Depuis son lancement à la fin des années 1990, le label BPitch Control, fondé par Ellen Allien, incarne le renouvellement profond dont la musique électronique a bénéficié à Berlin. La maison de disques, à travers son histoire, a ainsi produit des artistes majeurs comme Sascha Funke, Paul Kalkbrenner, Modeseletor, Apparat ou plus récemment Rosa Anschütz.
BPitch Control : une création d’Ellen Allien
à Berlin avant la chute du Mur, Ellen Allien part vivre un an à Londres en 1989. À l’époque, la capitale anglaise n’a d’oreilles que pour la musique électronique, et en particulier l’acid house : la jeune berlinoise est très impressionnée par ce son. À son retour en Allemagne, elle est atteinte du virus : dès 1992, à l’ouverture du premier grand club techno à Berlin, UFO, elle devient DJ, spécialisée dans l’electro, et glane petit à petit les emplois comme résidentes, notamment au Trésor et à l’E-Werk. Également animatrice radio et vendeuse de disques, Ellen Allien perce dans ce joyeux underground berlinois des nineties. Au milieu de la décennie, elle lance un petit label, Braincandy, mais des soucis de distribution empêchent la bonne marche de cette structure. En 1999, elle crée les soirées Pitch Control, d’énormes sets de techno minimale et d’electro dans des hangars et autres sites industriels. Souhaitant que les fêtards puissent repartir avec quelques souvenirs discographiques des événements, la DJ décide d’éditer des mixs et des titres passés à cette occasion… Et fonde ainsi BPitch Control.
Electroclash, minimale et développement : la success-story BPitch Control
Au début du millénaire, un courant entier se développe en Europe, basé sur l’influence de l’electro originelle des DJ hip-hop (comme Afrika Bambataa) mêlée de touches electro-pop et techno : on parle alors d’electroclash. Avec son caractère expérimental, Ellen Allien est la première artiste berlinoise à s’emparer véritablement du genre, et en assume les principaux traits sur ses deux premiers albums, Stadtkind et Berlinette, publiés par BPitch Control.
Les artistes qui ont rejoint le label se mettent, eux aussi, à fusionner les genres, avec autant d’apports house, techno que hip-hop. Aussi, Paul Kalkbrenner, Sascha Funke et Toktok créent en premier le son BPitch Control. Bientôt, le label se fait connaître dans la techno minimale, à travers l’album Sool d’Ellen Allien, ou la b.o. de Berlin Calling, film consacré à l’envers de la scène berlinoise et dans lequel Paul Kalkbrenner tient le rôle-titre.
C’est par ses signatures des années 2000 que la maison de disques prend encore une autre ampleur, avec des artistes d’horizons voisins qui obtiennent un grand succès. Modeselektor, avec leur approche minimaliste et inspirée du rap, sort des disques qui éloignent l’electro des clubs, comme Hello Mom! et Happy Birthday. Ce duo inventif croisera, au sein de BPitch Control, le destin d’Apparat, collaborateur d’Ellen Allien, avec lequel ils fondent Moderat, dont le premier album, Moderat, deviendra un disque culte de l’electro moderne.
Un label underground mais populaire
Entre les remixes, les singles, et bien sûr les albums, BPitch Control a étoffé d’année en année son catalogue. Demeurée, par essence, un label underground, la structure accueille des artistes en pleine ascension. Douglas Greed (Driven, techno-house), Joy Wellboy (Wedding, electro-pop), ou cette année Rosa Anschütz (Goldener Strom, techno expérimentale) témoignent de la variété de genres auxquels le label accorde des signatures, en restant accessible au plus grand public par son ouverture d’esprit !