Sur les cendres des années 1960, violentes et révolutionnaires, la société américaine entre dans la décennie suivante sur les mêmes bases. Celles-là même qui vont servir de fondations à la culture Hip-Hop dès 1973. DJ, danseurs, rappeurs et graffiti-artistes en sont les quatre éléments. Retour sur 50 ans de culture Hip-hop en deux parties, à commencer par 1973-1989.
1973, année 0
Cette année-là, DJ Kool Herc organise la première fête du genre dans le Bronx, le groupe de danseurs Rock Steady Crew est en place et la toute première exposition consacrée au graffiti est organisée.
1979 Sugarhill Records / 1980 Tommy Boy Records
Enregistrer un rappeur et un DJ, c’est presque gratuit et ça rapporte énormément. Sylvia Robinson, ancien membre du duo soul Sylvia & Mickey, sent bien l’intérêt économique du sujet. Elle voit dans le rap une belle alternative au disco. Résultat, elle signe les Sugarhill Gang sur son label Sugarhill Records fraichement créé. L’impact du titre Rapper’s Delight est énorme et immédiat. Très vite, le label va vendre 17 000 disques par jour. Dans la foulée, Tom Silverman s’engouffre dans la brèche. Il crée le label Tommy Boy Records. Il recrute Arthur Baker, DJ de Boston. En 1982, le titre Planet Rock d’Afrika Bambaataa inonde la planète. Le rap est là. Il est pur et très expérimental. Sa domination sans partage va durer 20 ans. La culture Hip-Hop dans son ensemble avance grâce au rap. Le graffiti explose dans les rues et les métros des grandes métropoles mondiales. Les DJ changent les techniques de mix pour toujours. Des artistes réputés utilisent la danse Hip-Hop sur scène et dans les clips. Cette culture devient un formidable ascenseur social et un vecteur d’espoir incomparable.
Dans les oreilles
Sugarhill Gang – Rapper’s Delight
Afrika Bambaataa – Jazzy Sensation, Looking For The Perfect Beat, Planet Rock
Grandmaster Flash & the Furious 5 – The Message
Kurtis Blow – The Breaks
Pumpkin – King Of The Beat
De cette période, il reste bien peu de traces sur support physique mais la plupart des titres cités ci-dessus sont disponibles sur Deezer.
En France
Une poignée d’individus est contaminée par le virus, à Paris essentiellement. Mais des graines poussent également à Marseille, Toulouse et Lyon, entre autres. Dans l’Hexagone, le graffiti est le relais le plus puissant après New-York. Très vite, des londoniens puis des hollandais et allemands viennent œuvrer dans la capitale française. Des compagnies de danse sont créées, quelques DJ s’essaient aux techniques mises en place par les précurseurs new-yorkais. Pour l’instant, le rap français n’existe pas…
1984 : Cinéma et TV
Cinq ans après l’enregistrement de Rapper’s Delight et face aux énormes bénéfices engrangés par les ventes de disques, cinéma et télévision s’intéressent au phénomène. 1984 est l’année de Beat Street et de Breakin’. En France, la chaine TF1 programme une émission consacrée à cette culture. H.I.P. H.O.P. animée par Sydney chaque dimanche met en valeur la culture dans son ensemble. Graffiti-artistes, danseurs, rappers et DJ apparaissent dans l’émission.
1986 : Def Jam Records
Aux Etats-Unis, un homme crée un label qui change le visage du rap. Russell Simmons met sur pied la maison de disques Def Jam et lance 3 artistes : Public Enemy, Beastie Boys et LL Cool J. Le son du rap change vite. Le nombre de rappers explose tout comme le nombre de labels. Graffiti, danse et DJ sont toujours très visibles. Les précurseurs comme Futura 2000, Seen, Lee, Mode 2, Bando, Jay et d’autres multiplient les œuvres, soit dans la rue, soit en galerie. Des livres consacrés au graffiti font leur apparition tels Subway Art et Spraycan Art. Ils montrent à quel point cette culture s’est globalisée.
1988 : N.W.A. et la côte Ouest des USA
1988 est l’année de l’album Straight Outta Compton des N.W.A. Il change le visage du rap et impose Los Angeles comme un sérieux concurrent du rap new-yorkais. Il faut dire que cette formation compte dans ses rangs les rappeurs Ice Cube, Eazy E., DJ Yella, MC Ren, Arabian Prince et surtout Andre Young alias Dr Dre…
1989 : Spike Lee
Depuis le The Message de Grandmaster Flash en 1982, le rap sert de haut-parleur à la communauté noire afin de transmettre messages sociaux et politiques. Ce rap là est désigné par « Conscious rap ». Public Enemy a pris le relais. En 1989, le réalisateur Spike Lee sort le film Do The Right Thing. Logiquement, Public Enemy figure sur la B.O. avec le brûlant Fight The Power. L’innocence, la spontanéité et la pureté de la culture Hip-Hop s’éloignent de plus en plus. Le rap commence à dominer les autres disciplines.
En France
Si graffiti et danse ont longtemps été des disciplines reines dans l’hexagone grâce aux CTK, TCA, BBC, TCG, Aktuel Force, PCB et d’autres, le rap prend de plus en plus d’ampleur. Des groupes ou individus comme Lionel D., les IZB, New Generation MC’s, Assassin et NTM se concentrent sur cette discipline. Pour l’instant loin des maisons de disques, ils oeuvrent sur Radio 7 à la maison de la radio (Paris) puis sur Radio Nova.
Dans les oreilles
Eric B & Rakim – I Know You Got Soul (Paid in Full)
Ultramagnetic MC’s – Watch Me Now (Critical Beatdown)
Public Enemy – Yo ! Bum Rush The Show, Rebel Without a Pause, Fight The Power
Boogie Down Productions – My philosophy (By all means necessary)
LL Cool J – I Need Love (Bigger and Deffer)
Beastie Boys – Fight For Your Right, The Sounds Of Science (Licensed to Ill)
Big Daddy Kane – Raw
EPMD – You Gots To Chill (Strictly Business)
Dans la partie 2 : l’arrivée du Native Tongue, de Gangstarr, Cypress Hill, Wu-Tang Clan, du label Death Row, de Snoop Doggy Dogg et Dr Dre…