Entre les années funk et le R&B contemporain, un genre domina le marché des musiques urbaines. Il assura une redoutable transition entre des années fastes en voie d’essoufflement et un renouveau baptisé R&B. Le New-Jack Swing domina la période 1987-1996. Son créateur : le jeune Teddy Riley.
Début avec Keith Sweat
Riley a vingt ans en 1987. Cette année-là, il assure la production de l’album Make It Last Forever pour le chanteur Keith Sweat. L’œuvre révolutionne la musique black urbaine. Il a la saveur du funk des années 1980 mais apporte un son neuf sur le titre I Want Her. Rythme ternaire, sons de claviers innovants tout comme le placement des voix assure un succès national puis mondial à Keith Sweat. Un an plus tard, Riley enregistre le premier album avec son trio GUY. La chanson I Like, à nouveau construite sur une rythmique en 3 temps, confirme sa popularité.
Le phénomène New-Jack Swing
Dans la foulée, Teddy devient un producteur très demandé par labels et artistes : Bobby Brown, Today, Wrecks N Effect, Déjà, Zan, Heavy D & the boyz, Al B Sure, Johnny Kemp, Redhead Kingpin & the F.B.I. crew…Teddy Riley impose son style. Sa musique est sur toutes les radios urbaines des Etats-Unis et dans des B.O. de séries TV ou de films. On entend le new-jack swing dans le Cosby Show, dans Campus show, dans le film Do The Right Thing de Spike Lee…Entre 1987 et 1991, c’est le raz de marée. Riley, jeune natif de Harlem, batteur, guitariste, trompettiste et pianiste vient de créer ce que tout le monde attendait : un genre qui convient aussi bien au chant qu’au rap. Fini les frontières entre funk et hip-hop. Le new-jack swing dépoussière la musique noire américaine avec une force incroyable.
Avec Michael Jackson
Le succès est tel qu’en 1991, Michael Jackson fait appel à Teddy pour la conception de son album Dangerous. 7 des 14 titres sont écrits ou composés avec Riley. Jam, Why You Wanna Trip On Me, Remember The Time sont des hits planétaires. Le son Riley permet à Jackson de renouer avec son public noir de base et de regagner une crédibilité dans la rue. Il propulse Teddy dans une autre dimension artistique et financière…
La suite
Après la séparation de son trio Guy, Teddy met en place le groupe Blackstreet. Avec ce quartet, il rend hommage au funk des années 1970 et 1980. Il a grandi avec Gap Band, Zapp, George Clinton, Mtum, Earth Wind & fire et il le fait savoir. De plus, il a débuté grâce à Royal Bayyan des Kool & the gang. C’est ce dernier qui fera le lien avec le financier et producteur Gene Griffin grâce auquel Riley dispose d’importants fonds pour produire ses disques. Le premier album de Blackstreet est donc bourré de références funk. Il utilise par exemple le September des Earth Wind & Fire ou le Juicy Fruit des Mtum. Les chansons U Blow My Mind, Bootie Call, Baby Be Mine, I Like The Way You Work sont partout ! l’album rassemble plusieurs générations. Succès planétaire de l’année 1994. Le succès du 2e opus sera supérieur en 1996 grâce au titre No Diggity.
Les studios Future Recording
Au milieu des années 1990, las de la vie urbaine et le compte en banque bien rempli, Riley s’installe en Virginie et fait construire les studios Future Recordings. Désormais, son camp de base sera là. Il continue la production pour d’autres et s’investit beaucoup dans l’aide aux jeunes talents, avec un certain Pharrell Williams par exemple. D’Angelo, Maxwell et Erykah Badu arrivent avec un autre style marquant l’arrêt brutal et définitif du genre New-jack swing.