Avec « Geoid Party in the Sky », Lio signe un album féministe porté par des sonorités puissantes et des textes profonds. Au fil de ses dix pistes, l’opus nous embarque dans le parcours d’une artiste authentique, mais surtout celui d’une femme libre.
Lio est de retour ! La chanteuse francophone signe ce 21 novembre un nouvel album baptisé Geoid Party in the Sky. Un opus électronique, dansant, mais surtout féminin. Pour l’occasion, l’artiste à qui l’on doit Le Banana Split (1980) s’est, en effet, entourée de plusieurs femmes – celles de la nouvelle garde de la musique pop – pour ses textes.
On retrouve ainsi Louane, Hoshi, Isïa Marie, Betta Lemme, Marie Darrieussecq, Sofia Portanet et même Sophie Ellis-Bextor. Aux côtés de Lio, elles ont bâti des textes profonds sur la transmission, témoignant avant tout d’expériences féminines. Autant de partitions qui offrent à Geoid Party in the Sky son ADN féministe et qui résonnent, évidemment, avec l’engagement de Lio depuis plusieurs années autour des violences conjugales, des féminicides, ainsi que le droit à l’avortement.
Icône du féminisme avant l’heure et combattante pour les droits des femmes à une époque où les discours n’étaient pas si audibles qu’aujourd’hui, Lio offre avec ce nouvel album une œuvre moderne, qui lui ressemble dans le fond comme dans la forme.
Récit de femme
Elle démarre ainsi cet opus en fanfare avec L’amour de ma vie. Une entrée en matière percutante, symbole de la force et de la liberté qui ont toujours animé l’artiste. Le morceau pop aux tonalités électroniques nous entraîne dans une ode à la joie avec comme principal leitmotiv de s’aimer soi-même. Tout comme le morceau J’existe, plein d’optimisme, dans lequel la chanteuse « accorde peu d’importance à ce que l’on pense d'[elle]. [Elle s’aimera] quand même ! »
Hymne rock et libérateur, cette chanson replace la femme au centre de l’histoire et balaie le patriarcat avec vitalité, non sans une pointe d’humour. Mais au rock de J’existe succède Sens interdit, un titre aux inspirations disco que la chanteuse ouvre avec la voix de Cher ironisant durant un talk-show américain sur l’importance des hommes. « Jamais plus besoin de toi ! », s’exclame joyeusement la chanteuse, qui prône l’indépendance des femmes et combat désormais le patriarcat avec humour et légèreté.

Avec cet album, Lio semble aussi trouver une forme de paix, presque une sagesse face à un showbusiness loin d’avoir été tendre avec elle. En témoigne l’excellente et drolatique Fille à mère, une chanson quasiment parlée qui revient sur le combat des femmes de génération en génération. Avec ce titre aux accents 80’s, Lio pointe l’histoire qui se répète de mère en fille au moyen de paroles très imagées, renforçant ainsi le storytelling autour de son œuvre.
Toujours avec les jeux de mots propres à l’univers de l’artiste, des phrases à double sens, ainsi que des sonorités électrisantes, la chanteuse montre qu’elle ne s’est imposé aucune limite pour témoigner de son récit en tant que femme. Quitte à casser le rythme sur Amoureuse solo.
Sensible et plein d’émotion, ce titre apparaît comme une respiration à travers l’album. Une parenthèse douce et tendre dans laquelle Lio laisse entrevoir ses émotions, ainsi qu’une certaine nostalgie, avant de la tordre dans le puissant et libérateur Basta.
Avec Geoid Party in the Sky, Lio signe un album surprenant, mais surtout inspirant, sur le parcours d’une femme qui tente de renouer avec elle-même. L’artiste belgo-portugaise puise à nouveau dans les sonorités qui ont fait son succès au début de sa carrière, de la pop électronique au rock expérimental des années 1980.
Emmené par des textes profonds – on notera également Sur la bouche, morceau troublant sur le consentement et les violences faites aux femmes –, Geoid Party in the Sky retrace le parcours semé d’embûches d’une femme qui, pendant longtemps, a eu du mal à se faire entendre et comprendre. Fort heureusement, elle regarde aujourd’hui en avant, la tête haute. Plein d’authenticité, entre noirceur et lumière, Geoid Party in the Sky est un album puissant et optimiste. Un opus de réconciliation qui brille par l’honnêteté de son interprète, son mordant, mais surtout son humanité. Preuve que les brunes ne comptent pas pour des prunes.