Avec le disque Yungblud, Dominic Harrison aka Yungblud ajoute un troisième album à sa discographie. L’occasion d’entendre l’évolution d’un punk aux accents de rappeurs (à moins que ce ne soit l’inverse) qui transcende la pop britannique d’aujourd’hui. Retour sur la carrière d’un jeune homme pressé.
Des débuts fracassants
King Charles, I Love You, Will You Marry Me, Anarchist… Dès son premier E.P., Yungblud se démarquait par sa grande liberté d’esprit. Capable d’enchaîner brulot ska évoquant Roméo et Juliette à l’heure des réseaux sociaux, critique frontale du prince Charles et confession politique en mode folk-punk, le garçon séduisait très rapidement un large public. Et en particulier les adolescents, qui se sont reconnu dans l’urgence des paroles du MC, tout autant que dans ses arrangements sans barrière. Enfant du Yorkshire, Dominic Harrison se révèle un jeune turbulent, en raison notamment d’un trouble de l’attention avec hyperactivité. Mais il développe rapidement une appétence pour les arts et la politique, qu’il concrétise d’abord en étant acteur puis en débutant la composition de musique. Repéré par le label Locomotion et la maison Geffen, il met en chantier son premier album en 2018. 21st Century Liability devient aussitôt le disque de référence pour toute une génération. Yungblud y évoque sans ambages les troubles mentaux (Psychotic Kids, Medication), la société (21st Century Liability), l’altérité (Kill Somebody). Brassant hip-hop – par son flow -, folk, pop et punk, le jeune homme cartonne et sa participation à la B.O. de la saison 2 de 13 Reasons Why l’aide à conquérir le public juvénile de cette série très populaire.
Yungblud, chanteur bien entouré
En 2019, Yungblud apparaît sur un titre d’Halsey, alors sa compagne, baptisé 11 Minutes. Les deux stars prolongent leur collaboration au-delà de leur idylle, et l’artiste britannique multiplie également les featurings et les associations. Après un trio avec Marshmello et Blackbear, le prodige met en boîte son deuxième album, Weird!, sur lequel il invite notamment Dan Reynords d’Imagine Dragons ou encore le rappeur Machine Gun Kelly. Cet opus, plus mature, le voit assumer les différentes facettes de sa personnalité, chacune aboutissant à une chanson. S’offrant un tube international avec Parents, Yungblud prenait là définitivement son envol.
Une voix d’aujourd’hui
À 25 ans désormais, Yungblud appartient aujourd’hui à une classe d’artistes capables de donner des concerts à guichets fermés en Europe et en Amérique. Son nouvel album, Yungblud, consacre cette stature : les premiers titres révélés de ce troisième opus sont autant de tubes fédérateurs en puissance. Don’t Feel Like Feeling Sad Today renoue presque avec l’esthétique emocore des années 1990, quand The Emperor et son riff lourd, ressemble à du Prodigy sauce 2022… À la charnière de tout ce que notre époque produit « à la marge », Yungblud se pose comme la voix d’une nouvelle génération, adepte du shuffle et consciente de son identité profonde !
