Vous ne comprenez pas pourquoi tout le monde parle de ce film ? Vous ne connaissez pas cette fameuse réplique ou n’avez pas vu cette incroyable scène ? Pas d’inquiétude, chaque mois on vous aide à y voir plus clair et on vous explique pourquoi c’est culte. A l’occasion de la sortie de Buzz L’Eclair, prequel de Toy Story, on revient sur le chef d’œuvre qui a placé Pixar au premier rang de l’animation américaine !
Toy Story c’est quoi ?
Dans le monde de Toy Story, les jouets sont doués d’une vie propre. Ils s’animent quand aucun humain ne les regarde. Dans le premier film Toy Story, le shérif Woody (Tom Hanks) est le chouchou de son propriétaire Andy jusqu’au jour où il fait l’acquisition de l’astronaute Buzz l’éclair (Tim Allen). Dès lors, les deux jouets entrent dans une compétition furieuse pour être le favori de l’enfant, ce qui les entraîne dans une aventure folle, sous les yeux effarés des autres jouets. Réalisé en 1995 par John Lasseter, alors à la tête des tous jeunes studios d’animation Pixar, Toy Story se suit comme une émouvante et picaresque histoire enrobée de nostalgie : sur le temps qui passe et l’appel à l’imagination que les jouets d’enfance instillent en chacun de nous.
Le meilleur des deux mondes
S’inspirant de la grandeur visuelle style Disney, les jeunes studios Pixar ont toutefois la volonté de puiser également dans les Studios Ghibli, reconnus pour l’écriture brillantissime de leurs personnages (Lasseter a permis la diffusion du Voyage de Chihiro aux Etats-Unis). Avec une armée de sept scénaristes, la plupart appelés à une grande carrière comme Pete Docter (Là-haut, Vice-Versa) et Andrew Stanton (Le Monde de Némo, Wall-E), ils vont construire des jouets à la dualité rafraîchissante, bardés de défauts, joyeusement énervants, ce qui permet aux vagues d’émotion de surgir avec d’autant plus d’impact.
Manifestement inspirés par l’opéra de Maurice Ravel L’Enfant et les Sortilèges, suivant la revanche de jouets et objets inanimés sur leur propriétaire capricieux, les jouets de Toy Story sont écrits avec complexité et nuance. La réécriture de Joss Whedon (Buffy contre les Vampires, Avengers), notamment sur Buzz, Rex et Bo Peep, a permis au film d’acquérir une identité plus méta, et à disserter d’autant mieux sur la fin de l’innocence, thème cher à Pixar. Buzz doit ainsi comprendre qu’il n’est qu’un jouet, et que Woody doit partager les affections d’Andy. Toy Story 2 étend ce concept à la peur panique de l’abandon et la possibilité d’être adopté par un collectionneur. La fin de Toy Story 3 étendra le tout à l’ensemble des personnages, alors qu’Andy, ayant bien grandi, n’a plus besoin de ses jouets. Tandis que Toy Story 4 agit comme un passage de témoin. La richesse thématique et le succès commercial du film initial a permis à Toy Story d’être l’une des plus populaires franchises du cinéma d’animation.
L’influence de Toy Story
Le triomphe de Toy Story a permis à Pixar de rivaliser de créativité en exploitant un thème unique aux variations riches : la vie fantasmée d’objets, de créatures de notre quotidien ou de notre panthéon imaginaire. Que ce soient les monstres d’enfance de Monstres & Cie, les voitures de Cars, les robots de Wall-E, les morts de Coco, les superhéros des Indestructibles… Ces derniers temps, Pixar est devenu plus métaphorique et plus international, faisant un tour du monde du folklore de plusieurs pays hors USA. Mais le parcours de l’âme post-mortem dans Soul ou les règles des femmes prenant la forme d’un panda rouge géant dans Alerte rouge… sont en fait d’autres déclinaisons de la recette.
Sans égaler leurs modèles absolus du Studio Ghibli, la narration de Pixar résulte souvent plus avancée et audacieuse que Disney. Mêler des réflexions humanistes et philosophiques, parfois destabilisantes, sous les traits d’aventures bigarrées est bien la marque de fabrique de Pixar, même après son rachat par Disney. Il y a bien eu un avant et un après Toy Story. L’aventure se poursuit en 2022 avec Buzz L’Eclair, qui raconte la véritable histoire du personnage.