Ces personnages ont changé l’image de la femme au cinéma. Elles ont marqué les esprits par leur singularité, leur courage, ou encore leur charisme. Nous revenons aujourd’hui sur le personnage de Clarice Starling, jeune recrue du FBI jouée par Jodie Foster, qui doit passer une épreuve du feu pour arrêter un serial killer dans Le Silence des agneaux.
Qui est Clarice Starling ?
Clarice Starling a eu une enfance difficile : née dans une ville rurale en Virginie de l’Ouest, son père est assassiné par un voleur et sa mère se révèle incapable de l’élever seule. Elle s’enfuit et trouve refuge dans un orphelinat, non sans avoir été témoin dans sa fuite de cris d’agneaux amenés à l’abattoir, vision qui la hantera longtemps (le « silence des agneaux » du titre). Après plusieurs jobs, elle rentre au FBI. Au moment où Le Silence des agneaux commence, Clarice Starling est encore en formation quand son supérieur Jack Crawford lui assigne sa première mission : arriver à faire parler le Dr. Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), serial killer psychologue cannibale à l’intelligence aiguë, maintenant en prison. En effet, Hannibal Lecter est le seul à pouvoir aider le FBI à appréhender Buffalo Bill, un serial killer de femmes qui les dépouille de leur peau. Au fur et à mesure de l’enquête du Silence des agneaux, Hannibal Lecter apparaît comme un mentor inhabituel pour Starling, auquel il voue une certaine affection en dépit de sa psychopathie sanguinaire. C’est le début d’une longue et terrifiante enquête pour Clarice Starling, qui plonge dans un maelstrom de violence, de cruauté, de gore et de folie.
Dans Le Silence des agneaux, Clarice Starling est jouée par Jodie Foster, elle demeure son incarnation la plus célèbre. Le rôle sera repris ensuite par Julianne Moore (Hannibal) et Rebecca Breeds (Clarice).
Clarice Starling : la détermination tranquille
Bien qu’elle soit encore en formation, Clarice Starling dénote déjà de puissantes capacités d’empathie qui lui permettent de forcer les confessions d’Hannibal Lecter, criminel imprévisible. Si elle est désarçonnée par sa connaissance de la nature humaine, elle sait en tirer parti. Clarice Starling sait aussi profiter d’avoir l’initiative sur cette affaire pour s’endurcir et parvenir à exister en tant que femme dans une équipe d’hommes souvent sexistes.
Le tempérament de femme d’action de Clarice Starling éclate lors du climax de film, féroce duel dans l’obscurité contre le terrible criminel qui la traque. Elle mobilise des ressources exceptionnelles et survit à l’ordalie finale, pouvant maintenant entrer définitivement au FBI après cet exploit.
En tant que « bleue », Clarice n’est pas à l’abri de failles. Malgré son apparente timidité, elle montre ainsi un certain excès dans ses propres facultés qui la pousse à commettre des erreurs avec Hannibal. Malgré son choix de carrière, elle n’est pas encore sensibilisée à la violence qui l’attend dans son métier et est souvent atteinte quand elle en est témoin. La bienveillance de Jack Crawford et son apprentissage non conventionnel avec Hannibal Lecter lui permettront de reconnaître ses qualités d’action tout en se détachant de ses « mentors ».
L’importance de Clarice Starling
Considérée comme le meilleur personnage féminin du cinéma par l’AFI (aussi n° 6 des personnages de fiction juste derrière des figures prestigieuses comme Indiana Jones et James Bond), et l’une des plus influentes héroïnes de fiction tout court, Clarice Starling a fait beaucoup pour celles qui lui suivront. 2 ans avant la Dana Scully des X-Files, Clarice Starling était un portrait rare à l’écran de working girl réaliste des forces de l’ordre. Que Foster ait été envisagée pour jouer Scully avant de faire un guesting vocal dans la série n’est pas étonnant. La modernité du personnage créé par Thomas Harris et parfaitement transposée par le scénariste Ted Tally se retrouve à l’écran, transcendée par la précision du jeu de Jodie Foster, qui trouve là son plus grand rôle. Assumant une imagerie féminine mais en habits masculins, à la force tranquille, sachant dégainer à l’occasion ses techniques d’action et son don d’observation, Clarice Starling est devenue le modèle à suivre pour bien d’héroïnes et de femmes.
En coulisses, on peut également se poser des questions sur la relation de Clarice Starling avec Ardelia Mapp, très en « sous-texte », même si le film n’explicite jamais la sexualité de Clarice. Le sous-texte lesbien demeure (que Jodie Foster soit lesbienne ne fait qu’ajouter à cette proposition). Le réalisateur Jonathan Demme réalisera l’année suivante Philadelphia, film important dans la reconnaissance des droits LGBT+, ce qu’on peut voir comme une suite logique, même si Le Silence des agneaux fut accusé de transphobie par la caractérisation de son antagoniste (pourtant non-trans).
Surmontant ses défauts de jeune recrue, tirant le meilleur de ses mentors avant de tracer sa propre voie, gagnant ses galons de femme d’action efficace, désormais prête à saisir le monde dans toute sa violence cruelle, Clarice Starling aura bien arpenté l’un des plus réussis parcours d’apprentissage.