Annoncé depuis des mois, teasé par le principal intéressé depuis des semaines, « Hurry up Tomorrow », le nouvel album de The Weeknd (et dernier sous ce nom) est enfin disponible depuis le 31 janvier 2025. Avec ce nouveau disque qui sort trois ans après le précédent, « Dawn FM », The Weeknd poursuit l’aventure musicale commencée avec « After Hours » en 2020.
Une fin de trilogie, une fin d’alias (Abel Makkonen Tesfaye reprendra son véritable nom pour la suite), mais aussi une transition importante vers un nouveau chapitre. Avec sa montée progressive tout au long de ses 22 morceaux, Hurry up Tomorrow est bien l’apothéose attendue et espérée.
En 2024, le deuxième artiste le plus écouté au monde – juste derrière Taylor Swift – était The Weeknd. Le chanteur, au sommet de sa popularité depuis quelques années, est une machine à hits. Blinding Lights, Save Your Tears, I Feel it Coming (avec les Daft Punk) ou encore Heartless ont résonné à travers la planète. L’artiste s’est créé un univers propre et, avec ce sixième album studio, il est prêt à passer à la prochaine étape de sa carrière.
Le triptyque, composé d’After Hours, Dawn FM et maintenant Hurry up Tomorrow, est comparé par certains fans à la Divine comédie de Dante pour l’utilisation des thèmes liés à l’enfer, au paradis et au purgatoire. À travers ses trois albums, The Weeknd invite à un voyage sensoriel et hypnotique, puisant dans différents styles musicaux (la soul, la pop, le RnB ou l’electro) et laissant libre cours à son timbre complexe. Hurry up Tomorrow est ainsi du The Weeknd pur jus. L’artiste ne cherche pas la rupture avec ses précédents disques. C’est au contraire dans la continuité des précédents qu’il s’inscrit, avec tout de même une sensation de finalité maîtrisée.
Un medley d’émotions
Dès le début, The Weeknd fait preuve d’une énergie et d’une colère saisissantes. Comme si le chanteur avait besoin de dire le plus de choses possible avant de tourner la page et d’aller vers de nouveaux horizons. Son timbre et son style évoquent différentes émotions. De la colère, de la peur, de la joie… The Weeknd continue de révéler une sensibilité touchante. L’ensemble – surtout à la première écoute – peut en paraître chaotique ou confus.
Tout s’enchaîne en effet sans temps mort et il est parfois difficile de distinguer les titres tant l’approche du chanteur sur l’album est conceptuelle. Des segments de quelques secondes servent parfois de transition et Hurry up Tomorrow invite à y revenir pour en saisir toutes les particularités.
La surprise Lana Del Rey
Les chansons sont construites selon la liberté artistique que s’octroie The Weeknd. Les morceaux, parfois longs, sont pour la plupart inventifs. Le chanteur parvient toujours à ajouter une trouvaille pour rendre le titre intéressant – même dans des morceaux moins réussis, comme São Paulo – avec des changements de rythme, des boucles à répétition qui favorisent l’immersion ou des différences de tonalité. Si Hurry up Tomorrow n’est peut être pas une machine à tubes – seul le temps le dira –, certaines chansons s’imposent instantanément comme des réussites : l’ouverture Wake me Up, Enjoy the Show, Take me Back to LA avec sa vibe venue des années 1990, le psychédélique Big Sleep, ou encore Hurry up Tomorrow qui conclut le disque et referme l’aventure The Weeknd.
Qui dit album conceptuel, dit forcément montée progressive tout au long de l’écoute. Le disque se révèle réellement dans sa deuxième partie, après la mise en bouche des premiers titres qui permettent de retrouver l’ambiance, la musique et le style The Weeknd. Lorsque la colère laisse place à l’apaisement et à la sérénité, Hurry up Tomorrow atteint son apogée. La belle surprise provient également de The Abyss, une balade lancinante qui fait intervenir une invitée de marque : Lana Del Rey. Sur Given Up On Me, il commence le titre en reprenant les paroles d’une chanson de David Bowie, Wild is the Wind. The Weeknd a définitivement bon goût quand il s’agit de rendre hommage.
Poursuivre l’aventure
Bien qu’Hurry up Tomorrow marque la fin de The Weeknd sous cette identité, le chanteur compte bien faire de cette transition un événement. L’album ne sort pas seul. En 2025, l’artiste sera de nouveau en tournée, mais il présentera également un film éponyme, avec notamment Jenna Ortega (la jeune star de la série Mercredi) et l’acteur irlandais Barry Keoghan au casting. Un projet perçu comme une extension de l’album et décrit comme un thriller psychologique.
Hurry up Tomorrow est précisément ce que les fans de The Weeknd attendaient. Un album dans la lignée des deux précédents, inventif, puisant dans tous les styles musicaux qu’apprécie le chanteur. Dense, complexe et poussé, le disque a beaucoup de secrets à révéler. Entre ses hommages, ses invités de luxe – notons également la présence d’Anitta, Travis Scott, ainsi que Playboi Carti – et sa construction conceptuelle, il démontre de la minutie d’un artiste au sommet de sa gloire.
Cet album est aussi la fin d’un voyage entamé il y a plus de dix ans, avec tout l’impact émotionnel que cela implique. Pour la toute dernière fois, The Weeknd se livre et invite à plonger avec lui dans sa psyché avant de « disparaître ». Au revoir The Weeknd, bonjour Abel Tesfaye.
