Tu sais que c’est de Stromae quand…

… tu ne sais pas si c’est de la pop, du classique, de la variété ou autre chose

La production musicale de Stromae est aussi variée que riche. On sent que c’est du Stromae quand on écoute mais difficile de dire dans quel genre musical on est embarqué. Il est influencé par toutes sortes de genres que ce soit le classique, la pop, la variété, les sonorités latines ou la musique africaine. Il ne se cantonne pas à un genre et a une approche plurielle et riche de la musique qui refuse l’assignation. Le single Ave Cesaria de l’album Racine carrée est une ôde à l’artiste cap verdienne Cesaria Evora. Il emprunte les sonorités caractéristiques du pays natal de la chanteuse situé sur le continent africain. 

… la musique est à la fois enjouée et mélancolique

Stromae chante sa misère personnelle et celle de l’humanité. Il le fait dans un rythme enjoué, presque joyeux. On peut pleurer et danser sur sa musique. La misère est enveloppée d’une apparence joviale et colorée. Sa musique rassemble et au lieu de s’apitoyer sur son sort il y a une invitation à l’expression corporelle et vivante des sentiments. C’est constatable dès son premier hit Alors on Danse dans lequel un employé de bureau fatigué et déprimé s’en va danser pour oublier ses problèmes. Cette chanson évoque la routine et la tristesse sur fond de musique électro dansante. C’est aussi vrai dans son nouveau hit L’enfer où il parle de ses pensées suicidaires et de sa dépression. On ne peut pas qualifier cette chanson d’être joyeuse mais ce n’est clairement pas une balade triste. Il y a une volonté de sublimer la peine. 

… c’est coloré et esthétiquement étrange

Les clips de Stromae sont colorés et vivants. Papaoutai est une musique qui parle de l’absence d’un père. Le protagoniste principal est un petit garçon blessé par l’absence de son père. Ce clip si triste n’est pas accompagné de noir ou de gris, au contraire tout est coloré avec des couleurs vives comme le jaune, le vert ou le rouge. Il y a un jeu esthétique certain qui encadre tous les clips du Maestro. Il chante la misère comme personne et c’est d’autant plus prenant dans ces univers fluorescents et étranges dans lesquels il nous invite. 

… il y a de la danse

Toutes les productions graphiques de Stromae célèbrent la danse. Les danses sont aussi sublimes, qu’inquiétantes. Il a des influences diverses dans ce cas là aussi que ce soit le ballet, la rumba congolaise, le break dance ou la danse électro. La danse est aussi une façon d’exprimer encore mieux les émotions faute de trouver les mots. Les danses qui accompagnent ses compositions sont à la fois désespérées et pleines d’espoir. Ce paradoxe est récurrent dans la production de Stromae. C’est visible dans le clip de son single Santé ou les protagonistes dansent au son de cette musique qui célèbre les employés de service souvent ignorés ou méprisés. 

… le nom de la chanson est particulièrement énigmatique

On peut s’attendre à tout avec Stromae, son premier album s’intitule Cheese, son dernier single  se nomme L’enfer, et un autre s’intitule Moules Frites. On est souvent surpris en entendant ce que cachent ces titres mystérieux ou comiques. Ce sont des titres en apparence simples mais qui se révèlent être des chefs d’œuvre musicaux sans pareils comme Formidable. Le titre est bien trompeur car en réalité, Stromae se met en scène dans la peau d’un alcoolique plein d’amertume. Son nouvel album Multitude a aussi un nom énigmatique. Le nom Multitude peut faire référence à la multitude des tranches de vies explorées pour créer cet album. Il se met dans la peau d’agents d’entretien, d’une prostituée, d’un enfant, d’un Dom Juan malheureux. Cela peut aussi faire référence à la multitude des pensées qui l’assaillent et qui nourrissent sa dépression. Et bien évidemment, Multitude pour la diversité des cultures musicales dont il s’inspire dans ce disque, qu’elles soient brésiliennes, africaines, ou encore chinoises.