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Obsolescence programmée : réalité ou fantasme ?

05 juin 2011
Par Benoît Duval
Obsolescence programmée : réalité ou fantasme ?
©PANIX

Au début je refuse d’y croire. Je me dis que c’est un mauvais rêve, les élucubrations d’une presse télévisuelle à la recherche de sensations ou de blogueurs manipulateurs. Comment peut-on dans une société tournée vers le développement durable, imaginer qu’un constructeur puisse négliger des données aussi évidentes dans la conception de ses produits. Enfin, négliger ?

Définition (source Wikipedia) : « L’obsolescence programmée (aussi appelée « désuétude planifiée ») consiste à créer un bien en prévoyant sa date de désuétude. Par ce procédé, des fabricants conçoivent des objets dont la durée de vie commerciale (mais pas nécessairement la durée de vie technique) est délibérément courte. Ce stratagème oblige ou incite les consommateurs à remplacer rapidement leurs produits, et donc, à acheter de nouvelles marchandises. »

Au début je refuse d’y croire. Je me dis que c’est un mauvais rêve, les élucubrations d’une presse télévisuelle à la recherche de sensations ou de blogueurs manipulateurs. Comment peut-on dans une société tournée vers le développement durable, imaginer qu’un constructeur puisse négliger des données aussi évidentes dans la conception de ses produits. Enfin, négliger ? A écouter l’écho des médias, le mot est faible. Pas seulement négliger mais, prévoir, provoquer, programmer. Révoltant non ? J’évolue dans un univers ou le chiffre d’affaires règne à tel point en maître que tous les mauvais coups sont permis.

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Puis, à ma réflexion innocente et première, me vient une seconde résistance. Une marque soupçonnée de programmer l’obsolescence de ses produits serait rapidement discréditée aux yeux des consommateurs et verrait ses ventes tomber en chute libre. Et je reprends confiance. De si séduisants objets ne peuvent pas recéler de tels démons de perversité et on essaie de me faire tourner la tête. Cependant, si tous les constructeurs la pratiquent ou si des accords sont passés, c’est mon raisonnement qui est à l’évidence… obsolète.

Les petites avanies du quotidien : malchance ou calcul ?

Ma confiance initiale se lézarde et je me rappelle. Un matin, distrait et mal réveillé, je laisse tomber mon téléphone par terre et – malchance ? – le capot de protection de la batterie se casse net. Pas vraiment le capot mais la fine petite patte en plastique qui maintien le tout en place. Incompréhensible. Déçu de voir défiguré si peu après son achat mon cher objet, je cours, dès l’ouverture chez mon opérateur, qui m’annonce d’un air désolé que cette pièce détachée n’est pas disponible ou que son remplacement prendra des semaines. Heureusement pour moi – comme les choses sont biens faites – je peux grâce à mes points de fidélité et une somme, après tout raisonnable, remplacer mon téléphone neuf par un autre téléphone neuf. Pourquoi se priver me dis-je de tant d’avantages et me voilà en possession de mon objet neuf … et de quelques incertitudes.

Alors je m’interroge, les soupçons commencent, la marque n’en est pas à son premier produit, comment une pièce du téléphone peut-elle être aussi fragile ? Quel mauvais enchainement de circonstances a pu faire que le téléphone soit si mal tombé. Comment ne pas avoir pensé aux accidents idiots de la vie quotidienne et testé un minimum le produit ? La réponse se trouve non pas dans la distraction du concepteur mais dans le modèle économique. Cette chute avait été prévue. Mon téléphone l’attendait. Bienvenu dans le monde selon George Orwell !

L’obsolescence programmée ne concerne pas uniquement les défauts fonctionnels

Mais attention, l’obsolescence programmée ne concerne pas uniquement la dimension technique des produits. Il paraît assez simple d’introduire dans leur conception une petite fragilité qui diminuera leur pérennité. Mais dans de nombreux cas, c’est beaucoup plus subtil.

Vous vous rappelez sans aucun doute avoir souhaité changer de téléphone ou d’ordinateur portable pour évoluer vers un modèle plus récent de la même marque. Et, quelle ne fut pas votre surprise, lorsque vous avez constaté qu’aucun des accessoires de votre ancien modèle n’étaientt compatible avec le nouveau. Adieu sacoche de transport, chargeur, batterie … ils sont bons pour le rebus et il ne vous reste qu’à racheter l’ensemble des accessoires. N’avez-vous jamais fait l’expérience d’un logiciel dont l’éditeur vous a contraint à faire l’acquisition d’une mise à jour coûteuse alors que vous n’aviez besoin que d’une simple fonctionnalité.

Alors méfiance, plus les constructeurs sont en position de monopole, plus ils seront tentés de programmer l’obsolescence de leurs produits et je commence à écouter avec un peu plus d’acuité ce qu’on raconte autour de moi. Mais pourquoi ? J’aurais préféré l’acheter un peu plus cher et qu’il soit exempt de défauts ! C’est sans compter que ce genre de pratique représente une manne pour les constructeurs.

Comment lutter contre l’obsolescence programmée ?

Comme des données psychologiques entrent en jeu, il y a fort à parier que l’obsolescence d’un produit est parfois même ce qui le rend attractif. Inquiété par la durée de vie très courte des produits, le consommateur lui-même cherche à les acheter au moment même de leur sortie sur le marché. Avant même qu’ils aient été testés par un panel pertinent de consommateurs. A vous de juger et de décider, les produits récents et à la mode sont beaucoup plus tentants que les produits qui ont fait leur preuve. Votre meilleur avantage serait donc de ne pas céder aux sirènes de la nouveauté. Mais résisterez-vous ?

Et vous ? L’avez-vous rencontrée cette obsolescence programmée ?

Article rédigé par
Benoît Duval
Benoît Duval
Conseiller Fnac.com