Décryptage

Droit de cité pour le cinéma français

27 août 2021
Par Lucie
Droit de cité pour le cinéma français

Présenté hors-compétition à Cannes, BAC Nord de Cédric Jimenez est une nouvelle pierre à l’édifice quadrillé des films de cité, tout comme son cousin Les Misérables de Ladj Ly, Prix du Jury en 2019. Devenu un genre en soi, avec ses codes et ses détournements, le film de cité oscille entre violence et humour, à l’image de celui qui l’a initié, La Haine de Mathieu Kassovitz.

Un genre violent

1995. Un film coup de poing dans la droite lignée des films américains nerveux à la Friedkin ou au Scorsese des grands jours, bouleverse le ronronnement du cinéma français. Un jeune acteur et réalisateur est aux commandes, Mathieu Kassovitz et il met en lumière un Vincent Cassel au crâne rasé, qui profite des émeutes dans la cité des Muguets, pour s’affirmer. La Haine, tourné en noir et blanc, parrainé par Jodie Foster pour sa sortie américaine, obtient trois César, dont celui du Meilleur Film. Un nouveau genre de cinéma vient de naître, énervé, violent, radical, celui des cités.

LA-HAINE-FINAL

Il sera rapidement suivi par toute une série de films où la banlieue menace d’exploser, où tous les coups sont permis, où les affrontements sont de mise, comme dans des westerns modernes. Kassovitz récidive avec Assassins, avec Michel Serrault, Jean-François Richet sort Ma 6-T va crack-er avec Virginie Ledoyen, Jacques Audiard remporte la Palme d’or 2015 avec Dheepan et Ladj Ly repart avec un Prix du Jury pour Les Misérables, adaptation de son court-métrage éponyme. 

Bac Nord

A la rentrée 2021, c’est Cédric Jimenez qui nous embarque dans BAC Nord, avec Gilles Lelouche, François Civil et Adèle Exarchopoulos dans les rôles principaux. Si le casting peut paraître surprenant de prime abord, c’est un carton en salles et les critiques ne tarissent pas d’éloges. Le film raconte une histoire inspirée de faits ayant eu lieu en 2012 dans les quartiers nords de Marseille, et jusqu’où une brigade peut aller dans la violence.

Un genre féminin

divines

Et même quand ce sont des femmes qui en sont les protagonistes principales, ghetto, rejet et violence sont encore au cœur de films sociétaux bouleversants. C’est Céline Sciamma qui remet de la féminité dans un monde trop masculin avec Bande de filles, qui obtiendra le Prix Lumières en 2015. Mais c’est aussi et surtout Divines, qui reprend tous les codes du film de cité masculin pour le féminiser. Houda Benyamina traite de la montée en puissance de la jeune Dounia, qui a soif de réussite et qui se détourne du chemin tout tracé pour devenir dealeuse. Le film obtient la Caméra d’or en 2016 et trois César, dont celui du Meilleur Premier Film et du Meilleur Espoir Féminin pour Oulaya Amamra. Cette dernière remet un pied en banlieue pour Le Monde est à toi de Romain Gavras, aux côtés d’une Isabelle Adjani pétillante en reine de HLM.

Un genre comique


la vie scolaireComme tout genre qui se respecte, le film de cité subit lui aussi ses détournements. Et peut parfois être le terrain de jeu de comédies sociales ou débridées. C’est le cas avec Neuilly sa mère ! de Gabriel Julien-Laferrière, où le jeune Sami passe de sa cité de Chalon-sur-Saône à un hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine. C’est aussi Les Kaira de et avec Franck Gastambide, où trois amis d’enfance d’une cité de Melun vont tenter de devenir acteurs pornographiques. Ou encore dernièrement La Vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir traitant du quotidien de jeunes collégiens en Seine-Saint-Denis. Le film de cité est décidément un genre pluriel, comme celles et ceux qui le composent.

Article rédigé par
Lucie
Lucie
rédactrice cinéma sur Fnac.com
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