Le trope de l’Elu est commun en fantasy. Harry Potter en est cependant un digne représentant : leader malgré lui, à la puissance magique moyenne, c’est sa croissance morale au fil d’un coming-of-age turbulent qui en fait la valeur. Portrait d’un des Survivants les plus iconiques de la littérature.
Qui est Harry Potter ?
Harry Potter est le fils de James et Lily Potter, deux sorciers assassinés par Lord Voldemort, mage noir qui cherchait à tuer leur fils après qu’une prophétie lui ait appris qu’il pouvait être l’instrument de sa chute. Par miracle, le sortilège de mort lancé par Lord Voldemort ricoche sur le bébé d’un an sans le blesser – si ce n’est une cicatrice en forme d’éclair – et l’atteint, le réduisant à une sorte d’esprit faible, errant mais complotant son retour. Harry est élevé par sa tante et son oncle « moldus » (ils n’ont aucun pouvoir magique) qui le maltraitent par haine de la magie. Son calvaire cesse à onze ans quand le géant Rubeus Hagrid, Gardien des Clés de Poudlard, l’école britannique de Magie, lui apprend son histoire et ses pouvoirs. Héros éponyme de la saga littéraire Harry Potter en 7 tomes, Harry Potter est joué au cinéma par Daniel Radcliffe.
Durant sept années (chaque année fait l’objet d’un film, sauf le dernier en deux parties, dans la saga cinéma), celui qu’on nomme « Le Survivant » est accompagné de ses deux meilleurs amis, Ron Weasley et Hermione Granger. Sous le mentorat d’Albus Dumbledore, directeur de l’Ecole au passé trouble, ils apprennent la magie. Ensemble, ils tentent de contrecarrer les multiples dangers qui l’attendent dans l’école (dont le moindre n’est pas sa rivalité haineuse avec Drago Malefoy), et surtout les plans de Lord Voldemort et de ses sbires, les mangemorts. Plus les années s’écoulent, plus Harry Potter en apprend sur le monde des sorciers, et entrevoit peu à peu le terrifiant plan ultime de son némésis, à longue portée.
Comment évolue Harry Potter ?
Enfant maltraité de faible constitution à ses débuts, Harry Potter révèle très vite son courage dès son entrée à Poudlard, lui valant entre autres d’être envoyé dans la maison Gryffondor, dont c’est la qualité principale. C’est par cette qualité qu’il va se muer progressivement en aventurier pugnace (il n’hésite jamais à combattre, dédaigne les règlements et est curieux de tout ce qu’on lui cache), au tempérament de leader. C’est notamment le cas dans le cinquième volet, Harry Potter et L’Ordre du Phénix, où il dirige une fronde d’élèves contre une dictature puis une mission suicide au ministère de la Magie. Il est également le cœur du trio qu’il forme avec Ron et Hermione, et maintient leur amitié quand elle est mise en péril. Au fur et à mesure qu’il gagne en leadership et en force, Harry Potter doit se confronter aux trompeurs appas du pouvoir mais aussi aux coups de destin les plus brutaux envoyés par Lord Voldemort, toujours actif dans son exil. Mais Harry Potter doit aussi gérer les passions de l’adolescence, ses accès de révolte, de colère, d’impuissance face à un monde sur le point de devenir fou. Le sixième tome, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, est sans doute celui qui se rapproche le plus du style young adult.
Le troisième volet, Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban, voyant l’introduction du parrain renégat d’Harry : Sirius Black, amène un changement étonnant dans cette saga pour la jeunesse, par son ton plus adulte. A partir du quatrième volet, J.K. Rowling n’hésite pas à commencer à tuer des personnages bien-aimés, assombrissant considérablement la saga, jusqu’au dernier tome, récit d’une guerre sanglante. De même, le portrait d’Harry se teinte de gris, le héros sans peur et sans reproche des débuts commet des erreurs, cède à l’impatience. Sans tomber dans l’évolution terrible d’un Rand Al’Thor dans La Roue du Temps, Harry doit non seulement lutter contre les forces extérieures, mais aussi les conséquences de ses propres choix, parfois sans retour. Il s’accroche alors aux valeurs de loyauté, d’amour, d’humilité, pour s’empêcher de sombrer.
Pourquoi Harry Potter est-il si important ?
Alpha et Omega du cycle, Harry Potter incarne une certaine pureté d’esprit troublée par la tragédie, les échecs, la mort, et d’une manière mineure, les hormones. De fait, il est assez proche de Garion, le héros de La Belgariade, suite solaire de fantasy où un jeune élu parcourt le monde et se maintient à ses valeurs d’enfance contre les forces maléfiques. Harry Potter, malgré son enfance brisée, est une leçon de résilience car il nous est présenté dès le départ comme un être généreux, d’amour et d’empathie. Il ne s’autorise que quelques écarts amoraux que ses compagnons de lutte se chargent de redresser. Le contraste avec Tom Jedusor alias Lord Voldemort, le personnage le plus proche d’Harry par son histoire, ses facultés, ses affinités avec Poudlard, se montre efficace. Au jeune public, Harry Potter est aussi un salutaire rappel qu’il n’est pas nécessaire d’être le « meilleur » dans tous les domaines : moins intelligent qu’Hermione, moins connaisseur du monde des sorciers que Ron, moins spontané que Neville Londubat, il n’en est pas moins le grand héros de la saga. Un modèle à suivre, malgré ses erreurs.