Pas une année ou presque sans que François Ozon signe un nouveau long métrage. Le dernier en date, Quand vient l’automne, est en salles depuis le 2 octobre et met en scène Hélène Vincent, Josiane Balasko et Ludivine Sagnier, dans une comédie dramatique sur fond familial. A l’occasion de cette sortie, revenons sur le cinéma d’Ozon et sur sa capacité à aborder des thématiques difficiles, sans que cela ne soit jamais pesant. Décryptage.
Des premiers films provoquants
Dès ses débuts, François Ozon impose un univers singulier, flirtant parfois avec le film de genre. Ses courts-métrages des années 1990 ont le parfum du soufre, à l’image de son premier long, Sitcom, comédie dérangeante à la Pasolini. Clamant ouvertement son homosexualité, il traite de la sexualité et du genre, imposant un climat licencieux et vénéneux avec Les Amants criminels ou encore avec Gouttes d’eau sur pierres brûlantes. Mais, ce qui est certain, c’est que son cinéma ne laisse indifférent ni les critiques, ni le public – de plus en plus curieux de découvrir ses œuvres qui bousculent l’ordre établi. Par la suite, Ozon renouera régulièrement avec ses premiers amours, dans des thrillers d’où exalte toujours le stupre, à l’instar de Swimming Pool ou L’Amant double.
Des castings de haute volée
Peu à peu, de grands noms acceptent de participer à ses films. Charlotte Rampling illumine Sous le sable et Ozon réunit le casting féminin le plus important du cinéma français dans 8 Femmes : Deneuve, Ardant, Huppert, Béart… Elles sont toutes là – ou presque – et le film dépasse en France les 3,5 millions d’entrées. Dès lors, Ozon alterne entre films grand public – mais toujours atypiques – et films d’auteur plus pernicieux, dans lesquels se pressent les stars françaises.
Gérard Depardieu joue de son image dans Potiche ; Alexandra Lamy donne naissance à un ange dans Ricky ; Fabrice Luchini se trouble pour un jeune adolescent dans le thriller Dans la maison ; Romain Duris se travestit dans Une nouvelle amie ; Pierre Niney parle en allemand dans Frantz… Et Sophie Marceau, souvent demandée par le réalisateur, a enfin accepté de tourner sous sa direction. Dans Tout s’est bien passé, l’actrice donne la réplique à André Dussollier.
Des thématiques sociétales
Si François Ozon ne se départit jamais d’un humour décalé – y compris dans ses drames – il aborde de front des sujets grinçants, parfois difficiles d’accès et pas forcément propices à engranger des entrées. L’homosexualité ou la découverte de la sexualité est une de ses thématiques récurrentes (jusqu’au récent Été 85). Il traite du deuil des personnes âgées dans Sous le sable, de la fin de vie dans Le Temps qui reste, questionne le genre dans Une nouvelle amie et aborde la prostitution estudiantine dans Jeune et Jolie…
Il obtient ses lettres de noblesse avec son film le plus sobre à ce jour et l’un des plus douloureux, Grâce à Dieu, traitant de la pédophilie dans l’Église, inspiré de l’affaire Preynat. Il poursuit ensuite en traitant de l’euthanasie – qui fait toujours débat – avec la comédie dramatique Tout s’est bien passé. Dans ce long métrage adapté du livre éponyme, un père demande à ses filles de l’accompagner en Suisse pour qu’il puisse mourir décemment. Le film sera sélectionné lors du Festival de Cannes de 2021.
Quand vient l’automne
Dernier long métrage en date du cinéaste, Quand vient l’automne, sélectionné cette année pour le Festival international du film de Saint Sébastien, se genre en tant que comédie dramatique. Le film se penche sur une famille ou plutôt sur le secret de celle-ci. Michelle (Hélène Vincent), une grand-mère aimante et joviale habite la Bourgogne en compagnie de son amie Marie-Claude (Josiane Balasko). A la Toussaint, sa fille Valérie (Ludivine Sagnier) et Lucas, son petit fils, viennent la visiter. Durant le séjour, un malheureux incident se produit, engendrant pour Michelle, l’impossibilité de revoir son petit fils. Un long métrage aux allures de thriller énigmatique qui nous montre que le cinéma d’Ozon n’a pas fini d’oser.