
12 mars 1955. Voilà maintenant 70 ans que le saxophoniste Charlie « Bird » Parker disparaissait. Une légende dont l’influence infuse encore et toujours. Personne après lui n’a joué du saxophone de la même façon. Un oiseau rare qui sera allé se brûler les ailes bien trop tôt, mais qui, par son génie impétueux, aura su, avec son ami Dizzy Gillespie, offrir de nouveaux horizons au jazz et à la musique en général. Sélection de ses 10 albums incontournables.
The Charlie Parker Story
C’est là la toute première session enregistrée sous le nom de Parker. The Charlie Parker Storyest le premier album à retracer l’intégralité de la somptueuse session du 26 novembre 1945 au cours de laquelle « Bird », entouré d’autres oiseaux rares – Curley Russell à la basse, Bud Powell au piano, Miles Davis à la trompette et Max Roach à la batterie –, gravèrent certains des morceaux mythiques tels que Now’s the Time, Billie’s Bounce ou encore Ko-ko.
Une séance légendaire toujours nimbée d’une drôle de controverse quant à savoir qui était exactement au piano et à la trompette : Dizzy Gillespie – et/ou Sadik Hakim – aurait remplacé un Bud Powell absent ici et là.
Bird and Diz
Autre album « clé de voûte » du mouvement bebop que ce Bird and Diz, collaboration mythique entre les deux icônes Charlie Parker et Dizzy Gillespie. Portés par la rythmique Curley Russell et Buddy Rich, batteur de big band venu s’encanailler sur le territoire trépidant du bebop, Charlie et Dizzy délivrent leurs phrasés endiablés, le tout magnifié par quelques solos excentriques d’un imperturbable Thelonious Monk au piano (dont ce sera la seule collaboration avec Charlie Parker), en ce jour du 6 juin 1950.
Charlie Parker with Strings
Le producteur Norman Granz souhaitait-il élargir les horizons de Parker – et augmenter ses ventes – en poussant « Bird » à quitter l’univers frénétique du bebop pour l’amener, l’espace d’un album, sur les terres d’un jazz à l’enveloppe plus traditionnelle, entouré d’une section à cordes classique ?
Ou ces sessions rassemblées sur cet opus Charlie Parker With Strings sont-elles le fruit d’une volonté assumée de la part du saxophoniste ? La question a longtemps alimenté les querelles d’experts. Restent que ces enregistrements se sont imposés depuis comme de véritables chefs-d’œuvre.
The Magnificent Charlie Parker
Initialement publié au milieu des années 1950, The Magnificient Charlie Parker rassemble une grande partie des singles 78 tours enregistrés par Parker pour Clef Records entre janvier et août 1951. Parmi eux, She Rote, Au Privave, Si Si ou encore Schnapps. L’occasion de (re)traverser l’un des cycles les plus créatifs d’un Bird au sommet.
Une folle épopée musicale où l’on croise Miles Davis, Charles Mingus, Gil Evans, Max Roach, Roy Haynes, Kenny Clarke et un jeune John Lewis. À noter également la somptueuse couverture signée David Stone Martin.
Hot House : The Complete Jazz At Massey Hall Recordings
Attention, pièce rare ! Alors que sa santé ne cesse de décliner, Charlie Parker redouble de génie lors de ce qui demeure l’une des plus grandes performances jazz de tous les temps : ce jour de mai 1953, sur la scène du Massey Hall de Toronto sont rassemblées cinq figures emblématiques de la planète jazz.
Outre Parker au saxophone, on y trouve Dizzy Gillespie à la trompette, Bud Powell au piano, Charles Mingus à la basse et Max Roach à la batterie. Un quintet de légende pour une soirée tout aussi légendaire, entre créations revisitées – Salt Peanuts, Night in Tunisia – et standards redéfinis – All the Things You Are.
Bird in Kansas City
Bird In Kansas City, ce sont treize morceaux enregistrés par Charlie Parker entre 1941 et 1951. Deux séries d’enregistrements privés avec des musiciens locaux réalisés pendant les pauses de ses voyages, ainsi que deux titres inédits avec le Jay McShann Band.
Il ne s’agit peut-être pas du meilleur enregistrement d’un point de vue qualité sonore, mais ce Bird In Kansas City constitue un témoignage émouvant lorsque l’on connaît le rapport compliqué que le Bird entretenait avec sa ville natale, entre ségrégation raciale et relations familiales tendues.
Now’s the Time – The Quartet of Charlie Parker
Now’s The Time, c’est ce titre culte composé par Charlie Parker et enregistré pour la première fois en 1945. C’est aussi le titre donné à cet album enregistré entre 1952 et 1953 mais édité à titre posthume en 1956. Un album qui capture Charlie Parker durant l’une de ses périodes d’enregistrement les plus marquantes avec, au programme, des morceaux tels que The Song is You, Laird Baird, Kim ou encore un Chi-Chi aux nombreuses prises alternatives.
De quoi vous donner la pleine mesure des capacités phénoménales d’improvisations du saxophoniste.
Charlie Parker Plays Cole Porter
… Ou Plays Cole Porter. C’est le dernier album studio de Charlie Parker. Il est enregistré à New York en mars et décembre 1954. Une nouvelle initiative de Norman Granz qui, à l’image d’une Ella Fitzgerald traversant les chansons écrites par Richard Rodgers et Lorenz Hart, a proposé à Parker de dédier un album à l’auteur-compositeur Cole Porter, considéré, aux côtés de George Gershwin ou Duke Ellignton, comme l’un des classiques de la musique populaire américaine.
Bird Fire – Tribute to Charlie Parker, Archie Shepp Quintet
Le maître du saxophone ténor et baryton rendant hommage au maître du saxophone alto… Le 25 janvier 1979, au studio Ramsès de Paris, Archie Shepp revisite, en quintet, certains des thèmes les plus célèbres du mythe Charlie Parker : Au Privave, Parker’s Mood, Now’s the Time…
Avec lui, Everett Hollins (trompette), Siegfried Kessler (piano), Bob Cunningham (contrebasse) et Clifford Jarvis(batterie). Plus qu’un hommage à Parker, Bird Fire – Tribute to Charlie Parker est une révérence inoubliable à l’influence inestimable de Charlie Parker sur l’histoire du jazz.
Parker’s Mood, Stefano di Battista
Autre tribute remarquable, celui du saxophoniste italien Stefano Di Battista et de ses acolytes Kenny Barron, Rosario Bonaccorso et Herlin Riley sur ce Parker’s Mood. Du Salt Peanuts en ouverture à l’endiablé Hot House en passant par Donna Lee, Congo Blues et l’inoubliable Night in Tunisia au break légendaire. Tout y est : virtuosité, passion, chaleur. Un bel hommage rendu par l’un des plus fervents disciples du dieu-oiseau.