Si Microsoft a réussi à s’en sortir pour le CES de janvier 2001 grâce au charisme et à l’humour de The Rock, la sortie se rapproche, et Xbox n’a toujours rien annoncé en termes de jeux. La quête de la perle rare peut commencer.
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Le premier des trois événements capitaux de l’année en matière de communication est passé. The Rock a assuré le show et fait comprendre à tout le monde que la Xbox ne serait pas un produit aussi sage que sa maison mère Microsoft. Si ce tour de manche a su amoindrir les réticences de la presse spécialisée, le grand public ne sait toujours pas à quoi il va jouer, sur cette fameuse nouvelle console. Les équipes se fixent alors deux objectifs majeurs pour les deux événements suivants : annoncer des jeux à l’occasion de la Gamestock, et dévoiler une version définitive et fonctionnelle de la Xbox à l’E3.
Bien évidemment, le temps de développement nécessaire pour un jeu vidéo ne laissait pas beaucoup d’options à Microsoft, à quelques mois de la sortie. Il va donc falloir se tourner vers les studios de développement actuellement au travail, pour les convaincre de sortir leur titre sur la Xbox, et si possible en exclusivité. Côté développeurs, si la première démonstration technique de la console et de ses outils de développement était très encourageante, le risque d’échec reste assez important. Si la console ne se vend pas, les jeux seront durs à rentabiliser.
Les plus gros studios ne sont donc pas vraiment emballés à l’idée de tenter l’aventure Xbox. En revanche, l’opportunité semble parfaite pour certains petits studios, notamment pour ceux qui restent sur un échec. Rockstar Games, le petit studio dirigé par les frères Sam et Dan Houser, voit le deuxième opus de sa série, GTA 2, subir un bel échec commercial malgré le joli succès du premier épisode. Ridiculisée par la 3D de Driver, sorti la même année, la franchise GTA va devoir passer un cap techniquement pour continuer à exister.
Mais forcément, ce cap technique va coûter cher. Rockstar tente alors sa chance auprès de Microsoft, en leur proposant, moyennant les finances nécessaires pour développer un beau jeu en 3D, d’offrir l’exclusivité à Xbox pour GTA 3. Plutôt emballé au départ, Kevin Bachus, en charge des relations avec les studios chez Microsoft, invite Sam Houser à venir présenter le jeu devant tous les cadres de l’équipe Xbox.
Et malgré l’enthousiasme du fondateur de Rockstar Games, l’équipe Xbox n’y croit pas. Le passage de la 2D à la 3D semble trop compliqué, et rien n’a encore été pensé en ce qui concerne l’interface utilisateur. Xbox refuse, et passe donc à côté de l’un des jeux les plus révolutionnaires de l’histoire du média. GTA 3 sort en octobre 2001, et s’impose tout de suite comme un carton sans précédent. Avec six millions d’exemplaires vendus en quelques mois, Rockstar vient de créer un nouveau genre, le GTA-like, et fera de sa franchise l’une des plus rentables de l’histoire du divertissement. Dommage.
Oddworld et Halo pour sauver la mise
Avec GTA, on ne peut pas dire que Xbox a eu le nez creux. Heureusement pour la jeune équipe, d’autres studios sont tentés par l’aventure. C’est d’abord Lorne Lanning qui frappe à la porte. Jeune développeur talentueux, il vient de sortir ses deux premiers jeux Oddworld sur Playstation. L’occasion est donc trop belle de récupérer une franchise qui a déjà eu son petit succès, tout en l’arrachant des mains de son principal concurrent. D’autant que les arguments de Lorne Lanning sont parfaits en termes de marketing. Il juge que la PS2 n’est pas assez puissante pour les ambitions de son troisième jeu : Oddworld : Munch’s Odyssey. Banco, le jeu est validé pour faire partie de la line-up de lancement de la Xbox.
Mais pour vraiment s’imposer comme un nouvel acteur sérieux sur le marché des consoles, Microsoft a besoin d’une nouveauté forte. Et comme il fallait être au bord du désespoir pour se tourner vers le projet Xbox, le studio Bungie était un excellent candidat. Alors qu’il avait rencontré un immense succès avec son jeu Myth, Bungie doit faire face à un terrible scandale à l’occasion de la sortie de Myth 2, la suite du premier opus. Un bug de programmation efface les disques durs de milliers de joueuses et de joueurs au moment de l’installation du jeu, sans retour en arrière possible. A une époque ou le concept de patch à télécharger est encore très méconnu, la nouvelle fait mal, et les ventes du jeu dégringolent.
Mais les équipes de Bungie restent motivées, notamment grâce à un autre projet en développement : Halo. Pour Microsoft, Halo a le potentiel de porter la Xbox à sa sortie. Pourtant, on parle ici d’un FPS, soit un genre rigoureusement réservé aux PC. Quake, Doom, Counter-Strike, à l’époque, tous les FPS les plus connus ne se pratiquent qu’avec un clavier et une souris, dans un climat pour le moins compétitif. Avec Halo, Microsoft veut prouver que le FPS peut aussi très bien marcher sur console.
Microsoft rachète donc entièrement le studio, afin de les sauver de la faillite, mais aussi et surtout pour tenter le coup Halo. Lors de la Gamestock, Xbox présente plusieurs titres attendus dès la sortie, dont le nouveau Oddworld, et décide de clôturer sa conférence en montrant les premières images de Halo. Un développeur de Bungie fait une démonstration sur scène, et veille à garder les mains le plus tournées vers l’audience possible, pour prouver à tout le monde qu’il est possible de jouer à un FPS avec une manette dans les mains.
Ce deuxième événement est donc encore une réussite pour Xbox. Mais la console ne s’est toujours pas montrée, et le rendez-vous quelques mois plus tard pour l’E3 s’annonce véritablement décisif pour Microsoft. Rendez-vous au prochain épisode…
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