (année France-Corée oblige). De nombreux événements culturels ont déjà eu lieu et sont encore prévus. Mais finalement que connaissons-nous de cette nation, ou plutôt de ces deux pays ? Ce (trop) court panorama ne prétend pas être exhaustif, mais se présente plutôt comme quelques échos de ce qui nous parvient du Pays du Matin calme…
En avant propos :
Toujours plus à l’est de Benjamin Pelletier est le sympathique récit d’un français installé à Séoul durant une année. Il nous livre ses découvertes, ses aventures, ses émerveillements, sa vision de la société sud-coréenne.
La littérature, témoin de l’histoire du pays
Le pays invité du salon Livre Paris 2016 (anciennement Salon du Livre de Paris) est tout naturellement la Corée du Sud. C’est l’occasion de découvrir une littérature très riche, dont les productions contemporaines sont marquées par l’histoire récente, la guerre entre les deux Corées, les régimes dictatoriaux et les mouvements démocratiques. La perception de la nature et la spiritualité chamanique, chrétienne ou bouddhique sont aussi des éléments très présents dans cette littérature, décrivant une société encore très empreinte de morale confucianiste.
L’Échelle de Jacob – Gong Ji-young
Un prêtre catholique se souvient de sa jeunesse de séminariste. Il se remémore une histoire d’amour qui a failli remettre en question sa vocation et plusieurs événements qui ont ébranlé sa foi, avec en toile de fond la guerre entre les deux Corées, les régimes de dictature et les mouvements démocratiques dans lesquels beaucoup de chrétiens sont investis. Gong Ji-young est une auteure très populaire en Corée du Sud. Certains de ses livres ont une véritable portée militante.
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La Dénonciation – Bandi
Ce livre est un cas particulier : il s’agit d’un recueil de 8 nouvelles d’un auteur nord-coréen toujours résident en Corée du Nord. Il utilise un pseudonyme, Bandi, et son manuscrit est sorti clandestinement. En Corée du Nord, nul n’est à l’abri de la disgrâce et du malheur. Les héros ne sont pas des dissidents mais des gens ordinaires qui ont fait tout leur possible pour rester dans le rang. Et pourtant…
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Toutes les choses de notre vie – Hwang Sok-yong
Hwang Sok-yong est l’un des romanciers sud-coréens les plus connus à l’étranger grâce aux traductions. Auteur engagé qui a connu la prison, il aborde souvent dans ses textes des thématiques sociales, évoquant les vies de paysans, d’ouvriers, d’habitants de bidonvilles, ou de militants pour la démocratie. Son dernier roman traduit en français met en scène deux enfants vivant sur une décharge publique, et en communication avec les esprits bienveillants des anciens habitants du site.
Pour mieux profiter de votre visite au salon Livre Paris 2016 :
Une Introduction à la littérature coréenne du 20e siècle est un ouvrage collectif de 4 auteurs coréens qui aborde de manière chronologique tous les genres littéraires.
Decrescenzo, jeune éditeur spécialisé dans les auteurs coréens, publie Un désir de littérature coréenne, réflexions d’un universitaire et critique littéraire sud-coréen sur la littérature de son pays.
La musique : des coréens en Europe
La K-pop vous connaissez ? De la musique coréenne, vous avez peut-être l’image de ces musiciens jeunes et bien nippés qu’on croirait directement sortis d’un manga, ou bien c’est le délirant Gangnam Style de PSY (Park Jae-Sang) qui vous trotte encore dans la tête. En musique classique, on ne compte plus les très jeunes virtuoses à la technique époustouflante qui rafflent les premières places aux concours internationaux. Certains musiciens coréens choisissent aussi de venir travailler en Europe, et pourquoi pas en France…
Youn Sun-nah
Arrivée en France en 1995 pour continuer ses études musicales, cette ancienne élève du CIM s’est rapidement fait remarquer dans le milieu du jazz. Elle chante au sein d’un quintette et remporte plusieurs concours, en France et en Corée. Youn Sun-nah enregistre dans le label Act. Elle possède une voix suave et flexible, un talent de compositrice et d’improvisatrice. En plus des albums qu’elle enregistre sous son nom, elle participe à de nombreux projets avec d’autres musiciens du label (comme Nguyên Lê).
Myung-Whun Chung
Ce natif de Séoul, issu d’une véritable dynastie de musiciens est l’un des grands chefs d’orchestre actuels, s’illustrant dans toutes les époques, mais avec une certaine prédilection pour la musique française et le répertoire contemporain, voire les deux en tant qu’interprète de Messiaen, Dutilleux ou Dusapin. En 1989, il prend la tête de l’Orchestre de Paris, et dirige l’Orchestre Philharmonique de Radio France entre 2000 et 2015.
Unsuk Chin
Elle a étudié la composition à l’Université de Séoul, puis en Allemagne où elle réside actuellement. Sa grande influence est György Ligeti qui fut son professeur, mais Unsuk Chin est aussi fascinée par la musique traditionnelle de son pays et utilise parfois des instruments coréens dans ses compositions. Ses œuvres sont régulièrement jouées en France, notamment par l’Orchestre Intercontemporain.
Le cinéma, un art qui s’exporte
Les films coréens des années 1950 et 1960 ne sont pas très connus en Occident. Mais depuis la fin des années 1980 et la libéralisation politique, le film de genre sud-coréen s’exporte très bien. Thriller, violence, mais aussi humour noir ou esthétique plus contemplative vont de pair avec une certaine critique sociale. Quelques titres suffisent pour se rendre compte de l’impact du cinéma sud-coréen :
The Chaser – Na Hong-jin
C’est un grand classique du film noir coréen, à déconseiller aux âmes sensibles. Joong-ho, ancien flic devenu proxénète, reprend du service quand plusieurs de ses « filles » disparaissent. Il s’avère qu’elles ont toutes été contactées par le même client. Il est peut-être encore temps de retrouver la dernière victime…
Poetry – Lee Chang-dong
Mija élève seule son petit-fils Wook. Il est accusé avec d’autres garçons d’avoir violé une lycéenne, qui s’est suicidée. Les parents peuvent porter plainte ou accepter une somme d’argent proposée par les familles des violeurs. Cas de conscience pour Mija, qui ne trouve de dérivatif à ses problèmes que dans un atelier d’écriture. Un film qui mérite vraiment bien son titre. Prix du scénario au Festival de Cannes 2010.
Pieta – Kim Ki-duk
Kang-do est un recouvreur de dettes violent et sans pitié capable de mutiler ses débiteurs pour obtenir un remboursement. Il n’a jamais connu sa famille. Une femme se présente un jour comme sa mère et le recueille chez elle. Qui est-elle vraiment ? Certaines scènes sont à la limite du surréalisme et le scénario ne dévoile que très progressivement toute sa cruauté.
Pour aller plus loin :
Le cinéma sud-coréen du confucianisme à l’avant-garde d’Antoine Coppola et Séoul cinéma, les origines du nouveau cinéma coréen d’Adrien Gombeaud, deux études publiées chez l’Harmattan sur le cinéma coréen.