Dévoilés début septembre lors de l’IFA de Berlin, les premiers téléviseurs 8K de Samsung n’ont fait patienter les amateurs d’image que quelques semaines avant d’apparaître dans le commerce. La série Q900R a beau être moins onéreuse que les premiers téléviseurs 4K à leur lancement il y a 5 ans ils ne souffrent pas moins d’un problème de taille : l’absence de contenus 8K à ce jour. La solution du Coréen tient en deux lettres : l’IA. C’est cette intelligence artificielle dédiée à l’upscaling des images que nous avons éprouvée.
Le coup d’envoi de la 8K est lancé. Cinq ans après les premiers téléviseurs UHD, Samsung récidive en lançant le premier, à l’échelle commerciale, une gamme complète de téléviseurs affichant quatre fois plus de pixels que les modèles UHD 4K. Les Q900R se déclinent en trois version, à savoir 65, 75 et 85 pouces. Nous avons d’ailleurs testé le plus petit de ces écrans au sein de notre Labo (lire le test du Samsung 65Q900R), et avons pu constater que la technologie QLED portée par Samsung y fait des merveilles : couleurs riches, luminosité élevée et contrastes record sont de la partie. Le 75Q900R également soumis à notre batterie de tests Labo et y a prouvé ses qualités.
Les trois téléviseurs sont propulsés, comme un ordinateur, par un processeur ici baptisé Quantum Processor 8K. Celui-ci est notamment dédié à l’intelligence artificielle, qui constitue un critère clé dans le traitement des images. Car puisque les contenus tournés en 8K sont à ce jour rarissimes et inaccessibles au grand public, il s’agit de justifier le lancement dès cette fin 2018 de téléviseurs conçus pour afficher cette définition de 7680 x 4320 pixels (contre 3840 x 2160 pixels pour l’UHD 4K). L’affichage sur les Q900R se fait bel et bien en 8K et passe par un système de mise à l’échelle. Cet upscaling, géré donc par le Quantum Processor 8K, est d’ailleurs incontournable : nous avons constaté – et confirmé avec Samsung – que cette mise à l’échelle ne peut pas être désactivée. Tant pis donc si vous considérez que vos contenus natifs en 4K s’afficheront correctement sur ces téléviseurs, et notamment sur la diagonale de 65 pouces du plus petit d’entre eux, puisque vous n’aurez pas la main sur le traitement de l’image.
À lire : La 8K, c’est quoi ? Le point sur les TV et contenus disponibles
Comment l’upscaling 8K de Samsung fonctionne-t-il ?
Samsung l’assure, la marque travaille depuis près de cinq ans sur son IA. Celle-ci s’appuie sur le machine learning : des milliers d’images ont ainsi été soumises à cette intelligence artificielle maison. L’IA a dû, à partir de sources 8K dont la qualité a été volontairement dégradée jusqu’à la SD, apprendre à upscaler les contenus jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur forme originelle. En résultent à ce jour 256 “courbes” algorithmiques qui – et c’est notable – sont incluses à la puce de Samsung, laquelle est conçue pour être régulièrement mise à jour. Comprenez que même si votre Smart TV n’est pas connectée à Internet, l’upscaling des contenus est censé fonctionner en temps réel, adaptant le traitement des images au contenus décelés à l’écran.
Et sur ce point, la promesse n’est pas des moindres : d’après Samsung, son téléviseur est capable de mettre à l’échelle des contenus tournés nativement en SD, HD 720p, Full HD 1080p et évidemment UHD 4K. Lors des différents salons d’électronique organisés cette année, du CES en janvier à l’IFA en septembre, Samsung a choisi de mettre à l’honneur une vidéo comparant l’affichage de contenus SD natifs à leur version upscalée. Le résultat est évidemment bluffant, mais en environnement contrôlé. Dans les faits, et le Coréen lui-même l’avoue, difficile de faire des miracles avec des vidéos SD qui, tient-il à rappeler, ont pratiquement disparu du paysage audiovisuel d’aujourd’hui. Il faut dire que la TNT est, depuis plus de deux ans, passée à la haute définition…
La mise à l’échelle 8K en pratique
De notre côté, nous avons soumis à la version 75 pouces du Q900R divers types de contenus afin de déterminer dans quelle mesure cette fameuse intelligence artificielle parvient à upscaler des contenus de qualité moindre. Avant toute chose, voici quelques exemples de contenus 1080p affichés sur l’écran 8K du téléviseur et mis en regard de leur version sans mise à l’échelle, sur une démonstration Samsung donc, en l’impossibilité de désactiver soi-même son système d’upscaling.
Nous avons quant à nous diffusé sur l’écran, via son imposant boîtier OneConnect regroupant l’intégralité de sa connectique, divers contenus de qualité diverses. Dans le cas de vidéos disponibles dans des définitions allant de la HD 720p à la 4K, les variations de rendu sont parfaitement visibles. Malgré les démonstrations de Samsung sur les salons, force est de constater qu’il est difficile à l’IA du Coréen d’upscaler vers la 8K des contenus SD. Le traitement d’images en 720p offre une qualité acceptable, même si l’on constate que le traitement peine à offrir des contours parfaitement nets ou à offrir des contrastes marqués dans les zones très lumineuses, et que certaines parties de l’images semblent occasionnellement ne pas bénéficier de l’intégralité des bénéfices apportés par cette IA. C’est en réalité à partir de la Full HD (1920 x 1080 pixels) que le traitement de l’image apparaît le plus probant, malgré un nombre de pixels affiché multiplié par 16. Les défauts sont alors absents, ou du moins quasi-imperceptibles, tandis que les contenus UHD 4K (3840 x 2160 pixels) offrent un rendu proprement bluffant. Nous avons également tenté notre chance avec des vidéos YouTube censées s’afficher en 8K (cf. visuels ci-dessous), avec les problèmes de compression qu’elles impliquent, détectées d’ailleurs par le Q900R comme des fichiers 4K. Le même fossé entre les définitions 480p et 720p est observable. Nous avons par ailleurs tenté notre chance avec la version 144p de notre vidéo : c’est un peu trop demander au téléviseur. Pour le reste, l’IA de Samsung tient sa promesse et fait de la série Q900R des téléviseurs réellement exploitables au quotidien : c’est après tout ce qu’on lui demande.