« Viser la Lune, ça ne me fait pas peur », chantait-elle le poing levé dans son tube « Ma philosophie » voilà plus de 20 ans. En 2025, Amel Bent revient avec son album le plus personnel, « Minuit Une ». La chanteuse s’y livre comme jamais et on vous explique tout.
Dans son nouvel album, Minuit Une, qui sort dans les bacs ce 16 mai 2025, Amel Bent se raconte et monte au créneau, quatre ans après Vivante. La chanteuse féministe livre par exemple une parole engagée et forte sur son titre Décharge mentale. Elle y aborde sa condition de femme, de mère et d’artiste, un triptyque pas forcément simple à gérer au quotidien. Amel y énumère les nombreuses responsabilités qui pèsent sur elle au quotidien, tant les heures semblent insuffisantes pour tout accomplir. Les démarches administratives, son rôle de mère, son travail, et l’attention qu’elle porte à ses proches… La « charge mentale » pèse lourd et c’est la première fois que ce sujet, devenu un vrai sujet de société, est abordé dans une chanson.
« Moi, j’aimerais écrire une chanson – Et m’lever tôt pour mes enfants – Rappeler la banque pour la maison – Changer les rideaux du salon … J’aimerais quelqu’un à qui parler – Qui sache écouter sans me juger – C’est vrai, j’travaille pas à l’usine – Mais parfois je suis épuisée …7 heure 10, j’suis dans mon lit – J’ai pas fermé l’œil de la nuit – C’est déjà l’heure du biberon – J’ai pas écrit ma chanson« , chante-t-elle.
Au final, Décharge mentale (chanson écrite par Vianney, Vitaa et Renaud Rebillaud) sonne comme un véritable cri du coeur, tant dans l’intention que dans l’interprétation. Amel Bent apporte sa contribution à cette question essentielle avec beaucoup de subtilité, au moment où l’on place la santé mentale comme priorité nationale.
« Aucune femme n’est épargnée par cette charge mentale. Et il est temps de dire stop. On peut être fortes, mais on a le droit d’être fragiles« , expliquait-elle en février dans l’émission C à vous. Une volonté assumée de prendre la parole sur des sujets qui touchent les femmes.
Décharge mentale est un titre important dans cet album. Choisi comme premier single, ce plaidoyer féministe est l’un des symboles de ce nouveau souffle qu’Amel veut donner à ses propos.
Un hommage poignant à sa grand-mère adorée
Dans cet album, Amel Bent questionne le temps qui passe. L’écriture de Minuit Une a été marquée par la perte de sa grand-mère dont elle était proche. La chanson Mima, hommage vibrant, en est l’un des points d’ancrage. Encore une histoire de femme forte.
« Son départ a laissé un grand vide qu’il fallait remplir et je l’ai rempli à la lumière de tout ce qu’elle m’a laissée. Les valeurs, son regard à elle… Cet album est intimement lié à mon deuil. Jamais de ma vie, je ne me suis sentie autant perdue, faible, abîmée, nulle. C’est comme un collier de perle dont elle était le fil. Tu te rends compte que tu avais quelqu’un qui était un pilier« , confiait Amel dans La clique en mars dernier.
« Une sacrée femme, un sacré phénomène – je ne retiens pas mes larmes, elle a ce don d’effacer les peines – tu m’as appris tout ça, les valeurs que l’on sème – je ne serai pas la même sans toi et je rejoue la scène où tu m’as dit – s’il y a l’amour et la passion, de la folie dans la raison – on peut toucher les étoiles, ne change rien », chante-t-elle à propos de cette grand-mère adorée.
Plus que la perte d’un être cher, ce titre parle aussi de transmission de valeurs, un thème assez essentiel aux yeux de l’artiste comme la place centrale de la famille dans le coeur de l’artiste ou la fierté des origines- le clip a été tourné à Oran en Algérie.
Une mise à nu touchante
Dans cet album, qu’elle a voulu introspectif ou tout du moins extrêmement personnel, Amel Bent se dévoile plus jamais. Pas de faux-semblants ici. Ce regard sur elle-même est franc. Elle a acquis cette liberté de parler d’elle sans se soucier du regard des autres. Le vécu, la maternité, tous ces éléments ont sans doute contribué à cette vérité nue qu’elle exprime dans cet album.
Chanter ses enfants est quelque chose d’assez commun dans la chanson française. Amel Bent l’avait d’ailleurs fait dans A mes filles (sur l’album Demain en 2019). « Si vous n’étiez plus de ce monde j’n’en aurai plus rien à faire – si je n’entendais plus vos rires je n’aurai plus rien à perdre – sans vous mes anges ce serait l’enfer sur terre – à quoi me servirai de vivre si je n’étais plus votre mère« , chantait-elle déjà.
Dans sa nouvelle chanson La norme, où elle s’adresse à travers trois couplets à chacun de ses trois enfants, Amel Bent parle autant d’elle que d’eux. Dans cette confession intime et originale, elle énumère ce qu’elle leur a transmis, évoque la femme qu’elle est, avec ses doutes, ses larmes, ses peurs, son vécu. Amel dresse un portrait très lucide et touchant d’elle-même et livre un message fort à sa progéniture : ne pas avoir peur ni honte de ne pas être dans la norme, d’être différent.
« C’est une chanson où j’ai envie de parler de mes enfants et de moi. C’est bizarre : je me sers d’eux pour parler de moi et vice versa. Je pense que dans la transmission à ses enfants, il y a quelque chose d’ingénu. Mais pourtant on va donner par mimétisme, des choses qu’on ne veut pas donner« , explique la chanteuse.
Cette mise à nu continue avec Triste. Celle qui chantait le combat et l’espoir n’a plus peur de parler de ses failles. Ici, c’est la mélancolie qui l’habite et qui traverse ce titre. « J’suis triste, Oh triste. J’ai caché tous mes sanglots. J’ai des larmes dans ma voix. Quand je tiens le bonheur dans mes mains, je sais que viendra l’heure du chagrin », chante-t-elle.
Une vie remplie de victoires comme de défaites, une personnalité faite de failles comme de forces : c’est ce qu’est et montre la Amel Bent d’aujourd’hui. Non pas qu’elle ne l’ait jamais exprimé auparavant, mais pas avec un ton aussi direct. A n’en pas douter, ce huitième album saura séduire les fans de toujours et en emportera d’autres dans cette aventure qui ouvre une nouvelle ère pour la chanteuse qui fêtera ses 40 ans en juin prochain. Amel ose et cela lui va très bien.
