Pour son 70e anniversaire, la Fnac célèbre son fonds photographique au moyen de Regards, un beau-livre publié aux éditions Gallimard. À cette occasion, la rédaction de L’Éclaireur revient sur quelques-uns de ces tirages qui ont marqué le 8e art. Ce mois-ci, lumière sur l’un d’eux, signé Édouard Boubat, à travers les propos de son fils, Bernard.
En matière de photographie, la Fnac a été précurseur en bien des aspects. Il est donc tout naturel que, pour son 70e anniversaire, l’enseigne ait décidé de mettre l’accent sur cette caractéristique. Après avoir transformé ses magasins en des lieux d’exposition dès 1966, elle fut également pionnière, en France, en inaugurant son propre fonds en 1978. Regards. Un siècle de photographie, de Brassaï à Martin Parr, désormais disponible aux éditions Gallimard, rend compte d’un bel échantillon de cette collection qui couvre l’ensemble du XXe siècle. Parmi les 1775 tirages qui la composent se trouve notamment Le Cerisier en fleurs, Parc de Sceaux d’Édouard Boubat, une image sur laquelle L’Éclaireur a souhaité revenir aux côtés du fils du photographe, Bernard Boubat.
Se laisser porter par ses impressions
Le tirage monochrome donne à voir une jeune femme, l’air heureux, agenouillée sous un cerisier en fleurs. Tout autour, les pétales recouvrent l’herbe fraîche. Quelques-uns d’entre eux, qu’elle vient de ramasser et jeter, virevoltent dans les airs. Elle se fondrait presque à ces fragments de printemps si son habit noir ne contrastait pas avec ce manteau blanc, que notre esprit recolore volontiers d’un rose tendre. Dans ce sillage, nous pouvons imaginer une brise traversant les branches, embaumant l’espace et emportant les éclats de rire sur son passage. Au contact de la peau, le soleil comme les pétales ont la douceur du velours. À mesure que les souvenirs et les rêves s’entremêlent, les projections se multiplient.
Cerisier en fleurs, Parc de Sceaux, 1983. ©Édouard Boubat/Collection photo Fnac
« C’est une photo poétique et pleine d’espoir. La vie et ses évènements, surtout en ce moment, sont tellement durs que cet optimisme fait du bien. Chacun y voit ce qu’il a envie d’y voir. Il suffit d’ouvrir son esprit », souligne Bernard Boubat, qui s’occupe de la diffusion de l’œuvre de son père, Édouard Boubat. Ce dernier se plaisait à laisser le public être porté par ses impressions. « Il y a autant d’histoires que de personnes qui regardent cette image, poursuit notre interlocuteur. J’aime bien le mot “universel”. Peu importe d’où l’on vient, cette scène entre dans le rêve et l’imaginaire. On pourrait en parler des heures et, en même temps, il suffit de la regarder. Elle est riche en émotions. »
Une photographie iconique
Ce n’est qu’après la disparition de l’artiste que son fils apprend plus de détails sur ce cliché. Au moment où il l’a réalisé, Édouard Boubat revenait d’un voyage au Japon, qui l’avait sans doute inspiré. « Elle a été prise en 1983. Il était avec une amie au parc de Sceaux, à l’époque des cerisiers en fleurs. Comme elle était Japonaise, il a voulu tisser un lien avec la tradition des vœux. Ce moment était certainement magique, avec cette pluie de fleurs, précise Bernard Boubat. Cette photo en noir et blanc est très représentative, elle contient toute une partie de l’œuvre de mon père. Il y a toute sa poésie et toute sa puissance. Elle est iconique. »
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Si les amateurs de photographie ont pu contempler Le Cerisier en fleurs, Parc de Sceaux au Salon de la Photo, ils pourront découvrir d’autres œuvres également connues dans le cadre du festival Planches Contact, à Deauville. Jusqu’au 5 janvier prochain, la Fnac y présente Le Siècle des vacances, de la villégiature au tourisme de masse, une exposition de tirages issus de son fonds photographique.