Chef-d’œuvre intemporel, Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII revient dans une version restaurée qui sublime l’expérience musicale et visuelle. Pour la première fois, ce concert légendaire est disponible en Blu-ray et en double vinyle, offrant aux fans une immersion encore plus profonde dans la magie du groupe britannique. Entre images magnifiées et sonorités redéfinies, cette édition met à l’honneur l’un des témoignages les plus fascinants de l’histoire du rock psychédélique.
Des débuts psychédéliques à la grande mue progressive
L’histoire de Pink Floyd s’écrit à l’encre de l’audace, de l’expérimentation et d’une quête inlassable de sons nouveaux. Le groupe voit le jour à Londres, en 1965, autour de quatre étudiants en architecture : Roger Waters (basse), Nick Mason (batterie), Richard Wright (claviers) et Syd Barrett (guitare et chant). Le style initial du groupe, imprégné de l’imaginaire singulier de Barrett, se distingue par un psychédélisme vibrant, surréaliste, influencé par Lewis Carroll, l’art brut, et l’underground londonien.
Leur premier album, The Piper at the Gates of Dawn (1967), enregistré aux légendaires studios Abbey Road en même temps que Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles, devient une référence du rock psychédélique britannique. Ce disque labyrinthique, peuplé de personnages étranges, de sons cosmiques et de ruptures rythmiques, est acclamé pour son audace. Mais la fragilité mentale de Syd Barrett, exacerbée par une consommation abusive de LSD, conduit rapidement à son remplacement. Dès 1968, David Gilmour, ami de toujours, rejoint le groupe pour le stabiliser et lui offrir une assise musicale solide.
Avec cette nouvelle formation, Pink Floyd entame une transition stylistique remarquable. Le rock devient plus progressif, plus cinématographique. Les albums qui suivent – A Saucerful of Secrets, More, Ummagumma – explorent des pistes multiples : bruitisme, musique concrète, longues plages instrumentales, dialogues entre sons naturels et synthétiques. En 1970, Atom Heart Mother, avec sa suite orchestrale de 23 minutes, témoigne d’une ambition quasi symphonique. Pink Floyd n’est plus un groupe, c’est un laboratoire sonore.
L’année 1971 marque une forme de synthèse avec Meddle. L’album, plus cohérent que ses prédécesseurs, conjugue sophistication technique et émotion brute. Le sommet en est sans conteste Echoes, monument musical de 23 minutes occupant toute la face B. Ce morceau, construit autour d’un unique accord en do mineur, illustre l’art du développement lent, du crescendo organique, de la narration purement sonore. C’est dans cet esprit que naît le projet : Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII.
Un concert filmé sans public dans un amphithéâtre antique
Adrian Maben, jeune cinéaste fasciné par la musique et l’histoire, imagine une rencontre insolite : Pink Floyd jouant sa musique avant-gardiste dans un site millénaire. Le lieu retenu, l’amphithéâtre de Pompéi, figé dans la poussière volcanique depuis l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C., devient le théâtre d’une expérience hors du temps mais comme s’il était encore vivant. Sans public, sans applaudissements, uniquement le groupe, les instruments, les pierres, le ciel, la musique et le silence. Un anti-Woodstock !
Tourné en octobre 1971, en trois jours, le film est constitué uniquement de prises live, pas de playback, car les Floyd detestaient cela ! Le choix du support 35 mm à permis une restitution visuelle exceptionnelle pour l’époque. Les images diurnes contrastent avec les séquences nocturnes où les musiciens, filmés à la lumière naturelle et puissante du soleil de l’italie, semblent dialoguer avec les ombres du passé.
Une introduction « Kick » à la pulsation de 60 battement par minute (60 bpm) analogue à l’intro du Dark Side of the Moon précède les fines « goutelettes » musicales d’Echoes, interprété ici en deux parties, et couronnant l’ensemble de sa majesté planante. One of These Days y devient un morceau tellurique, A Saucerful of Secrets une montée incantatoire, Careful with That Axe, Eugene une transe hypnotique.
Le silence de l’absence de public agit comme un révélateur. Il accentue la pureté de l’interprétation, la concentration presque mystique des musiciens. Peter Watts, leur ingénieur du son, à voulu également utiliser les caracteristiques acoustiques particulières du lieu, résonance des pierres qui avec le souffle du vent font écho à Echoes. Les bruits ambiants prennent une importance nouvelle. C’est une offrande sonore à un lieu chargé de mémoire. Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII devient un poème visuel et sonore, une méditation sur le temps, la création et la permanence de l’art.
Sont inclues des séquences filmées plus tard à Londres – Abbey Road, où le groupe travaille sur The Dark Side of the Moon. Des “rushs insaisissables” durant de longues années, avait confié la directrice de la restauration Lana Topham à l’annonce de cette sortie, qui donnent aujourd’hui un regard neuf sur ce film sorti à l’origine il y a 53 ans. On y voit Roger Waters à la programmation de sequences, Richard Wright sur ses VCS3, David Gilmour testant des effets d’écho, Nick Mason peaufinant les rythmiques. Ces scènes, rares à l’époque, rendent le film encore plus précieux.
Une restauration 4K supervisée par Lana Topham
Le processus de restauration est venu après une découverte incroyable. Le négatif de 35 mm original a été découvert dans cinq containers mal identifiées dans les archives de Pink Floyd, révélant le film qui a capturé la performance légendaire. La directrice de la restauration de Pink Floyd, Lana Topham, a dirigé une équipe chargée de restaurer le film tout en améliorant sa qualité visuelle grâce à des techniques de balayage 4K de dernière génération. Les contours et netteté sont affinés, les teintes sont rééquilibrées pour rendre justice à la lumière, les poussières effacées, les contrastes améliorés. Une véritable réjouissance pour nos yeux.
« Depuis 1994, j’ai recherché les films insaisissables de Pink Floyd à Pompeii », a expliqué Lana Topham. « La récente découverte du négatif original de 35 mm original de 1972 a été un moment très spécial. La version nouvellement restaurée présente la première coupe complète de 90 minutes, combinant la modification source de 60 minutes de la performance avec les segments documentaires supplémentaires du documentaire Abbey Road Studios filmé peu de temps après. »
En 2025, à l’occasion de cette restauration du film, Sony Music et Pink Floyd Records confient à Steven Wilson – fervent specialiste du rock progressif et artisan respecté des remixes haute-fidélité de Yes, King Crimson ou encore Tears for Fears – le soin de remixer et remasteriser la bande son.
Trois versions audio dans le Blu-ray pour la bande son en hires stéréo, Dolby TrueHD et Atmos.
Ainsi c’est surtout le travail sonore qui impressionne jusqu’au mixage Dolby Atmos qui transforme l’écoute : les éléments sonores se déploient autour de l’auditeur dans un espace tridimensionnel. La basse de Waters semble naître du sol, assise et affirmée, la batterie de Mason s’installe autour de vous, les claviers de Wright forment des halos flottants, et la guitare de Gilmour vient s’immiscer dans l’air avec une netteté sidérante. La réverbération naturelle du lieu, captée avec soin par Peter Watts, devient un acteur à part entière de la scène.
Steven Wilson choisit ici la sobriété expressive : pas d’effets gadgets, pas de spatialisation excessive. Il respecte l’esprit du groupe, son approche minimaliste et immersive. En stéréo haute résolution 24/96, le rendu est tout aussi saisissant : dynamique, précis, aéré. Le souffle des amplis, les frottements des doigts sur les cordes, les silences éloquents sont restitués avec une fidélité saisissante.
Une référence audio à la Bulle Acoustique
Je viens de tester la version double vinyle… Quel plaisir de redécouvrir enfin cette version en pure analogique ! Dès les premières secondes, la restitution organique donne une présence saisissante aux instruments : la basse de Roger Waters est dense et tendue, la batterie de Nick Mason résonne avec une profondeur qu’on perd quelquefois en numérique.
Le nouveau master de Steven Wilson revèle un mix solide et respectueux, naturel, sans artifice, et c’est justement ce qui fait sa force. Le Moog de Richard Wright, un peu flou parfois, garde ce caractère analogique qui colle parfaitement à l’ambiance de ce lieu mythique. La Black Strat de David Gilmour, elle, surgit dans l’espace sonore avec une autorité et une clarté presque déroutante.
Le pressage testé est soigné, silencieux, respectueux du matériau d’origine. On n’est pas dans une relecture modernisée : on redécouvre un document, dans son jus, mais avec toute la chaleur et le relief que seul l’experience du vinyle peut offrir.
2 titres supplémentaires sont inclus dans cette édition : « Careful With That Axe Eugene » en prise alternative et « A Saucerful Of Secrets » dans sa version originale.
Double vinyle Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII.
Pochettes insert du double vinyle.
Les visiteurs audiophiles, curieux ou passionnés, sont souvent surpris par la puissance évocatrice du film. Certains redécouvrent la musique de Pink Floyd sous un jour nouveau. D’autres s’en inspirent pour comparer différents systèmes audio. À chaque passage, de nouveaux détails apparaissent : un jeu d’harmoniques, un effet de delay subtil, une tension dans l’attente d’un solo. Pink Floyd at Pompeii devient alors un outil d’évaluation autant qu’une source de plaisir pur.
24-Bit 96 kHz – Stéréo Pink Floyd at Pompeii – MCMLXXII (2025 Mix) sur Qobuz.
Un chef-d’œuvre retrouvé, entre passé et avenir
Cette édition 2025 de Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII transcende la simple restauration technique. Elle redonne à une œuvre pionnière toute sa force artistique, sa profondeur esthétique, sa puissance émotionnelle. Elle nous rappelle que l’art musical, lorsqu’il est capté avec sincérité et restitué avec fidélité, peut traverser les âges, les technologies, les supports.
Disponible en vinyle, CD, DVD et Blu-ray Atmos, cette réédition propose un voyage de 90 minutes au cœur d’une époque, d’un groupe, d’un son. Elle s’adresse aux fans de toujours, mais aussi aux nouvelles générations désireuses de comprendre ce que signifie réellement « écouter » un disque.
Dans la Bulle Acoustique, comme dans votre salon, ou dans votre casque stereo, ce Pink Floyd At Pompeii – MCMLXXII est une expérience sensorielle, un rite d’initiation, un jalon dans l’histoire du rock et de la haute-fidélité. À voir, à écouter, à ressentir. Intensément. Passionnément. Comme un souffle antique revenu nous hanter.
