Décryptage

Rééditions : retour sur la légende Cameo

04 octobre 2024
Par Christophe Augros
Rééditions : retour sur la légende Cameo

Parmi les plus prestigieux groupes de funk des années 1980, Cameo avait un style à part, surtout grâce à la voix nasillarde de son chanteur et leader Larry Blackmon. Le groupe a laissé une empreinte profonde dans l’esprit du public et dans celui de nombreux artistes. Des rééditions arrivent dans les bacs. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce groupe !

Cameo : un leader charismatique

Larry Blackmon, bassiste, batteur et chanteur, forme Cameo après ses études à la prestigieuse Juilliard School de New-York. Au départ, le groupe compte pas moins de treize membres qui jouent d’abord sous le nom de The New York City Players. Beaucoup d’humour, aucune barrière musicale et une forte présence scénique font de ce qui devient Cameo un groupe comparable à Parliament / Funkadelic.

La légende traverse l’Atlantique

Créé en 1974 à New-York, Cameo va passer des années à tourner aux Etats-Unis, de grandes villes en petites bourgades, avant de se sentir bien en studio. En France et en Europe, le public amateur de funk découvre Cameo au début des années 1980. Avant cela, seule une poignée d’initiés est au courant de son existence.

Leur premier album Cardiac Arrest voit le jour en 1977. Trois titres font forte impression (Rigor Mortis, Funk Funk, Post Mortem) et ils attirent vite l’attention de groupes confirmés comme les Ohio Players. A cette époque, ils jouent un funk pur avec un acoustique très fort techniquement, basé sur les cuivres et la bass. Quelques succès singles, mais pas de gros succès album.

Il faut attendre la période 1980-1983 pour assister à la réussite de leurs albums. A cette époque, le nom commence à circuler en France chez les initiés. Les albums Cameosis, Feel Me, Knights Of The Soundtable, Alligator Woman et Style en font le premier groupe de funk des deux côtés de l’Atlantique, et pour longtemps. Sur la période, Larry Blackmon, en homme d’affaires avisé, crée son label baptisé « Atlanta Artists ». Sur la période, le groupe passe de treize à quatre membres. Désormais, Cameo sera composé de Tomi Jenkins, Nathan Leftenant, Charlie Singleton et Larry Blackmon.

1985-1990 : Consécration commerciale

1986. Après dix ans d’activité, la réputation du groupe est forte et internationale : le terrain est prêt pour le succès commercial. Word Up marque l’année. Larry Blackmon et son groupe ont trouvé l’équilibre parfait entre acoustique et électronique, sans pour autant perdre de vue le groove et leur public présent depuis le début.

Word up, Candy et Back And Forth sont sur toutes les radios et dans toutes les discothèques, aux USA et en Europe. Une tournée internationale s’ensuit avec un passage par le Zénith de Paris pour un concert mémorable. Cette réussite, Cameo la doit à un sens aigu de l’innovation et à l’utilisation des nouvelles technologies : le Cameo de 1986 n’a plus rien à voir avec celui de la fin des 70’s. Les boites à rythmes et le hip-hop sont allègrement utilisés, mais sans jamais oublier la batterie acoustique ni les sons de basse si chers aux cœurs des fans de la première heure. Le point commun entre les deux périodes : la voix si charismatique de Larry Blackmon et de somptueuses ballades.

Ensuite, Les textes de Cameo sont de plus en plus politisés et engagés : leur musique est bien plus expérimentale qu’auparavant. Real Men Wear Black et Machismo ont moins de réussite. In The Night, titre enregistré avec Maceo Parker et Miles Davis, fait sensation en 1988. Les albums Emotional Violence et In The Face Of Funk seront les derniers à présenter un peu d’intérêt de 1991 et 1994. De son côté, Larry Blackmon devient vice-président de Warner et directeur artistique.  

Productions et influences

Plusieurs chansons seront utilisées par de nombreux artistes, à commencer par le rapper 2pac sur son album All Eyez On Me. Des artistes comme le français DJ CAM feront appel à Larry Blackmon sur leurs albums, mettant à jour leur admiration pour le groupe.

Comme producteurs, on leur doit les albums de Bobby Brown (King Of Stage) ou Barbara Mitchell et Cashflow (Cashflow) entre autres ; ce dernier étant sûrement le plus réussi. Aujourd’hui, il reste de Cameo de superbes lignes de basse, des riffs de guitares assassins, une qualité vocale excellente et la personnalité charismatique de Larry Blackmon. Word up !

Les albums incontournables de Cameo

Les albums Knights Of The Soundtable, Alligator Woman, Style et She’s Strange en font le premier groupe de funk des deux côtés de l’Atlantique et pour longtemps. La revue en détail ci-dessous.

Knight Of The Soundtable (1981) est l’album des titres Freaky Dancing et Don’t Be So Cool. En l’écoutant, vous serez immédiatement embarqués par ce funk pur dominé par basse et batterie, sans machines.

Alligator Woman (1982) compte parmi ses titres Be Yourself, Flirt et Alligator Woman. Ici commence le lien entre Cameo et les nouvelles technologies, lien qui assurera leur succès à grande échelle. Cependant, ce funk pur, intègre et puissant continue de dominer.

Ce qu’il faut retenir de l’album Style (1983), c’est le titre du même nom et sa terrible ligne de bass. A cette époque, le milieu du funk / R&B est en pleine transition avec l’arrivée du rap et de nouvelles machines. Cameo cherche alors la bonne formule pour s’adapter sans perdre son public. Il va la trouver avec les trois albums suivants que sont She’s Strange, Single Life et Word Up.

She’s Strange (1984) regroupe trois titres essentiels : Groove With You, She’s Strange et Talkin’ Out The Side Of Your Neck. Cet album ainsi que le suivant (Single Life, 1985) serviront de laboratoire à leur plus belle réussite commerciale : Word Up.

Nous vous recommadons vivement d’écouter l’édition remasterisée de Cardiac Arrest et We All Know Who We Are !

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Article rédigé par
Christophe Augros
Christophe Augros
Disquaire à Fnac Chambéry
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