Vu d’ici, il est utile de rappeler comment a débuté la culture Hip-Hop dans l’hexagone. Devoir de mémoire et de transmission. Centrée sur trois destins (DJ Dee Nasty, Shen & Joey/NTM, Lady V), la série Arte intitulée Le Monde de Demain s’essaie à l’exercice.
Le Monde de Demain : fidèle aux faits
Et il est ardu tant les intervenants sont nombreux. Exercice difficile aussi car l’exploration du passé est toujours sujet à controverse. La plus grande réussite de la série est d’avoir été réalisée à la lumière de ses acteurs les plus prestigieux. Philip Lehman (Bando, graffiti-artiste historique de la culture Hip-Hop), Jay (B.B.C. / Bad Boys Crew, graffiti-artiste prestigieux et précurseur) et d’autres ont été consultants afin de s’assurer de la fidélité des faits à l’histoire.
Un réalisme impressionnant
Ceux qui ont été acteurs de la culture Hip-Hop à cette époque ne trouveront rien à redire. La série est fidèle aux faits. Les reconstitutions des lieux sont impressionnantes. La ressemblance des acteurs avec les originaux également. Il faut être allé au « terrain vague de la chapelle » ou avoir vu Franck Chevalier pour comprendre à quel point cette série est scrupuleuse. Les réalisateurs ont poussé le vice jusqu’à reconstituer les couloirs du siège Sony du temps où il était Avenue de Wagram avec un réalisme juste incroyable. Il en va de même pour l’état des studios de Radio Nova après le passage des rappers ! Même le comportement de Bando avec sa mère est fidèle aux faits. Hallucinant je vous dis !
Quelques révélations
Bien sûr, il y a des oublis. Certains précurseurs de la culture Hip-Hop sont absents. Mais on apprend beaucoup sur les personnages. Kool Shen était destiné par son père à devenir footballeur, Lady V avait été abandonné par son père, Dee Nasty avait séjourné aux Etats-Unis… Même ceux qui les ont côtoyés ignoraient ces faits. Il y avait déjà eu plusieurs films sur le Hip-Hop aux Etats-Unis. Beat Street était axé sur le graffiti, Breakin’ sur la danse. Le Monde de Demain a le mérite de bien montrer toutes les disciplines de cette culture (graffiti, danse, DJ, rap) avant que le rap n’éclipse tout le reste.
Si elle se base sur le parcours de quatre personnes, la série rend également hommage à leurs proches ou à d’autres acteurs dont le rôle a été majeur. Nous penserons ici aux IZB (Incredible Zulu Bboys de crazy Jm ) dont sortira un certain DJ Cut Killer, par exemple. Mais aussi à Solo, futur membre du duo Assassin avec son acolyte Squat / Mathias Cassel, qui tient une place prépondérante dans cette série, fidèle à celle qu’il a tenu dans les faits.
Enfin, Le Monde de Demain met merveilleusement en lumière le rôle essentiel d’ascenseur social de cette culture. DJ Cut Killer (fondateur du Double H et producteur), Angelo (PDG de Live Nation), Sydney, Joey, Shen (NTM), Dee Nasty, Lady V… Qu’auraient-ils fait sans le hip-hop ? on peut se poser la question. Mais c’est un fait, cette culture a été une fantastique porte d’entrée vers une passion dévorante, source de réussite et de succès. Et tant mieux !
Pour en savoir plus sur le Hip-Hop
– Maï Lucas Hip Hop Diary of a fly girl : Sa proximité avec le graffiti-artiste Bando et avec les NTM ainsi que ses qualités de photographe ont permis la réalisation de ce superbe livre.
– Get Busy L’anthologie de l’ultime magazine : Sear, proche des IZB (Incredible Zulu B.Boys) et de Queen Candy a vécu la construction de la culture Hip-Hop en France depuis ses débuts. Toujours avec une plume acérée et un esprit des plus critiques. Son magazine en est le reflet.
– Hip-Hop en France : une histoire
Sélection idéale rap 1983-1990
Avant que le rap français devienne une réalité sur vinyle, les acteurs du monde de demain écoutaient ces artistes :
Run D.M.C., Whodini, Grandmaster Flash, B.D.P., Public Enemy, Eric B & Rakim…