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La Belgariade : l’échiquier cosmique de David Eddings

21 septembre 2016
Par Khalo
La Belgariade : l'échiquier cosmique de David Eddings
©DR

Les années 60 ont vu la naissance de Sauron et de son fabuleux anneau, l’œuvre magistrale de J.R.R. Tolkien ayant influencée toute une génération de lecteurs et d’écrivains. Parmi ces derniers, l’un d’eux a donné naissance à un univers tout aussi fascinant. Partez avec David Eddings à la découverte du destin de Garion, et de ce monde aux sept dieux.

Un classique, héritier de Tolkien 

La Belgariade T 1

Parue à partir de 1982, soit trente ans après le cultissime Seigneur des Anneaux, La Belgariade présente la première aventure se déroulant dans l’univers créé par David Eddings. À l’instar de J.R.R. Tolkien, Eddings a su façonner un univers complet, dense, avec ses peuples, ses dieux, ses héros, ses mythes et ses prophéties. Aujourd’hui, La Belgariade reste un grand classique de la high fantasy et pourtant, nombreux sont les fans de fantasy (post-Harry Potter ?) à avoir fait l’impasse sur cette étape.

Certains vous diront qu’on est loin de Tolkien, que ce n’est pas assez détaillé ou encore que l’écriture n’est pas au point, mais on s’aperçoit bien vite que la densité de l’univers n’a pas à rougir de la comparaison. Nombre de détails « historiques » viennent ponctuer le récit et donner du relief aux aventures de notre groupe de héros. Quant à l’écriture, je crois qu’il l’a voulue volontairement plus accessible, plus concise, plus efficace pour permettre une lecture dynamique et agréable, accessible à tous les publics. Jamais ennuyeuse, elle porte le lecteur au fil de la quête de Garion, sans lui laisser la moindre chance de s’évader.

À l’origine du monde : un joyau tout-puissant

Toute la quête contée dans la Belgariade repose sur l’histoire du monde. Présentée en prologue du premier volume, elle installe les rouages qui viendront étoffer le récit.

À l’origine du monde, six des sept dieux se partagèrent les peuples humains. Aldur, lui, préféra se consacrer à ses études. Il prit quelques disciples, leur fit partager quelques uns de ses secrets et fit d’eux des sorciers. Le premier d’entre eux, Belgarath, reste aujourd’hui le plus respecté et le plus craint de ces êtres mi-homme, mi-dieu.

Au fil de ses recherches, Aldur créa un joyau vivant, doté d’une âme et d’un pouvoir incommensurable, capable de tous les miracles. Une telle puissance finit par éveiller l’avidité de certains Dieux, et Torak, esthète violent et cupide, dérobe le joyau de pouvoir… Les Dieux et leurs peuples unissent leurs forces et partent à la reconquête de leur bien le plus précieux.

C’est au cours de cette bataille que Torak, pour protéger son peuple, utilise le pouvoir de l’orbe pour fendre la terre, isolant ainsi ses terres de celles de ses frères. Mais, la volonté du joyau est à double tranchant, et, retournée contre la terre qui l’a vue naître, elle laisse s’échapper une flamme brûlante qui défigure le dieu renégat. Assailli par la douleur, défiguré et manchot, mais toujours en possession de l’orbe, il guide son peuple vers l’est et fonde la ville de Cthol Mishrak (la cité de la nuit), où il fait construire une tour de fer dans laquelle il enferme le joyau. Pendant des siècles, il vécut dans la douleur, asservi par l’orbe et son pouvoir, sombrant peu à peu dans une noire folie.

Ces siècles permirent à Belar et son peuple de retrouver la trace de la cité de la nuit, par-delà les glaces et les montagnes. C’est le moment que choisirent les rois humains et Belgarath pour récupérer enfin l’orbe de pouvoir et se débarrasser une bonne fois pour toutes du Mal. Remise au roi de Riva et à sa descendance, l’orbe coule désormais des jours paisibles sur l’île des Vents. Torak, lui, attend son heure, pendant des siècles et des siècles…

Aujourd’hui, les livres des présages sont formels : le réveil de Torak approche… Et l’orbe a été dérobé, il a quitté l’île des vents.

La Belgariade T2Deux héros et une troupe pour sauver la mise  

Nous voici donc arrivé au point de départ de notre aventure.

Le monde menace de sombrer de nouveau dans les ténèbres, Belgarath et sa fille Polgara vont devoir user de tous les stratagèmes pour enfin détruire Torak. Mais le temps presse, l’orbe volé est déjà en route vers Cthol Mishrak ; chaque jour, chaque heure pèse son poids. Et la responsabilité de cette quête échoit à Garion, un jeune fermier sendarien.

Protégé par Polgara depuis sa naissance, Garion est promu à une grande destinée. Dernier descendant des rois de Riva, il devra non seulement apprendre les mécaniques de cette partie d’échecs cosmique, mais aussi se comprendre lui-même. Cet élément de scénario constitue une grande partie de l’aventure. Au-delà de l’aspect purement romanesque du récit, cette quête initiatique impose comme héros un petit garçon dont le destin semble presque tout tracé.

Mais ses questions, ses états d’âmes et son avancée vers l’âge adulte rendent parfois la quête bien plus compliquée qu’elle ne l’est déjà et brouillent aussi les cartes de la destinée…

Bien entendu, ils ne seront pas seuls pour mener à bien leur mission. Une troupe haute en couleur et en talents leur prêtera main forte. Détaillés, avec leurs histoires propres, Eddings fait de ses seconds rôles des personnages incontournables et indispensables. Chacun y trouvera son préféré, que ce soit Barak l’ours redoutable, comte des royaumes Cherek, Kheldar le prince des apparences et des sournoiseries, ou Mandorallen le chevalier servant, au code des plus droits. Tous ces protagonistes donnent un relief bien particulier à l’ensemble, et rapidement, feront partie intégrante de la lecture, éclipsant presque Garion, l’enfant lumière.

Une saga loin d’une simple copie

La Belgariade T3

Après cette présentation, on pourrait y voir une simple relecture scolaire, bien appliquée de l’œuvre de Tolkien. On ne peut nier les similitudes. L’orbe de pouvoir, le porteur innocent, le vieux sorcier surhumain… Les références ne manquent pas. Mais il y a tout de même une énorme différence : la sensation de lecture. Plutôt que de traiter son histoire sur un ton constamment dramatique et grandiloquent, Eddings choisit une approche moins théâtrale et du coup beaucoup plus proche du lecteur. L’immersion est plus rapide, peut-être même plus profonde. À chaque fois que je le lis, entre deux moments de lecture, je repense aux personnages. Je n’ai perpétuellement qu’une envie, celle de me replonger dans cet univers dense et exotique.

De plus, Eddings ajoute, par le biais des relations entre ses personnages, plusieurs touches d’humour. Elles apportent une lueur d’espoir, là où Frodon, le premier hobbit dépressif, ne fait que sombrer dans les ténèbres et la douleur. Encore un élément qui vient densifier la lecture et renforcer le sentiment d’appartenance du lecteur à cet univers.

Enfin, et pour terminer, notre troupe devra traverser à peu près toutes les contrées explorées de Royaume du Ponant avant de peut-être parvenir à leur fin. Eddings nous y fera découvrir aux côtés de Garion les différentes cultures qui peuplent son univers. Des plaines d’Arendie à la jungle nyissienne, les paysages visités sont variés, tantôt lumineux, tantôt sombres et oubliés, comme les grottes des montagnes d’Ulgolande.  

Long est le voyage et nombreuses seront les découvertes…

Cycle majeur de la fantasy, La Belgariade se doit d’être lue et pourra fièrement trouver sa place entre Tolkien et Jordan chez les amateurs du genre. Son univers particulièrement détaillé et vivant ravira tous ceux qui tenteront l’aventure, et croyez-le, ça marche à tous les coups.

Paru en février 2008, 350 pages 

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Article rédigé par
Khalo
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